Marjana Satrapi est une cinéaste franco-iranienne tant autrice de bandes dessinées que réalisatrice de longs-métrages notamment renommée pour sa BD en quatre volumes Persepolis, qu’elle adaptera plus tard au cinéma, aidée par le belge Vincent Paronnaud (le féroce, quoique manquant de fulgurances, The Hunted) avec qui elle co-réalisera une autre auto-adaptation : Poulet aux prunes. Et voici que cette année, dix ans après sa sortie initiale, l’Étrange Festival nous ressort le film qui avait ni plus ni moins remporté le Grand Prix de la manifestation désormais trentenaire lors de sa sélection à l’époque : The Voices. Et c’est via la carte blanche de la cinéaste française Coralie Fargeat (le jouissif et engagé Revenge) que le métrage est de nouveau présenté au Forum des Images. Celui-ci nous raconte l’histoire de Jerry Hickfang, employé dans une usine de baignoires, qui tombe amoureux d’une de ses collègues. Il commence une relation avec elle, mais finit par la tuer accidentellement. Schizophrène, Jerry croit entendre son chat et son chien lui parler. Il obéit aux conseils de l’un d’entre eux et continue à tuer…

Parfaitement hilarant et inopinément profond

Que c’est drôle, du début à la fin, de voir Jerry totalement hors du monde, lorsqu’il prend la parole de façon importune lors d’une réunion de travail, d’une sortie dans un dinner ou lors du meurtre d’une de ses collègues. Les dialogues sont lancés avec une telle fluidité qu’il serait presque impossible de ne pas rire même dans des moments d’un profond glauque, cela étant notamment dû à l’interprétation de Ryan Reynolds qui, s’il n’habitait pas dans un bowling coupé du monde, a tout l’air du voisin sympa, avec ses grands sourires et son attitude détendue. De plus, les effets spéciaux sont particulièrement convaincants, même lorsque les animaux parlent – en numérique donc – le rire ne partant jamais dans de la moquerie du film, mais bel et bien toujours avec lui.

Et pourtant, The Voices n’est pas qu’une comédie, loin s’en faut, c’est même un drame particulièrement âpre et analytique sur la schizophrénie de son protagoniste, notamment dans les flashbacks, bien entendu, mais surtout lors d’une scène d’une horreur du réel lorsque le personnage décide de reprendre ses cachets et qu’il se retrouve seul, sans un diable sur une épaule et un ange sur l’autre. Satrapi offrant ici le portrait d’un protagoniste fêlé mais sans jamais tomber dans certains stéréotypes faciles. Une réussite que l’on ne peut que chaleureusement vous recommander.

Note : 3.5 sur 5.

THE VOICES. De Marjane Satrapi (USA – 2014).
Genre : Horreur, Comédie. Scénario : Michael R. Perry. Photographie : Maxime Alexandre. Interprétation : Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver, Ella Smith… Musique : Olivier Bernet. Durée : 104 minutes. Film découvert lors de l’Étrange Festival 2024, disponible en DVD/VOD.

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