[Be Kind Rewind] CUT de Kimble Rendall (2000)

Attention Chérie, ça va couper...

En l’an de grâce 2000, parvenait dans nos contrées, en passant par les montagnes vosgiennes du festival de Gérardmer, un petit slasher australien dénommé Cut. On est alors en pleine vague post-Scream, dont le succès mondial et le positionnement méta/slasher entraînent une très longue vague de descendances plus ou moins inspirées. Un phénomène qui trouvait écho jusqu’en Australie où le réalisateur Kimble Rendall bouclait ce petit film d’horreur au budget modeste. Cut s’inscrit dans une lignée d’œuvres s’appuyant sur un concept de mise en abîme, puisqu’on y suit une bande d’étudiants en cinéma bien décidés à achever le tournage d’un slasher stoppé net quelques années plus tôt en raison des meurtres commis sur le plateau par l’un des comédiens. Une poignée d’années plus tard, l’actrice principale revient dans son rôle, tandis que la nouvelle réalisatrice reprend à son compte cette histoire de tueur en série masqué et amateur de cisailles… Disparu des radars depuis bien longtemps, Cut s’avère un hommage plutôt respectueux et connaisseur du genre dans lequel il s’inscrit et ne démérite pas à sa manière. Néanmoins, il n’offre aucune surprise à l’amateur éclairé. Le film de Kimble Rendall suit un schéma bien établi et ne sort jamais des rails. Les meurtres se succèdent, sans être révolutionnaires et originaux, ils arborent des effets spéciaux en dur plutôt efficaces. Toutes les composantes du slasher sont là, avec un léger aspect Whodunit dans un premier temps, puisqu’on ignore qui enfile le masque du tueur, mais une orientation qui laisse vite place à un versant “fantastique” assumé, aspect qui provoque d’ailleurs toujours le débat de la légitimité dans le genre. Mais c’est un autre débat…

Un fan-film plus abouti que la moyenne

Avec son postulat de film dans le film, Cut plonge dans l’envers du décor, sans aller bien loin non plus, ni entrer dans le détail, avec une approche naïve pas bien méchante, mais qui ne propose rien de bien riche à se mettre sous la dent. D’ailleurs, l’argument méta du film est peut-être ce qui peut le plus irriter, car condensé en une trop grande abondance de clins d’œil et de citations de titres du genre sans jamais rien en faire. A la longue, ça en devient globalement agaçant, là où le pilier Scream, même dans ses séquelles les moins abouties, s’appuyait sur un véritable discours en miroir sur les règles et la nature même du slasher. Incomparable. Ici, le film dans le film n’est qu’un décor, une simple toile de fond jamais interrogée. Alors que retient-on aujourd’hui de Cut ? Et bien pas grand chose… Un petit film sympathique, fait avec passion, incontestablement, mais sans aucune personnalité. Dans le même style, on a vu mieux ailleurs, ici, Kimble Rendall se contente d’aligner les clichés, de manière efficace, certes, de convoquer Molly Ringwald (The Breakfast Club) et la chanteuse Kylie Minogue pour une courte apparition et met en scène un tueur masqué à l’allure plutôt convaincante, mais perd en route la substance qui aurait pu faire de Cut autre chose qu’un fan-film plus abouti que la moyenne… D’ailleurs, suite au succès modeste de ce premier long-métrage, Kimble Rendall, qui n’avait jusqu’alors pas fait grand chose, n’en a pas profité pour faire fructifier sa carrière de cinéaste, à part quelques bisseries oubliables (Bait en 2012 et 7 Guardians of the Tomb en 2018). Mais le bougre affiche quelques lignes importantes à son CV en tant qu’assistant réalisateur chez les Wachowski ou encore Alex Proyas. Quand même…

Note : 2 sur 5.

CUT. De Kimble Rendall (Australie – 2000).
Genre : Horreur/slasher. Scénario : Dave Warner. Interprétation : Molly Ringwald, Jessica Napier, Simon Bossell, Sarah Kants, Kylie Minogue, Frank Roberts, Stephen Curry, Cathy Adamek… Musique : Guy Gross. Durée : 83 minutes. Disponible en Blu-ray chez BQHL Editions (15 juin 2021).


L’édition Blu-ray de BQHL PICTURES

TECHNIQUE. Ce disque haute définition proposé par BQHL Editions assure une qualité assez remarquable pour une image que l’on devine soumise à des contraintes de luminosité et d’exposition limitées à l’époque du tournage. On y retrouve un grain assez prononcé mais surtout un niveau de détails et une restitution des couleurs très satisfaisants, ainsi que des contrastes plutôt corrects, même si les scènes de nuit souffrent d’un grain un peu trop présent. Quelques défauts d’image en début de film à noter, dont on ignore s’ils sont volontaires. Mais rien de dramatique.
Deux pistes en anglais et français sont proposées, avec un rendu assez remarquable, dynamique et clair, les dialogues y trouvent leur place sans aucun souci, l’ambiance sonore et la musique ne sont pas en reste.

Note : 3.5 sur 5.

INTERACTIVITE. Le commentaire audio du réalisateur Kimble Rendall a la bonne idée d’être proposé en VOST. Merci à l’éditeur. En revanche, le making-of de deux minutes brut de décoffrage montrant des instantanés de tournage n’a clairement pas la légitimité d’en être un. Bien trop succinct pour être pertinent.

Note : 2 sur 5.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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