

Depuis deux ans, plusieurs personnages de Disney commencent à tomber dans le domaine public. L’occasion pour le réalisateur Rhys Frake-Waterfield de laisser libre cours à leurs pulsions et de nous les montrer sous un autre angle. Alors que Peter Pan et Bambi sont dans les tuyaux et que Mickey s’est invité à la fête avec deux projets en préparation, ce n’est autre que Winnie l’ourson et ses amis qui ont ouverts le bal en janvier 2022 avec Winnie the Pooh : Blood and Honey. On aurait initialement pu croire à une mauvaise blague sur les réseaux sociaux mais finalement, ce projet nanardesque est devenu une réalité. Et croyez moi, il aurait mieux fait de rester dans la forêt des rêves bleus !
Les survivants
Oubliez tout ce que vous avez connu durant votre enfance avec l’œuvre de A. A. Milne et E. H. Shepard qui a vue le jour en 1926. Tout commence dans ce lieu familier ou Jean Christophe retrouvait toute la bande pour s’amuser tout festoyant autour d’une table toujours bien remplie. Les années passent, leur ami entre en fac et ne leur rend plus visite. Attristés dans un premier temps, la famine prendra rapidement le dessus, amenant Winnie et Porcinet à recourir au cannibalisme en dévorant Bourriquet. Suite à cela, chacun décida de faire vœu de silence, préférant retourner à la vie animale. Mais les réserves s’épuisent vite, reste donc à capturer, torturer et cuisiner tout humain ayant le malheur de passer par là jusqu’au retour de Jean Christophe qui a eu la fausse bonne idée de venir leur présenter sa femme… Un prologue qui en dit long sur le calvaire que vous allez subir durant 84 minutes si vous avez le malheur d’appuyer sur la touche play de votre télécommande…

Détour mortel
Passé cette intro qui était plus que suffisante, nous découvrons Maria. Ayant vécue une expérience traumatisante (sur laquelle nous n’apprendrons rien), elle décide sur les conseils de sa thérapeute de « déconnecter » le temps d’un week-end avec quatre amies de l’université. Pour l’occasion, elles ont trouvé une petite cabane plutôt cosy qui, comme vous vous en doutez, se situe à proximité du repaire des deux cannibales locaux qui vont en profiter pour remplir le frigo avec un peu de viande fraîche.
Même si le scénario est quelque peu simpliste de prime abord, il aurait pu ouvrir la porte à un slasher faisant preuve d’originalité, mais au final, nous avons droit à un massacre dans le mauvais sens du terme. Première chose qui surprendra à coup sur : l’accoutrement de Winnie. Exit le pull rouge qui cède place à une salopette et une chemise de bûcheron qui visent à masquer sa bedaine proéminente (façonnée à base de miel et de bière probablement). On aurait pu crier au scandale dès les présentations mais les droits ne sont pas totalement publics, car Walt Disney Company reste détenteur du design de notre ami l’ourson et du reste de la bande. Ce qui explique également le design de Porcinet qui aurait pu servir de doublure à Pumbaa dans une future adaptation du Roi Lion (priez pour que cela n’arrive jamais). Une esthétique horrible à souhait ce qui est dommage sachant que les masques ont été réalisés par Immortal Masks, une entreprise fondée par d’anciens d’anciens artistes d’effets spéciaux.

La fin du cauchemar?
J’aurais aimé m’arrêter ici pour les aspects négatifs du film, mais malheureusement, l’ensemble est mauvais de A à Z. Les acteurs peinent à convaincre tant leur prestation est mauvaise et en même temps, difficile de donner la réplique à deux tueurs muets qui sont, à l’exception de quelques figurants, les seules personnes croisées durant le film. Côté gore, on aura tout de même droit à quelques scènes qui laissent la part belle à l’hémoglobine mais mélangeant slasher et torture porn. Un joli cocktail à condition d’être exploité convenablement, ce qui n’est pas le cas ici. Rien n’est à conserver et le concept aurait du se contenter d’exister en tant que court-métrage parodique, mais le buzz créé sur les réseaux avec la photo postée ci-dessus aura réussi à faire financer cette « chose » qui aura coûté un billet à certains et le prix d’un joli blu-ray pour d’autres. Il est clairement dommage de devoir subir ce genre de massacre ayant tout de même coûté 100 000 dollars (et tourné en dix jours dans la forêt d’Ashdown, dans le Sussex de l’Est, en Angleterre) alors que Terrifier, avec un budget trois fois moins élevé, aura fait passer aux amateurs de sensations fortes un bien meilleur moment.
Après avoir vu le film, on aurait espéré qu’il ne s’agissait qu’un énième nanar de plus. Mais après l’annonce des nombreux films issus du Disneyverse et la suite du film qui est d’ailleurs prévue pour 2024, le cauchemar est loin d’être terminé. Un film que nous déconseillons fortement aux amateurs du genre mais qui saura peut être séduire un public moins connaisseur cherchant simplement de quoi passer le temps un soir d’hiver.
WINNIE THE POOH : BLOOD AND HONEY. De Rhys Frake-Waterfield (Royaume-Uni – 2023).
Genre : Horreur. Scénario : Rhys Frake-Waterfield. Photographie : Vince Knight. Interprétation : Nikolai Leon, Frederick Dallaway, Maria Taylor, Natasha Rose Mills, Amber Doig-Thorne, Danielle Ronald, Natasha Tosini, Paula Coiz, Craig David Dowsett, Chris Cordell … Musique : Andrew Scott Bell. Durée : 84 minutes. Distribué par Jagged Edge Productions (19 juillet 2023).

Répondre à [Critique] WINNIE THE POOH : BLOOD AND HONEY 2 de Rhys Frake-Waterfield – Obsession B Annuler la réponse.