L’horreur à l’espagnole revient chaque année au PIFFF et elle est cette année représentée par Pedro Martín-Calero, nouveau cinéaste qui semble déjà prêt pour devenir un grand, qui arrivait en terres françaises avec The Wailing. Le film raconte l’histoire d’Andrea qui va remarquer un jour, alors qu’elle prend une vidéo, qu’un homme est derrière elle mais qu’il est invisible hors des écrans. Andrea va petit à petit sombrer dans la folie, tout comme sa mère et sa grand-mère des années auparavant… Voici d’ores et déjà, au second jour à peine du PIFFF, un coup de cœur qui se pointe. The Wailing est une sorte de nouvel Hérédité auquel on aurait ajouté une totale aliénation et un maelstrom d’émotions déchirant, pour emmener le spectateur dans un labyrinthe de psychés, dont le message ferait office d’un cri déchirant superbe. Le geste est impressionnant pour un premier long-métrage, nous engloutissant dans cet océan de peine qui semble inarrêtable, notamment avec une fin des plus funestes et inexorables.

Au nom de la mère, de la fille et de la sainte-folie

Pour apprécier l’expérience The Wailing, il faut accepter une certaine lenteur, soit, qui désarçonnera bien du monde, mais qui s’avère très utile pour développer un récit des plus fascinants, au sein d’une pure œuvre de cinéma qui prend son temps pour mettre en place une ambiance établissant une pesanteur sur le métrage tel un nuage recouvrant la ville. Les protagonistes sont sur le fil, à fleur de peau et sur le point de craquer à chaque instant, jusqu’au moment fatidique où la folie prend le dessus sur chacun d’entre eux. Car, là où certains y verront une énième et impertinente métaphore de la masculinité toxique, d’autres – comme nous – y discerneront un constat de la transmission des maladies mentales, comment elles s’insinuent en héritage dans certaines familles et comment guérir correctement ces troubles semble impossible. Au fur et à mesure, une forme d’inquiétante étrangeté oppressive et obsessive se développe, accentuée par l’atmosphère sonore exceptionnelle et très travaillée. Mais The Wailing ne serait rien sans Ester Exposito (Vénus de Jaume Balaguero) et Mathilde Ollivier qui apportent une fébrilité qui nous pince le cœur superbement. Il est de plus en plus difficile de réaliser un film d’horreur sans se plonger dans le drame (à quelques exceptions près telles que Bramayugam et The Substance cette année) et ça, Martin-Calero l’a parfaitement compris, puisqu’il nous offre avant tout des personnages solides pour nous partager la totalité de son angoisse. The Wailing se fait cri du cœur, déchirant et inarrêtable, d’autant plus fort lorsque l’on sait que ce n’est que le premier long-métrage de son réalisateur. Sortie chez Paname Distribution d’ici 2025 en salles.

Note : 4.5 sur 5.

THE WAILING (El llanto). De Pedro Martín Calero (Espagne – 2024).
Genre : Horreur, Drame.
Scénario : Pedro Martín, Calero Isabel Peña.
Photographie : Constanza Sandoval.
Interprétation : Ester Expósito, Mathilde Ollivier, Malena Villa, José Luis Ferrer, Claudia Roset…
Musique : Olivier Arson.
Durée : 107 minutes.
Film découvert lors du PIFFF 2024, distribué par Paname Films, sans date de sortie pour le moment.

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