

Robert Morgan est un cinéaste britannique principalement connu pour ses courts-métrages en animation « stop motion », technique utilisant des objets réels, dotés de volume, alors que les objets sont immobiles en eux-mêmes, cette technique permet de créer l’illusion qu’ils sont dotés d’un mouvement naturel. Ensuite, une photo est prise à chaque « mouvement » de l’objet. Les courts de Morgan sont décrits par ceux qui l’ont vu comme des films cauchemardesques en tout point. Son premier long-métrage semble conserver cette voie même s’il est en très grande partie filmé en prise de vues réelles. Avec son titre plutôt évocateur de Stopmotion, il raconte le récit d’Ella, qui travaille dans le domaine exigeant de l’animation image par image. Elle officie dans l’ombre envahissante de sa mère, star de la discipline désormais incapable de mener un projet à son terme. Un événement funeste va pousser Ella vers une autre forme de création, qui va la plonger dans une folie profonde… De manière assez surprenante, Robert Morgan nous hypnotise avec cette première séquence épileptique et très efficace, mais ce qui étonne encore plus c’est que l’envoûtement dure tout le long du film, à un point où l’on a du mal à lâcher les yeux de l’écran tant on est presque noyés dans l’océan cauchemardesque qu’est le métrage. Une impression due également aux musiques de Lola de la Mata, assez classiques dans leur genre, mais carrément immersives, mais aussi à une Aisling Franciosi bluffante dans le rôle principal, arrivant prodigieusement à jouer la confusion graduelle d’Ella et en la reflétant dans le spectateur, qui est tiraillé entre l’empathie et l’antipathie complète face à la clarté d’esprit ou la folie grandissante du personnage. Un parti-pris vu et revu au cinéma, mais Stopmotion l’élève à un niveau supérieur, parvenant à réunir un mélange d’attachement-détachement envers la protagoniste. Morgan prend bien le temps d’expliquer ce que vit sa protagoniste sur un ton très désespéré, Ella passant d’une mère tyrannique à ses démons intérieurs, montrant qu’elle n’est qu’une actrice de son propre film, qu’une marionnette dans sa propre vie. Au-delà de cet aspect, le film est très « ludique » pour ce qui est de l’animation image par image, nous faisant comprendre certains aspects de cette technique au passage. En conclusion, Stopmotion est une mise en abyme tourmentée qui aurait pu pousser plus loin la hantise mais qui reste, pour l’heure, la pépite du festival parisien, mais nous ne sommes certainement pas au bout de nos surprises avec les films qui arrivent.

STOPMOTION. De Robert Morgan (Royaume-Uni – 2023).
Genre : Horreur, Drame. Scénario : Robin King, Robert Morgan. Directeur de la photographie : Léo Hinstin. Interprétation : Aisling Franciosi, Stella Gonet, Tom York, Caoilinn Springall, James Swanton… Musique : Lola de la Mata. Durée : 93 minutes. Film découvert au PIFFF 2023, sans distributeur pour le moment.

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