

Alex van Warmerdam est un cinéaste néerlandais assez méconnu au-delà des frontières ouest-européennes, voir même celles des Pays-Bas. Réalisateur de comédies noires, on lui doit notamment Les Habitants, Grimm ou plus récemment Borgman. Ce dernier était d’ailleurs le premier film néerlandais depuis 1975 à figurer en compétition officielle à Cannes. En 2021, la première mondiale de son nouveau film N°10 (le métrage étant le dixième film de Warmerdam) se fait. Deux ans plus tard, il sort en France, mais de quoi parle-t-il ? Günter, trouvé dans les bois en Allemagne à l’âge de quatre ans, a grandi dans une famille d’accueil. Une quarantaine d’années plus tard, il gagne sa vie comme acteur de théâtre, passe du temps avec sa fille Lizzy, a une liaison avec une femme mariée. Lorsqu’un homme sur un pont lui chuchote un mot étrange à l’oreille, il commence à s’interroger sur ses origines.

Théâtral, nébuleux et invraisemblable
Dès le départ, le métrage fait preuve d’un humour noir assez détonant et frappant de par, aussi, une certaine absurdité. Le mélange noir-absurde se fait plutôt bien et arrive à faire rire de par son caractère fortement nonsensique. Le film démarrant comme un drame de théâtre assez noir mais un brin « téléfilmique » sur les bords pour se diriger vers la comédie de science-fiction « mindfuck » avec un réalisateur qui semble ne pas savoir ce qu’il fait (présent lors de la projection, il bafouillait et était peu sûr de lui lorsque le public demandait des explications sur certains points), le faisant juste avec brio ce qui, en soit, est une réussite. Il y déploie une mise en scène assez proche de ses personnages, sûrement pour rendre l’ensemble tangible lors de l’impressionnant changement de ton. Cela ne fonctionne pas complètement, mais le film séduit par ses protagonistes très bien construits sans que l’on sache pendant plus d’une demi-heure, qui est le personnage principal. Peu à peu, le film vire vers quelque chose de vraiment délirant tout en gardant ce côté dramatique et théâtral, Alex van Warmerdam évoque le monde du spectacle (et d’autres thématiques) mais d’une façon tellement nébuleuse que les interprétations possibles sont innombrables. Les acteurs offrent des performances réussies, apportant magistralement les émotions avec un calme assez perturbant qui pourra parfois faire rire. Pour terminer, la bande-son, composée par Alex van Warmerdam lui-même, est faite de très bonnes musiques d’ambiance assez étranges mais toujours concluantes. N°10 est un espèce d’OFNI complètement abracadabrant mais unique, qu’il ne faut pas absolument pas louper dans le peu de salles obscures où il est proposé. De plus, le cinéma de genre néerlandais est peu représenté par chez nous ces dernières années, surtout avec de telles propositions (à voir aussi la comédie Serial Blogueuse d’Ivo van Aart, malheureusement sortie uniquement en DTV en France).
N°10 (Nr. 10). D’Alex van Warmerdam (Pays-Bas – 2021).
Genre : Comédie, Drame, Science-Fiction. Scénario : Alex van Warmerdam. Interprétation : Tom Dewispelaere, Pierre Bokma, Frieda Barnhard, Anniek Pheifer, Hans Kesting… Musique : Alex van Warmerdam. Directeur de la photographie : Tom Erisman. Durée : 100 minutes. Distribué par Ed Distribution (30 août 2023).

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