Jane Schoebrun est un.e cinéaste américain.e œuvrant depuis peu dans le monde du cinéma, notamment avec son premier long-métrage We’re All Going to the World’s Fair, jamais sorti en France, mais plutôt remarqué outre-Atlantique pour ses qualités visuelles et scénaristiques. C’est cette année, en 2024, que Schoebrun fait son grand retour au cinéma, à Sundance (pour la seconde fois, la première ayant été lors de l’édition virtuelle de 2021), avec son deuxième film long : I Saw The TV Glow. Plébiscité par tout un pan de la critique américaine, ce nouveau film est arrivé chez nous par les voies du Champs-Elysées Film Festival, à l’occasion de trois séances, dont l’une a laquelle nous avons pu être présents.

Mais, avant toute chose, de quoi nous parle cette nouvelle réalisation ? Owen est un adolescent qui survit tant bien que mal à sa vie monotone et vide de sens lorsqu’une élève de son collège l’invite chez elle pour lui montrer une mystérieuse émission TV nocturne ; et la vision d’un monde surnaturel, au-dessous du leur. Baignée dans la lumière pâle de l’écran TV, la frontière entre réel et fiction commence à se fissurer au moment où Maddy, l’élève en question, disparaît sans laisser de traces…

Touchant, tendre mais âpre

I Saw The TV Glow contient tout d’abord une esthétique riche, aux prises de vues jamais majestueuses mais toujours très chiadées, dans une certaine simplicité qui n’enlève en rien la qualité photographique de certains plans qui restent admirablement construits, notamment dans le rapport à l’écran entre nos deux protagonistes. C’est aussi et surtout dans les néons, déjà quelque peu employés dans We’re All Going To The World’s Fair, que réside la beauté du tout, Schoenbrun offrant quelques jeux de couleur bienvenus et très jolis, tels qu’un plan sur un camion de glace ou un autre sur nos deux protagonistes où leurs visages sont calmes et où ils ont chacun une couleur différente pour les éclairer. Mais, au-delà de cette simplicité couplée à cette efficacité visuelle, c’est l’émotion que le récit engendre qui le sort des clous, I Saw The TV Glow étant un film qui a le blues et qui n’hésite pas à transmettre son mal au travers de personnages sensibles ne semblant être que des fantômes dans leurs existences, qui errent sans jamais réellement oser s’échapper ou, du moins, jamais de la façon la plus positive. Car, même si l’on peut l’interpréter de plusieurs manières, il semble inconcevable que la fin soit totalement optimiste, Schoenbrun choisissant le verre à moitié ou complètement vide, brassant une conclusion assez nihilistes où les protagonistes meurent – métaphoriquement ou non – qu’ils osent ou pas. Mais tout cela ne serait pas possible sans les interprétations, très souvent sur le fil, de Justice Smith et Brigette Lundy-Paine (qui arrivait aussi à sauver à sa façon le très médiocre Amelia’s Children), qui forment un duo très attachant.

I Saw The TV Glow est un film bien joli, tant dans ses quelques prouesses esthétiques que dans ses aboutissements scénaristiques, ce qui en fait plus qu’un teen movie bateau, auxquels certains pouvaient s’attendre.

Note : 3.5 sur 5.

I SAW THE TV GLOW. De Jane Schoenbrun (USA – 2024).
Genre : Drame, Fantastique. Scénario : Jane Schoenbrun. Photographie : Eric Yue. Interprétation : Justice Smith, Brigette Lundy-Paine, Ian Foreman, Helena Howard, Lindsey Jordan… Musique : Alex G. Durée : 100 minutes. Film découvert lors du Champs-Elysées Film Festival 2024, sans distributeur pour le moment.

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