

Pascal Plante est un réalisateur canadien, plus précisément québécois, derrière notamment deux longs-métrages dramatiques (Nadia, Butterfly et Fake Tattoos) et un documentaire (Generation Porn). Le cinéaste n’a jamais réellement abordé le cinéma de genre, et pourtant il revient avec son troisième film de fiction, un thriller dramatique à tendance horrifique : Les Chambres Rouges, grand gagnant du Cheval Noir au festival Fantasia 2023. Le film nous parle de deux jeunes femmes qui se réveillent chaque matin aux portes du palais de justice de Montréal pour pouvoir assister au procès hypermédiatisé d’un tueur en série qui les obsède. Cette obsession maladive les conduira à tenter par tous les moyens de mettre la main sur l’ultime pièce du puzzle, qui pourrait permettre de définitivement confondre celui que l’on surnomme le Démon de Rosemont : la vidéo manquante de l’un de ses meurtres…
Les Chambres Rouges, dans toute sa durée, tangue parfaitement entre le drame processuel et le thriller criminel à tendances horrifiques. Car, techniquement, le film de Pascal Plante n’est pas un film d’horreur dans sa définition la plus formelle mais bel et bien un thriller dramatique, que le cinéaste arrive à parfaitement détourner pour terrifier son spectateur à bases de simples regards terrifiés ou terrifiants et dévastateurs. La mise en scène y étant pour beaucoup car le réalisateur et son directeur de la photographie Vincent Biron arrivent parfaitement à capter les visages des personnages pour nous horrifier. Mais le côté dramatique n’est pas absent pour autant, Plante écrivant finement son scénario pour très clairement nous tirer les larmes – sans jamais forcer la chose – autant pour les familles des victimes (la mère de l’une des victimes qui parle à des journalistes) que pour les groupies elles-mêmes (la scène où l’une d’elles appelle une chaîne télévision) ; Pascal Plante s’avérant très humain avec ces dernières, de façon surprenante mais d’autant plus réussie.

Les personnages, d’ailleurs, sont intéressants et bien portés avec par exemple Maxwell McCabe-Loko, excellent dans sa dernière séquence ou encore Laurie Babin, dantesque dans le rôle de Clémentine, notamment dans l’empathie qu’elle apporte à son personnage. Mais c’est Juliette Gariépy qui porte le récit, donnant corps à la protagoniste, Kelly-Anne, qui a pourtant toujours les mêmes expressions faciales tout du long. Mais son écriture reste très intéressante dans le personnage fantomatique qu’elle incarne, peu développé lors des trois quarts du film mais dont le final lui donnera une fin d’arc narratif suffisante même si trop attendue et sage. En conclusion, Les Chambres Rouges est une baffe de début d’année qui arrive à démontrer que l’horreur n’est pas toujours explicite, avec une maestria sans pareille et un réalisme fulgurant.
LES CHAMBRES ROUGES. De Pascal Plante (Canada – 2023).
Genre : Thriller, Drame, Horreur. Scénario : Pascal Plante. Photographie : Vincent Biron. Interprétation : Juliette Gariépy, Laurie Babin, Élisabeth Locas, Maxwell McCabe-Lokos, Natalie Tannous… Musique : Dominique Plante. Durée : 118 minutes. Distribué par ESC Films (16 janvier 2024).

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