

Yorgos Lanthimos est certainement le réalisateur grec le plus en vogue ces dernières années, ayant commencé à réaliser quelques longs-métrages dans son pays natal avant de partir au Royaume-Uni en 2015 avec The Lobster, Mise À Mort Du Cerf Sacré et La Favorite. C’est aussi l’un des réalisateurs actuels que je préfère. Nous allons traiter aujourd’hui de Canine, troisième film de sa période grecque, présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard en 2009 où il en remporta le prix principal. Canine conte l’histoire d’une famille composée des parents, de deux filles et un fils, l’aîné. Les enfants ne sortent jamais de la maison, n’ayant en rapport avec l’extérieur qu’une femme venant satisfaire les besoins de l’aîné. Ils ne pourront s’en aller que lorsque l’une de leurs canines tombera.

Déviance Drolatique & Pertinente
La caméra de Yorgos Lanthimos est très glaciale, s’appuyant sur des plans fixes très propres à lui sur des choses à première vue quelconques. Il filme ses personnages avec un œil assez neutre mais leur personnalité est bien établie. Ce ne sont que des humains formatés par ce que leur a appris leur figure paternelle qui ne sont que dans la compétitivité qu’on leur a appris. Le film traite du patriarcat avec subtilité et absurdité en essayant d’éloigner ses enfants de la violence du Monde (ce qui est assez toxique comme prétexte) en les emmenant en plein dedans puisque la brutalité règne tout le temps. Le métrage peut aussi être considéré comme un coming-of-age que Lanthimos tourne en sa faveur, car le cinéaste réinvente et ne se laisse pas faire face a la « normalité » du cinéma. L’absurdité et la froideur drolatique sont aussi assez présentes dans le film. Dès la scène d’introduction, l’humour est bien trouvé (la définition des objets) dans des scènes ahurissantes (lorsque le père revient le t-shirt en sang) et où le rire perturbe le spectateur dans ce microcosme dérangeant. Yorgos Lanthimos ne se laisse pas faire par les codes, étant d’une radicalité puissante, de sa mise en scène jusqu’à son humour. Cela aidé par un casting juste et adroitement dirigé par Lanthimos, comme il le fera encore plus tard, en amenant ses acteurs dans des directions bien autres que leur propre jeu habituel, pour faire ressortir leur froideur et leur inémotivité (un peu à la manière de Osgood Perkins avec The Blackcoat’s Daughter ou encore I Am The Pretty Thing That Lives In The House). Canine est certainement le meilleur film de Yorgos Lanthimos à l’heure actuelle, dépassant largement l’entièreté de sa période américaine et se plaçant dans une froideur implacable, une drôlerie géniale et une subtilité rare. Regardez le, le film est disponible en DVD et VOD. Car, même ceux qui sont réfractaires au cinéma de Lanthimos y trouveront sûrement une certaine fascination pour les propositions du réalisateurs.
CANINE. De Yorgos Lanthimos (Grèce – 2009).
Genre : Comédie, Drame. Scénario : Yorgos Lanthimos & Efthymis Filippou. Interprétation : Christos Stergioglou, Hristos Passalis, Angeliki Papoulia, Mary Tsoni, Anna Kalaitzidou… Musique : Leandros Ntounis. Durée : 98 minutes. Disponible en DVD chez Potemkine Films.

Répondre à [Critique] PAUVRES CREATURES de Yorgos Lanthimos – Obsession B Annuler la réponse.