Après son excellent La Nuée en 2020 (certainement le meilleur film de cette année, même si sortie en salles en 2021 après quelques avant-premières), on ne pouvait qu’attendre avec impatience et curiosité le second long-métrage de Just Philippot, qui passe pour l’occasion des Jokers à Pathé, ce qui pouvait inquiéter. Le film parle d’une France menacée par des nuages de pluies acides et dévastatrices, dans laquelle une famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper. Dans cette histoire de famille assez bien écrite, Acide construit des personnages simples mais assez attachants et approfondis du début à la fin pour que l’on s’attache et que l’on apprécie de les suivre. Just Philippot et Yacine Badday livrent un scénario maîtrisé, ces derniers assument de faire du cinéma dramatique français pour ne pas faire du « cinéma à l’américaine » (ce qui, de toute façon, n’aurait fait que desservir le film), usant de leur budget avec parcimonie, tout en s’appuyant sur des effets spéciaux saisissants qui apportent un côté réaliste à ce drame fantastique accrocheur, même si d’apparence classique, le film s’avère singulier et attachant, un peu comme La Nuée finalement. Même s’il n’a pas été écrit par les mêmes scénaristes, Acide entretient des rapports avec son précédent métrage. Déjà, dans la façon de traiter la relation parent-enfant principale (ici père-fille) qui sont très attachés mais avec pas mal de mésententes, mais aussi dans le développement des personnages, ainsi que dans la façon de filmer la menace, de façon grandiloquente mais sans jamais tomber dans une représentation hollywoodienne. La photographie aux tons grisâtres aide à l’immersion, avec un jeu sur les dégradés de teintes à l’écran (par exemple, une séquence où l’un des personnages cherche un chat). Même si cela peut déranger, il y a un parti pris artistique marqué, puisque le film parle de « temps sombres » autant visuellement que métaphoriquement. Par ailleurs, petit regret, le côté métaphorique du film manque d’une certaine subtilité sans que cela soit complètement dérangeant. Le cœur du film reste la famille et la situation fantastique gorgée de tension, traversée de scènes stressantes, notamment la traversée d’un pont et la mort de l’un des personnages, certainement la séquence la plus prenante du film. Acide est donc excellent, un peu deçà de La Nuée, mais Just Philippot est clairement l’un des réalisateur du cinéma de genre à la française à suivre aux côtés de Julia Ducournau, Jean-Christophe Meurisse ou encore Bertrand Mandico ; même si son style est, pour le moment, moins affirmé que les auteurs pré-cités.

Note : 4 sur 5.

ACIDE. De Just Philippot (France – 2023).
Genre : Drame, Fantastique. Scénario : Just Philippot et Yacine Dabbay. Directeur de la photographie : Pierre Dejon. Interprétation : Guillaume Canet, Patience Munchenbach, Laetitia Dosch, Felicia Talluto, Marie Jung… Musique : Robin Coudert. Durée : 99 minutes. Distribué par Pathé Films (20 septembre 2023).

2 réponses à « [Critique] ACIDE de Just Philippot »

  1. […] d’une poésie grandiose. Et surtout, c’est un film français parmi les plus grands de 2023 avec Acide et Conann (où Claire Duburcq joue aussi un rôle), qui marquera sans équivoque l’année […]

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