

Francisca Alegría est une réalisatrice chilienne ayant démarrée sa carrière en 2010 avec quelques courts-métrages. En 2017, elle reçoit le Prix du jury du court-métrage de la Fiction Internationale à Sundance pour son court-métrage Y Todo el cielo cupo en el Ojo de la vaca muerta, qui sera à l’origine de son premier long-métrage : La Vache Qui Chantait Le Futur. Ce dernier conte l’histoire de Cecilia, une chirurgienne à la ville qui doit revenir précipitamment avec ses deux enfants à la ferme familiale où vivent son père et son frère dans le sud du Chili. Au même moment, des dizaines de vaches sont frappées d’un mal mortel et la mère de Cecilia, disparue depuis plusieurs années, réapparaît mystérieusement…

Envoûtant, attachant et magique
Dès, le début, le film distille une aura étrange et mystérieuse. La mise en scène de Francisca Alegría enveloppe ses paysages et ses personnages parfaitement, dans des moments magiques et hors du temps (la scène où tout le monde se met à rire sans raison). Une mise en scène qui varie les plans larges suivant les pas des personnages, avec des plans de la faune et de la flore entre autres ; Alegría enjolivant le tout avec un véritable talent de mise en scène. L’approche de la cinéaste est renforcée par la bande-son du Français Pierre Desprats (le film étant une co-production chilienne et franco-allemande), envoutante et étrange lorsque l’on entend les chants intérieurs des animaux (la scène où les vaches « chantent »). Il offre quelque chose de presque enivrant, comme à son habitude lorsqu’il fait la bande-son des films de Bertrand Mandico (Les Garçons Sauvages, Conann) notamment. Le film s’inscrit dans le genre du realismo mágico, dont les racines littéraires et picturales ont émergé au début du XXème siècle, avant d’embrasser désormais aussi le genre cinématographique. Celui-ci montre l’irréel/l’étrange comme quelque chose d’habituel ou commun. Et ça fonctionne, on est plongé dans cette ambiance onirique qui, malgré le manque de budget de certaines scènes, est plus que crédible (le film employant parfois les CGI d’une façon extrêmement passe-partout). Les personnages, eux, n’ont pas beaucoup de développement mais ne tombent jamais dans le cliché, c’est avant tout une histoire de famille touchante et attachante. Alegría se concentre sur beaucoup de choses et se perd quelque peu par instants dans ses thématiques, mais affiche une certaine sincérité quand elle aborde des thèmes puissants, comme la nature et l’écologie avec assez de subtilité pour faire comprendre sans forcer et imposer son message, dans des scènes assez fortes émotionnellement. Le tout porté par un casting prodigieux comptant dans le rôle principal Leonor Varela, tout simplement pleine d’émotions dans une subtilité de jeu remarquable. Elle est épaulée par une Mía Maestro (vue dans Les Liens Maudits où elle était assez médiocre, sûrement à cause de la direction d’acteurs), ici étonnante et superbe, dans un rôle mutique qui ne l’empêche pas de retranscrire ce ses émotions. De leur côté, Enzo Ferrada et Laura Del Río, dans le rôle des enfants, sont plus que crédibles. En bref, La Vache qui chantait le futur est une fable réaliste qui enveloppe son tout de magie, avec une certaine beauté cinématographique. A noter que Francisca Alegria serait a priori réalisatrice du futur film Alba, adaptation du roman de Federico García Lorca : La Maison de Bernarda Alba, après une première version cinématographique en 1987. Le film de Alegría devrait avoir Camila Mendes à son casting et LuckyChap Entertainment (société de Margot Robbie) à la production ; à voir ce que cela donnera, Obsession B suivra cela de près.
LA VACHE QUI CHANTAIT LE FUTUR (La Vaca que canto una cancion sobre el futuro). De Francisca Alegría (Chili – 2022).
Genre : Drame, Fantastique. Scénario : Francisca Alegría, Fernanda Urrejola, Manuela Infante. Interprétation : Leonor Varela, Mía Maestro, Alfredo Castro, Marcial Tagle, Luis Dubó, Enzo Ferrada, María Velasquez, Laura del Río… Musique : Pierre Desprats. Durée : 99 minutes. Distribué par Nour Films (26 Juillet 2023).

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