
François Ozon est un cinéaste français incontestablement culte dans son genre, à qui l’on doit notamment 8 Femmes, Jeune et Jolie ou encore Les Amants Criminels. Bien que considéré par beaucoup comme en perte de vitesse, il ne se fait pas moins prolifique, sortant depuis 2020 un film par an, son dernier en date Mon Crime, est sorti en 2023. Il nous revient cette année avec Quand vient l’automne, sorte de comédie dramatique aux accents de thriller qui nous conte l’histoire de Michelle, une grand-mère qui vit tranquillement dans un petit village français et qui s’occupe de son jardin, cueille des champignons avec son amie Marie-Claude et fait des bons petits plats. Un jour, alors que sa fille acariâtre, Valérie, et son petit-fils adoré, Lucas, viennent la voir, ladite fille va passer à côté de la mort suite au repas concocté par Michelle qui aurait malencontreusement mis un champignon toxique dans la casserole. Valérie va alors empêcher sa mère de voir Lucas. Mais cela est inconcevable pour la grand-mère…

Entre émotions et surfaçons
S’ancrant dans un réalisme s’apparentant lui-même à une forme de récit fataliste, Quand vient l’automne mélange les genres avec une grande pertinence, tanguant magnifiquement entre ses intrigues en s’accaparant en premier le drame terre à terre puis le thriller insidieux sans jamais oublier ses pointes de comédie quelque peu sarcastiques (tout le quiproquo dialogué sur l’aide de Vincent, tant hilarant que terrifiant à sa façon). Ozon dose finement chaque scène et les émotions qu’elles procurent, jouant beaucoup sur l’inquiétude du spectateur, liée à l’empathie que nous avons pour le personnage de Michelle. Cette dernière nous bouleverse dans l’interprétation que donne Hélène Vincent, une actrice stupéfiante de justesse avec un regard purement cinégénique, très attristé mais bourré d’autres sentiments qui nous agrippent. Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance avec les facilités scénaristiques qui plombent le récit et les dialogues pas toujours fins, parfois un peu sortis de nulle part et surfaits mais qui vont bien avec la sur-dramatisation qu’Ozon nous offre consciemment. Le cinéaste rend ses personnages vénéneux et a priori détestables, faisant que le spectateur est tiraillé entre l’attachement irrépressible et la détestation morale. Ozon nous revient avec un coup de maître, qui tire parfois un peu en longueur et qui n’est pas exempt de défauts, mais où la maestria de l’ensemble pardonne le reste.
QUAND VIENT L’AUTOMNE. De François Ozon (France – 2024).
Genre : Drame, Thriller. Scénario : François Ozon. Photographie : Jérôme Alméras. Interprétation : Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier, Pierre Lotin, Garlan Erlos… Musique : Evgueni Galperine, Sacha Galperine. Durée : 104 minutes. Distribué par Diaphana Distribution (2 octobre 2024).

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