

Certains films sont d’emblée antipathiques. On n’y peut rien, c’est comme ça, dès les premières images, ils livrent à leur corps défendant toutes les clés de leur médiocrité. Une belle gageure en soit. Et une certaine forme d’honnêteté. Même involontaire. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils sont dépourvus de prétention. Bien au contraire… Et Nurse 3D en est une belle illustration. Petit film d’horreur plutôt orienté thriller à suspense (soi-disant) sexy-gore, le quatrième film de Douglas Aarniokoski se verrait bien enfiler le costume du divertissement de genre qui s’affirme dans un même élan porte-étendard moralisateur de la condition féminine, pointant un doigt accusateur sur la tromperie et la muflerie de la gente masculine. En cela, l’ambition ne manque pas. Evidemment, l’effet produit sur le spectateur est bien différent.
Etrange série B, qui souhaiterait se donner des allures de film haut de gamme, Nurse 3D se voudrait de toute évidence subversif. Objectif raté, tant le résultat n’affiche qu’une forme de vulgarité racoleuse et faussement cool. Lorgnant esthétiquement du côté des bandes de type « Grindhouse » qui pullulent en vidéo depuis quelques années (l’effet Boulevard de la mort, Planète Terreur, Machete et cie), notamment au bénéfice d’un générique bien sympa, Nurse 3D en fait des tonnes pour s’offrir les faveurs du spectateur auquel il cligne sans cesse de l’œil. Aarniokoski colle au plus près du derrière de sa comédienne principale, la bomba Paz de la Huerta (Enter the Void, 4h44 Dernier jour sur terre), faisant découvrir au spectateur la bien mauvaise habitude que son personnage a pris, à savoir trucider les hommes infidèles. Il en profite au passage pour dévoiler généreusement la plastique atomique de la Paz. Pour ceux (et celles) qui souhaitent se rincer l’œil, Nurse 3D offre de la matière ! L’actrice de Boardwalk Empire s’y désape en effet intégralement et régulièrement en full frontal. Ni plus ni moins. Pour les besoins d’un rôle exigeant diront les uns… Par pure gratuité répondront les autres.

En forme de Q…
Car Nurse 3D est d’une vulgarité, d’une beauferie sans pareil. Racoleur et opportuniste comme c’est pas permis, le film se dissimule derrière des caches misères en offrant donc son quota de scènes de popotins (uniquement de la Huerta cependant), quelques giclées sanglantes (surtout dans le final, grand-guignolesque à souhait), sans jamais proposer l’once d’un début d’ambition tant scénaristique qu’esthétique. Douglas Aarniokoski, dont les faits d’armes se résument quand même à Highlander Endgame, Animals et The Day (pfffffff…), ne parvient jamais à emballer son film, à faire décoller un énième récit de vengeance contre les hommes, par une infirmière bien trop bandulatoire pour être honnête. D’ailleurs, la prestation de Paz de la Huerta abonde dans le sens d’une incompréhension totale : elle passe l’intégralité du film à tirer une moue boudeuse, incapable d’éveiller le moindre sentiment par son jeu extrêmement limité. Pas de jaloux cependant, tout le casting passe au travers (mon dieu, le caméo éclair de Kathleen Turner… Mais pourquoi ???). L’honneur est sauf ! A part celui du spectateur, qui vient de s’envoyer en intraveineuse un peu plus d’1h20 de crétinerie vulgaire, grossière et vaine…. Quant à la 3D vaillamment ajoutée au titre (encore du racolage à deux balles)… Beurk (en relief)…
NURSE 3D. De Douglas Aarniokoski (USA – 2013).
Genre : Thriller Grindhouse. Scénario : Douglas Aarniokoski et David Loughery. Interprétation : Paz De La Huerta, Katrina Bowden, Judd Nelson, Kathleen Turner… Musique : Anton Sanko. Durée : 83 minutes. Distribué par Metropolitan Filmexport (18 juin 2014).
Chronique en partenariat avec Cinetrafic, qui propose une liste des Meilleurs films d’horreur et des Meilleurs films 2014.

Laisser un commentaire