

Cinéaste australien, Sean Byrne, après quelques courts-métrages, nous sortait en 2009 The Loved Ones, métrage aux personnages à la construction réussie et à l’horreur classique mais qui n’est que l’arbre qui cache la forêt de ce qu’offre ce film fascinant. Après ce coup de génie prometteur, il revint dans le monde du cinéma six ans plus tard en migrant cette fois-ci aux Etats-Unis avec son The Devil’s Candy, notre film du jour. Ce dernier nous conte le récit d’un artiste, sa femme et sa fille qui s’installent dans la maison qu’ils ont toujours rêvés. Des forces démoniaques se mettent peu à peu à envahir les tableaux du peintre et à devenir une menace pour ses proches…
Même si moins que le précédent film du cinéaste, The Devil’s Candy est habile dans la manière de construire les personnages en appuyant notamment les liens du père, Jesse, et de la fille, Zooey, desquels l’on s’affectionne en quelques minutes à peine. L’introduction étant, sans équivoque, la partie la mieux travaillée du film, notamment en terme de construction étant donné que l’évolution de nos deux protagonistes devient légèrement plus archétypale lors de l’avancée du scénario, malgré que le film développe, à l’instar de The Loved Ones, très bien les personnages secondaires au travers de quelques plans et lignes de textes. Et ce travail global, notamment du tandem central, sert parfaitement le récit mais surtout : son horreur. Car, même si élémentaire dans le genre, l’épouvante s’insinue dans le métrage avec ingéniosité déjà de par le jeu d’Ethan Embry, dans le rôle du père, qui balance très bien ses émotions pour créer la compassion autant que l’inquiétude chez le spectateur. L’imagerie s’avère elle aussi réussie, déjà avec les peintures dégageant une aura exceptionnelle, mais surtout la photographie de Simon Chapman qui offre des plans réfléchis car, même si parfois anodins, aucun angle de caméra de semble en surplus. Cela n’est que meilleur croisé avec le montage de Andy Canny (Invisible Man, No Exit, The Loved Ones) qui offre notamment des transitions bluffantes (la scène de la balançoire, puis celle du tableau) et des scènes, pour la plupart, d’une durée juste et inchangeable. Mais le montage offre aussi la grande défectuosité du film : des scènes trop étirées qui deviennent franchement redondantes, notamment celles mettant en scène Pruitt Taylor Vince car, même si cela fonctionne, c’est un peu trop surutilisé, ce qui rouille donc ce mécanisme pourtant originalement bien employé. Mais, bien heureusement, l’atmosphère du récit ne se perd absolument jamais, particulièrement grâce à une bande-son métal qui trône sur la seconde moitié du métrage, étant parfaitement choisie pour coller autant avec ce que l’on nous donne au départ (le père et la fille se partageant leur passion du métal) qu’avec l’épouvante, Sean Byrne ne laissant donc rien au hasard, ce qui est une qualité indéniable.
Pour conclure, The Devil’s Candy est un film attachant même si manquant parfois de subtilité, mais surtout, un véritable film d’horreur dont l’angoisse viscérale nous étreint sans concessions de sa maestria rare. Sean Byrne ne nous a malheureusement rien offert depuis ce film, il y a huit ans donc, et nous ne pouvons qu’attendre avec impatience le retour de ce cinéaste qui a tout compris du cinéma de genre.

THE DEVIL’S CANDY. De Sean Byrne (USA – 2015).
Genre : Horreur, Drame, Thriller. Scénario : Sean Byrne. Photographie : Simon Chapman. Interprétation : Ethan Embry, Shiri Appleby, Pruitt Taylor Vince, Kiara Glasco, Tony Amendola… Musique : Michael Yezerski. Durée : 79 minutes. Disponible en Blu-ray chez ESC Editions.

Laisser un commentaire