
Sept années après sa Folle Nuit Russe, Anja Kreis fait son come-back dans la discrétion la plus totale, son premier film ayant fait si peu d’entrées dans les salles françaises qu’il n’eut, par la suite, même pas le droit à une sortie a minima en VOD. Pourtant, son second long-métrage, Les Âmes Propres, intrigue plus que d’autres lorsqu’on lit le catalogue de la trentième édition de l’Etrange Festival. Et, justement, pourquoi ? Car le film nous est décrit comme suivant le récit d’une professeure de philosophie présentant aux étudiants le concept de la mort de Dieu. Sa sœur, gynécologue réputée, qui lui rend visite, est mandatée par le gouvernement pour réduire le nombre d’avortements dans la ville et a notamment comme patiente une femme disant porter l’Antéchrist
Il est assez difficile d’aborder Les Âmes Propres sans avoir une pointe d’énervement ou être carrément hors de soi tant ce qui nous est donné à voir ici est purement anti-cinématographique sur tous le points et que la promesse initiale ne débouche sur rien. A un point où l’on a envie de sortir de la salle tant c’est une fumisterie innommable et un amas complètement difforme d’immondices en tout genre.

L’anti-cinéma
Déjà, le b-a-ba technique n’est même pas respecté ici, le son ayant parfois de sacrés problèmes, les micros semblant inexplicablement étouffés sur certains instants, les dialogues aussi par la même occasion. Le métrage continue sur cette lancée avec, justement, des dialogues et, plus globalement une écriture bâclés de bout en bout, déjà car ça s’enchaîne très confusément (à un point où certains festivaliers trouvaient le synopsis mensonger sur certains aspects alors qu’absolument pas), le découpage étant construit d’une manière bien trop nonsensique. Le film se voudrait pamphlet philosophique sur le conservatisme de la Russie, dû notamment à la religion, mais sans finesse aucune, là où Anja Kreis se croit subtile avec une certaine outrecuidance sacrément agaçante. Pour donner un exemple parmi tant d’autres : une scène avec une grand-mère clamant qu’elle est presque heureuse que sa fille soit morte en accouchant au lieu d’avorter. L’idée est bien entendu d’aborder les volontés divines et leurs absurdités , mais c’est tellement maladroit que l’on ne peut que souffler de dépit. Et puis, la confusion est entretenue par l’enchevêtrement de sous-intrigues qui se veulent réflexions philosophiques (l’étudiant croyant ou la fameuse mère de l’antéchrist), pour un résultat n’apparaissant que comme la prétention d’une cinéaste dénuée de talent. Qui plus est, les acteurs et actrices ne sont pas super, surjouant les trois quarts du temps. En conclusion, une très grosse déception et, par-dessus tout, un métrage d’anti-cinéma, il était assez difficile d’imaginer qu’Elyas puisse avoir un concurrent pour le titre de plus grosse purge de l’année, et pourtant, celle-ci semble pleine de surprises.
LES ÂMES PROPRES (Fără suflet). De Anja Kreis (Moldavie – 2024).
Genre : Drame, Horreur. Scénario : Anja Kreis. Photographie : Eugeniu Dedcov. Interprétation : Dana Ciobanu, Mariya Chuprinskaya, Epchil Akchalov, Maria Stepanova… Durée : 95 minutes. Film découvert à l’Etrange Festival 2024, sans distributeur pour le moment.

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