Totalement inédit en France jusqu’à aujourd’hui, Neuf Invités pour un crime de Ferdinando Baldi (Texas, addio, Blindman, le justicier aveugle) sort dans une édition HD grâce aux bons soins du Chat qui Fume. Ce giallo solaire prenant place sur un îlot rocheux retiré de tous en Sardaigne, bénéficie d’une belle vitrine pour être découvert. Le film prend la forme d’un whodunit à la Dix Petits nègres (OK, Ils étaient dix…) d’Agatha Christie. Après une scène de meurtre ouvrant le film et, on se le doute, détenant la clé du mystère, on découvre une famille relativement aisée et élargie, composée de neuf membres venus passer quelques vacances dans un lieu à première vue paradisiaque. Un semblant de cohésion familiale qui vole rapidement en éclat lorsque les différents protagonistes : père, fils, conjointes, commencent à dévoiler des animosités les uns envers les autres. Histoires de tromperies, de coucheries, de luttes autour d’un héritage, soit un véritable panier de crabes qui se trouve, de plus, bouleversé à la suite de la noyade d’une des filles, Carla, première de la liste à trépasser. Un événement fondateur qui va véritablement favoriser l’implosion de la cellule familiale. Un chaos naissant renforcé par la disparition du yacht qui mouillait au large, seule échappatoire désormais envolée, laissant les protagonistes seuls face à eux-mêmes et à leurs tensions.

Du cul, des meurtres…
Il est beaucoup question d’adultère dans Neuf invités pour un crime. Les couples se font et se défont à grand renfort de scènes à l’érotisme assumé, parfois subtil (en ombres chinoises derrière un panneau), ou carrément vulgaire quand ça se tripote à la vue de tous et surtout des principaux trompés. Le réalisateur Ferdinando Baldi prend un malin plaisir à caviarder son film de scènes de sexe, s’attardant sur ses comédiennes dans le plus simple appareil, et on est en droit de trouver cela un poil exagéré et totalement gratuit. Le second pilier du film reste l’aspect giallo, avec son tueur mystérieux, et ses meurtres qui se succèdent, réduisant d’autant le nombre de survivants et de suspects potentiels dans le même élan. On ne va pas se mentir : on est très loin de l’approche et de l’inspiration d’un Dario Argento ou d’un Lucio Fulci. Ici, l’ambition reste très mesurée, voire terre à terre, les scènes d’assassinats étant aussi peu inspirées que celles de sexe. Formellement, le film est assez quelconque, il assure le minimum syndical et n’est pas foncièrement engageant.
Si l’on doit retenir un point réellement marquant, c’est le caractère vachard avec lequel le réalisateur et son scénariste Fabio Pittorru dépeignent les personnages. Ils sont globalement tous antipathiques, jaloux et égoïstes, en gros, un groupuscule de bourgeois auto-satisfaits, que l’on ne peut que se plaire à voir trépaner les uns après les autres. La palme revenant à la façon dont les personnages masculins sont dépeints, ancrant le film dans une époque patriarcale et machiste assez velue, et ce, au détriment des protagonistes féminines, qui sont globalement là pour leur plastique. Même si on y croise quelques habitués du cinéma bis, mais pas seulement, parmi lesquelles Arthur Kennedy (La Maison des otages, Le Voyage fantastique), John Richardson (Le Masque du démon, Chats rouges dans un labyrinthe de verre) et Venantino Venantini (Les Tontons flingueurs), Neuf Invités pour un crime s’avère au final un giallo assez vulgaire, à la tension très fragile, mineur par bien des aspects. On retiendra cependant la partition musicale assez inspirée du prolifique compositeur Carlo Savina (L’assassin a réservé 9 fauteuils).

NEUF INVITES POUR UN CRIME (Nove ospiti per un delitto). De Ferdinando Baldi (Italie – 1977).
Genre : Thriller/Giallo. Scénario : Fabio Pittorru. Photographie : Sergio Rubini. Interprétation : Arthur Kennedy, Rita Silva, John Richardson, Venantino Venantini, Dana Ghia, Massimo Foschi, Caroline Laurence… Musique : Carlo Savina. Durée : 92 minutes.
Disponible en Blu-ray chez Le Chat qui Fume (1er septembre 2024).
Le blu-ray du CHAT QUI FUME. Ayant de toute évidence fait l’objet d’un important travail de restauration, le film propose de fait une image très lumineuse et globalement de belle tenue sur presque tous les points. Presque, car quelques défauts, griffures, taches restent visibles, notamment dans la première séquence du film. Rien de problématique pour autant. Côté sonore, l’unique version italienne présentée en DTS HD Master Audio 2.0 a elle aussi été nettoyée et s’avère de belle qualité. L’éditeur propose enfin en guise de supplément une interview de l’acteur Massimo Foschi (26′) qui s’exprime avec beaucoup de générosité sur son expérience sur le film.


Laisser un commentaire