Avec la ressortie en HD de Scarecrows de William Wesley (alias Jose Rolando Rodriguez), c’est toute une conception du cinéma d’horreur des années 80, un esprit digne des rayonnages des vidéo-clubs de l’époque, qui reprend vie sous la houlette du Chat qui Fume. Pour le meilleur et pour le pire… Scarecrows est une minuscule production réalisée par un cinéaste à la carrière succincte (Route 666 et les séries Monsters et Apollo Z. Hack). Ce premier long-métrage est une série B pur jus, avec son groupe de mercenaires à la petite semaine dérobant un gros butin et mettant les voiles vers le Mexique en hélicoptère. L’un d’entre eux tente de la faire à l’envers à ses partenaires en s’éjectant avec le magot au-dessus d’un espace boisé. Forcément, il se fait courser par la bande, ainsi que le pilote et sa fille, retenus en otage, dans des champs de maïs jouxtant une bicoque abandonnée. Un endroit étroitement fréquenté par des épouvantails maléfiques… Pas d’intrigue tarabiscotée ni de personnages finement caractérisés et encore moins de dialogues ciselés (mais pas moins de cinq personnes ayant mis les mains au scénario tout de même d’après la fiche IMDb). Scarecrows repose sur une certaine efficacité, à la fois dans la façon dont Wesley emballe l’action, mais aussi et surtout grâce à l’influence majeure de Peter Deming (Evil Dead 2, mais aussi Lost Highway et Mulholland Drive, tout de même !) qui se fait ici diablement sentir. Avec un soin particulier aux lumières qui apportent une plus-value évidente à un film modeste à tous les étages. Une partie de cache-cache dans un espace-temps resserré (une nuit), avec des effets gores de plus en plus généreux, craspecs et impressionnants à mesure que le film avance et quelques bonnes idées (la vision infrarouge, le contexte posé en voix-off). Des trouffions armés jusqu’aux dents qui tentent de survivre face à d’affreux épouvantails à la capacité d’angoisse toujours aussi élevée et pertinente. Originalité de la chose : les victimes ne se contentent pas de trépasser, mais reviennent sous forme de morts-vivants, promesse de jolies joutes sanglantes ! C’est assez mal joué, mention spéciale à Ted Vernon (également producteur exécutif), mauvais comme un cochon, mais bien entouré par une tripotée de comédiens de seconde zone et cela reste au final assez anecdotique. Mais tout de même, il se dégage de cette petite bande horrifique une volonté de bien faire incontestable et une efficacité elle aussi évidente qui en font une petite curiosité pour les amateurs de débordements gores qui tâchent à l’ancienne…

Note : 2.5 sur 5.

SCARECROWS. De William Wesley (Jose Rolando Rodriguez) (USA – 1988).
Genre : Horreur. Scénario : William Wesley, Richard Jefferies, Larry Stamper, Marcus Crowder, Stephen Gerard. Directeur de la photographie : Peter Deming. Interprétation : Ted Vernon, Michael David Simms, Richard Vidan, Kristina Sanborn, Victoria Christian, David Campbell, B.J. Turner… Musique : Terry Plumeri. Durée : 83 minutes. Disponible en Blu-ray chez Le Chat qui Fume (30 juin 2023).

LE BLU-RAY DU CHAT QUI FUME. Pour un film de 1988 (en fait tourné en 1985) se passant quasi intégralement dans la nuit, l’image de cette version remasterisée est d’une qualité surprenante. La très belle photographie de Peter Deming rend le film agréable à regarder, avec son image granuleuse et son niveau de détails remarquable. Même si la piste sonore originale n’est qu’en DTS HD Master audio 2.0, rien à dire sur son efficacité redoutable. A cela s’ajoute dans les bonus, en plus de la bande-annonce du film, un court module d’une quinzaine de minutes, donnant la parole à Damien Granger, bissophile averti et reconnu, ancien rédacteur en chef de Mad Movies et auteur de magnifiques ouvrages comme B-Movie posters et Horror Porn. Celui-ci revient sur la conception et les principaux atouts d’un film qu’il a en haute estime et qu’il vend admirablement bien.

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