Noémie Merlant n’a jamais œuvré comme réalisatrice dans le cinéma de genre et sa carrière d’actrice ne lui a pas non plus beaucoup permis de s’y aventurer. Dans ses films notables à ce niveau : L’orpheline avec en plus un bras en moins, Newcomer, Jumbo et Baby Ruby. Elle revient donc avec Les Femmes au Balcon, son second long-métrage derrière (et devant) la caméra, après le drame Mi iubita mon amour, passé par le dernier Festival de Cannes en Séance de minuit. Ce nouveau film conte le récit de trois femmes – Ruby, Nicole et Élise – dans un appartement à Marseille en pleine canicule. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes. Après une soirée arrosée chez lui, elles se retrouvent coincées dans une affaire terrifiante et délirante…
Mélangeant beaucoup de genres qui se condensent en 105 minutes, Les Femmes au Balcon a bien des difficultés à en maîtriser ne serait-ce qu’un seul. La comédie de Merlant est affreusement étouffante, bateau et le métrage s’appuie malheureusement beaucoup trop sur la soi-disant hilarité que pourrait procurer l’œuvre. Se permettant de lourdes imbécilités dans son humour appuyé par les comédiennes principales qui, pour représenter le caractère humoristique, surjouent avec une force incongrue et consciente qui peut faire sortir du film. L’exagération ne se stoppe jamais, même lorsque le drame prend le relais.

L’enfer est pavé de bonnes intentions
Merlant se perd dans ses bonnes intentions, voulant aborder les traumatismes des violences faites aux femmes de la manière la plus plurielle possible, mais finit par être impertinente sur tout ce qu’elle met en scène, donnant parfois même l’impression de rire au nez de ses thématiques tant elle vise à côté. Même lorsqu’elle parvient, l’espace d’une scène, à avoir un propos qui ne bringuebale pas, celui-ci est désamorcé quelques minutes plus tard. Bien entendu, on pense obligatoirement au côté fantastique, qui semble là sans aucune intention artistique. La réalisatrice n’essaye même pas de feindre d’avoir des idées ou, mieux, que son désir d’insérer du fantastique à l’ensemble soit approfondi pour coller au reste. Le film instaure des choses qui ne servent jamais, si ce n’est pour apporter un lore mal exploité.
Les thématiques auraient pu capter quelque chose, notamment par rapport à la façon dont la justice « diabolise » les femmes victimes qui sont piégées quoiqu’elles fassent (une autre idée similaire, lorsque le mari d’Élise, qui travaille dans la justice, parle de la conclusion de décapitation, fonctionne et c’est bien l’une des seules du film). Aussi, on nous dit dès le départ que le film se déroule pendant un été caniculaire, ce qui ne se ressent jamais à l’écran. Ce n’est pas la mise en scène vraiment correcte et la luminosité ensoleillée qui vont accentuer l’inutilisation de ce point de départ. Sur ce point-ci, il y a un travail indéniable qui fait contraster à la perfection les scènes de jour à celles de nuit, plongées dans une obscurité véritablement horrifique. En conclusion, rater Les Femmes au Balcon ne peut que vous profiter tant il est tout ce qu’il ne faut pas produire au cinéma dans sa quasi-entièreté.

LES FEMMES AU BALCON. De Noémie Merlant (France – 2024).
Genre : Comédie, Horreur.
Scénario : Céline Sciamma, Noémie Merlant.
Photographie : Evgenia Alexandrova.
Interprétation : Souheila Yacoub, Sanda Codreanu, Noémie Merlant, Lucas Bravo…
Musique : Uèle Lamore.
Durée : 105 minutes.
Distribué par Tandem Films (11 décembre 2024)

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