Réalisateur de films d’action plutôt reconnu à son échelle, Florent-Emilio Siri démarrait sa carrière avec le méconnu Une minute de silence avant de commencer à se faire connaître en 2002 avec Nid de Guêpes, puis Otage, avec Bruce Willis comme comédien principal. Il aura aussi réalisé quelques autres métrages dont Cloclo, un biopic sur Claude François. C’est donc cette année qu’il revient avec Elyas, film d’action à la française nous contant le récit d’Elyas, un ancien membre d’une unité des forces spéciales. Très marqué après avoir combattu en Afghanistan, il est engagé comme garde du corps d’Amina et sa fille Nour, âgée de 13 ans. Venues des Émirats arabes unis, les deux femmes se sont réfugiées dans un château. Lorsqu’un commando attaque les lieux, Elyas va tout faire pour les protéger…

Un (télé)film dénué d’âme

Il n’y avait pas énormément à attendre d’Elyas mais il était impossible de prévoir une catastrophe aussi monumentale, qui va de la mise en scène dénuée d’âme de Florent-Emilio Siri à un trop-plein d’ambition jamais suivie par la qualité du scénario ou l’importance du budget (au point où, dans une scène dans une immense tour, les plans au travers des vitres donnant sur la ville sont floutés pour dissimuler le manque d’argent). Car oui, Elyas se rêverait être un grand film d’action à l’américaine mais il n’obtient que des scènes d’action d’une grande mollesse, en raison d’un manque de chorégraphies intéressantes, mais surtout du peu d’enjeux (l’on voit très limpidement venir le types de risques que prendra le film et, surtout, ceux qu’il ne prendra pas) avec un personnage principal torturé et quelque peu aliéné, faute à son stress post-traumatique. Même si l’idée n’est pas mauvaise en soi, l’exécution est pitoyable tant dans ses scènes d’action faiblardes, où la tension est à zéro, que dans l’écriture des ses protagonistes, insensément clichés, d’une petite fille rebelle en souffrance à l’ex-militaire tourmenté par les affres de la guerre, de la vie et de la maladie.

Le casting est constamment aux fraises, que ce soit l’infernale Jeanne Michel, rendant son personnage, pourtant voué à être attachant, littéralement insupportable. Mais elle s’en sort incroyablement bien face à l’idiotie constante de Roschdy Zem, qui offre comme meilleur atout de froncer les sourcils bêtement. Et pourtant, qu’est-ce que son personnage avait du potentiel, dans toute la schizophrénie qui lui incombe et dans les jeux de ce qui est vrai ou faux, mais l’écriture est tellement bâclée qu’il est impossible de tomber dans le piège que nous tend Elyas. Le thriller paranoïaque annoncé laisse place au nouveau téléfilm évènement, qui ferait passer le récent Le Mangeur d’Âmes pour un film d’auteur indispensable. On peut tout de même reconnaître une qualité au film, le fait que sa médiocrité le métamorphose petit à petit en nanar hilarant, une sorte de plaisir coupable indéniable qui peut tout de même faire passer un bon moment.

En conclusion, même si abyssalement mauvais, Elyas fait formidablement rire mais aurait mérité une sortie en direct-to-video ou à la télévision plutôt que d’avoir le privilège des salles obscures, là où certains excellents métrages n’ont même pas eu le droit à une sortie française en VOD, voire simplement en festival.

Note : 0.5 sur 5.

ELYAS. De Florent-Emilio Siri (France – 2024).
Genre : Thriller, Action, Drame. Scénario : Florent-Emilio Siri, Nicolas Laquerrière. Photographie : Giovanni Fiore. Interprétation : Roschdy Zem, Jeanne Michel, Laëticia Eïdo, Nabil Elouahabi, Sherwan Haji, Dimitri Storoge… Musique : Alexandre Desplat. Durée : 99 minutes. Distribué par Studio Canal (3 juillet 2024).

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