Au XVIIe siècle, à l’époque de la Dynastie Ming – Fong Sau-Ching, membre de la Garde royale, a pour mission de capturer Fung San, autrefois son ami. Lorsqu’il parvient à le débusquer, un combat âpre s’engage entre les deux hommes, au cours duquel ils finissent par chuter dans un lac gelé. Trois siècles plus tard, des archéologues retrouvent lors d’une expédition les corps parfaitement conservés des deux combattants et parviennent à les ramener à la vie. Pour regagner leur époque, Fong Sau-Ching et Fung San devront retrouver deux reliques, le Bouddha de jade noir et la Roue du Temps… et s’adapter au Hong Kong du XXe siècle.
La saveur ludique des films de Hong-Kong des années 80 et 90 n’a plus aujourd’hui son pareil. Avec Les Guerriers du Temps, c’est une bouffée de cet air frais d’époque qui nous revient plein les narines. Avec ses atouts et ses faiblesses. Atouts parce qu’on l’on y retrouve cette audacieuse naïveté inhérente à la production grand public de l’archipel HK, une énergie folle et une volonté de cohérence dérisoire, ainsi, évidemment, qu’un savoir-faire indéniable dans les scènes d’action, aux chorégraphies folles, inversement proportionnelles à un humour assez peu fin. Car le volet comédie représente une large partie du film qui nous intéresse ici. Sur un postulat assez peu original de personnages qui font irruption dans le futur, le film enchaîne ainsi les péripéties et les gags cocasses. A ce titre, l’utilisation des toilettes ou des interrupteurs ne sont pas sans évoquer Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré sorti en 1993, soit quatre ans plus tard ! Ce comique du décalage, fait du héros un protagoniste en marge du XXe siècle, bien qu’il s’y acclimate sans aucun problème. Idem pour sa némésis, qui incarne le volet négatif en violant tout ce qui passe à sa portée. Clarence Fok et ses scénaristes Johnny Mak et Stephen Siu imaginent donc cette confrontation dans le futur plutôt alléchante sur le papier.

Les Visiteurs du passé
Le film s’appuie et c’est une vraie force, sur un casting quatre étoiles composé de Yuen Biao, star du cinéma d’arts martiaux (Zu, les guerriers de la montagne magique, Le Marin des mers de Chine), qui compose un héros fortiche mais un poil ingénu. Face à lui, Wah Yuen (Dragons Forever, Crazy Kung-Fu) en fait des turbo-caisses dans un rôle de méchant emblématique dont il a le secret, même si, ici, assez borderline dans ses motivations. Quant à Maggie Cheung, on ne la présente évidemment pas (L’Auberge du Dragon, In the Mood for love), capable de tout jouer, elle livre ici une prestation toute en espièglerie et légèreté.
Hadicap principal, Les Guerriers du temps souffre d’une longueur un peu démesurée en rapport de son contenu, plus de deux heures, c’est tirer sur la corde… Ca ne joue pas non plus toujours très bien, mais ça reste dans les standards des productions hong-kongaises de l’époque. Dans sa grande générosité et son absence totale de complexe, le film n’a aucun garde fou et déroule ses scènes passant sans transition du combat au sabre médiéval à la comédie pure contemporaine, en passant par le fantastique assumé. Et c’est évidemment ce que l’on aime par dessus tout dans ce cinéma de la liberté totale. La direction artistique, les costumes et les effets visuels ont, certes, pris un petit coup de vieux. Mais il se dégage de l’ensemble un véritable charme qui opère toujours, comme un acte de nostalgie, avec ses bons et ses mauvais côtés. Une petite friandise ludique et jubilatoire, rien de plus, qui vient nous rappeler l’immense bouffée d’air frais qu’était le cinéma HK.

LES GUERRIERS DU TEMPS (Gap tung kei hap). De Clarence Fok (Hong Kong – 1989).
Genre : comédie, action, fantastique.
Scénario : Johnny Mak et Stephen Siu.
Photographie : Hang Sang Poon.
Interprétation : Yuen Biao, Maggie Cheung, Yuen Wah, Tai Po, Elvis Tsui…
Musique : Wing-leung Chan.
Durée : 127 minutes.
Distribué en vidéo par Le Chat qui Fume (décembre 2024).
Le Blu-ray du CHAT QUI FUME. Servie par une magnifique illustration signée Tony Stella, l’édition du Chat qui fume présente le film sous ses meilleurs auspices, qui plus est dans sa version (trop) longue taiwanaise. Image remasterisée, nettoyée de quasiment tous ses défauts, couleurs éclatantes et contrastes plus nets. La piste sonore est une version en mandarin DTS HD Master Audio 2.0 qui assure correctement le spectacle. Au rayon bonus, le spécialiste du cinéma asiatique Julien Sévéon, habitué des éditions du Chat qui Fume, propose une évocation très complète du réalisateur Clarence Fok (24′). L’autre module de la section bonus est plus ancien, puisqu’il s’agit d’une interview de Yuen Biao. Un témoignage précieux, présenté dans une qualité d’image assez médiocre (archive oblige).

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