M. Night Shyamalan est un cinéaste principalement reconnu (plus ou moins à raison) pour ses twists renversants ou encore ses high-concept, il est notamment à l’origine de l’admirable Sixième Sens, d’Incassable, The Visit, Signes ou encore Le Village, qui est très certainement son meilleur film. Il nous a aussi offert depuis le début de la décennie Old et Knock At The Cabin, deux films se basant là encore sur un concept fort et savamment exploité, même si faillible sur certains aspects. Cette année, il nous délivre Trap, qui raconte l’histoire d’un père et sa fille en plein concert d’une grande star, où l’événement n’est en réalité qu’un piège pour attraper un tueur en série…

Trap parvient sans difficulté à nous emporter dans son ambiance anxiogène, au sein de sa première partie du moins, et instaure une mise en scène incroyablement cadrée et précise, peut-être même la plus réussie de la filmographie de Shyamalan depuis bien longtemps, bien aidé par l’apport de Sayombhu Mukdeeprom à la photographie et qui a notamment œuvré pour Luca Guadagnino et Apichatpong Weerasethakul.

Une partie de chasse anxiogène et grotesque

Puis, le film évolue de fil en aiguille dans une deuxième partie pas inintéressante mais qui tire en longueur en épuisant malheureusement plus vite que de raison son champ des possibilités (même si certaines scènes telles que celle de l’alarme incendie sont d’une maîtrise sans nom). Et qui a dû mal à exploiter les personnages au-delà d’une surface intéressante mais insuffisante. Mais la troisième partie rattrape très étrangement le coche en devenant complètement improbable – pour ne pas dire foutraque – dans son concours de coïncidences nonsensiques. Cela passe pourtant avec une facilité déconcertante, même si c’est d’une abyssale grossièreté scénaristique, Shyamalan nous emmène dans ce délire sans nom où le tueur semble pouvoir berner la planète entière et se sortir de toutes les situations. Ce troisième acte, qui s’échappe du huis-clos, donne un grand intérêt à l’ensemble, revenant au stress du début et, même si malheureusement peu approfondi comme dit plus tôt, Shyamalan pose tout de même les bases psychologiques de son anti-héros, au départ attachant puis progressivement d’une antipathie gargantuesque. Il faut également saluer la performance de Josh Hartnett avec ses mimiques terrifiantes, presque à la Anthony Perkins d’une certaine façon.

En conclusion, Trap est une petite partie de plaisir très foutraque et perfectible, mais qui reste ce que Shyamalan a offert de mieux depuis un certain temps.

Note : 3.5 sur 5.

TRAP. De M. Night Shyamalan (2024 – USA).
Genre : Thriller. Scénario : M. Night Shyamalan. Photographie : Sayombhu Mukdeeprom. Interprétation : Josh Hartnett, Ariel Donoghue, Saleka, Alison Pill, Hayley Mills. Musique : Herdís Stefánsdóttir. Durée : 105 minutes. Distribué par Warner Bros. France (7 août 2024).

Laisser un commentaire