
Natalie Erika James est une cinéaste australo-américaine à qui l’on doit notamment le film Relic, sorti il y a quatre ans et qui nous proposait une horreur gériatrique inspirée de la maladie d’Alzheimer. La réalisatrice nous revient cette année dans un projet compliqué, une tâche ardue, celle d’offrir un film préquel à Rosemary’s Baby, intitulé Appartement 7A. Ce n’est pas la première fois que l’on s’attaque à étendre l’univers initié par Roman Polanski en 1968. Une suite sous forme de téléfilm est apparue en 1976 sous la direction de Sam O’Steen, tandis qu’une mini-série remake était développée en 2014. Cette préquelle abandonne le personnage de Rosemary pour se concentrer sur Terry Gionoffrio, une danseuse brièvement apparue dans l’original, dont le destin va petit à petit être bouleversé par ses voisins, les Castevet…
Loin d’être du niveau de son plus personnel et plus singulier Relic, ce nouveau métrage n’est pas pour autant mauvais. Il y a une atmosphère plutôt bien faite, qui essaye de se rapprocher de celle de Rosemary’s Baby et qui, malgré qu’elle en soit fortement éloignée dans son efficacité et dans la terreur qu’elle distille, reste plutôt honorable grâce à quelques petites choses en commun avec l’original, atténuées ici mais bien présentes, telles que des coups d’éclats dans les scènes de danses qui rappellent l’inquiétante étrangeté que l’on retrouvait dans le film de Polanski. Ce qui faisait le sel de l’original et que l’on retrouve fatalement ici, il y a aussi la musique d’Isobel Waller-Bridge, concluante sans atteindre pour autant la maestria de Krzystof Komeda.

Impersonnel et inutile… Mais pas dénué d’intérêt !
Malgré toutes les similitudes avec l’original, ce qui dessert Appartement 7A est bel et bien son statut de préquelle, offrant par moment l’aspect « train fantôme » assez cliché du cinéma d’épouvante actuel, à des années lumières de la terreur sourde et non-démonstrative provoquée par Rosemary’s Baby. Par exemple la séquence du lave-linge ou du monstre de diamant, qui sont diablement réussies, mais qui déconcertent rapport au métrage de Polanski et n’apportant strictement rien à l’univers dépeint dans le film original. Un geste d’extension de la mythologie qui serait de toute manière inutile puisque le film de 1968 se suffisait à lui-même, mais le sacro-saint dollar en a décider autrement. Ce côté film d’horreur simpliste est renforcé par la mise en scène impersonnelle de Natalie Erika James, très aseptisée et qui, malgré sa justesse, ne dégage rien, contrairement à Relic. A noter cependant que Julia Garner est vraiment incroyable dans le rôle principal, gérant les émotions à la perfection et servant complètement certaines scènes plus intenses. Un film inutile mais pas inintéressant dans sa trajectoire, suivant une danseuse maudite hantée par les membres d’une secte peu recommandable, jusqu’à un final glaçant d’efficacité qui pourra peut-être satisfaire votre soirée d’Halloween.
APPARTEMENT 7A (Apartment 7A). De Natalie Erika James (USA – 2024).
Genre : Horreur. Scénario : Natalie Erika James, Christian White, Skylar James. Photographie : Arnau Valls Colomer. Interprétation : Julia Garner, Dianne Wiest, Kevin McNally, Jim Sturgess, Marli Siu, Rosy McEwen… Musique : Isobel Waller-Bridge. Durée : 106 minutes. Film disponible en VOD et sur Paramount+.

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