[Critique] AAAAAAAAH ! de Steve Oram

AAAAAAAAH ! de Steve Oram

AAAAAAAAH ! de Steve OramOn n’est pas forcément toujours préparé à ce que l’on va voir. Lorsque l’on découvre Aaaaaaaah ! de Steve Oram, le choc est puissant. Le film du Britannique est une micro-production shootés à la DV dans la banlieue londonienne et réunissant une poignée de jeunes comédiens prometteurs.
Steve Oram, réalisateur, scénariste et acteur de ce premier film, n’est pas un inconnu, puisqu’on a pu notamment le voir devant la caméra de Ben Weathley dans Kill List et Touristes. Sa casquette de cinéaste vissée au crâne, il ne choisit pas la facilité et livre une drôle de tentative de greffe associant drame, comédie, et exploration anthropomorphique dans un essai cinématographique qui prêterait à l’homme un comportement et un langage simiesques. Pour faire clair : tous les personnages de Aaaaaaaah ! s’expriment en éructant et se meuvent comme des singes. Durant 1h20 de métrage. L’élément peut décontenancer au départ, ajouté au dispositif de l’image donnant l’impression d’avoir été filmé dans le salon des voisins, une première réaction de rejet peut logiquement naître chez le spectateur. Pourtant, rapidement, on se rend compte que le film fait sens. Ce qui apparaît au départ comme l’équivalent d’un sketch allongé un peu dinguo d’une bande de comiques, se dévoile peu à peu comme une expérience assez fascinante.

AAAAAAAAH ! de Steve Oram

Instinct primal

Dans ce qui s’apparente à un monde parallèle, qui ressemblerait comme deux gouttes d’eau à notre quotidien mais parasité par des personnages au comportement de singes, les interactions entre les différents protagonistes, sur fond d’histoire d’amour contrariée à la Roméo et Juliette, dessinent en creux des rapports de force inhérents à toute tribu, où la conquête du pouvoir, la dominance des plus puissants sont le cœur de la survie, entre mâles et femelles, forts et faibles. Assez adroitement, Steve Oram tisse les liens qui relient chacun des personnages suivant le concept du dominant/dominé et les plaquent dans un contexte quotidien qui parlera à tout à chacun.
Repas, jeux, affrontements, sexe… sont montrés comme des habitudes de vie qui façonnent les personnages suivant leurs instincts les plus primaires. C’est là que le film d’Oram touche au plus juste, en démontrant que derrière le vernis de la socialisation (voire de la normalisation), se cachent des besoins extrêmement primaires. D’où des scènes parfois osées, lorsque les personnages s’accouplent, où des séquences violentes et gores lorsqu’elles s’affrontent.

AAAAAAAAH ! de Steve Oram

Le discours du cinéaste fait mouche au fur et à mesure que “l’intrigue” avance, que les scènes toutes plus bizarres les unes que les autres au premier abord s’enchaînent. Mais ce qui interpelle surtout, c’est que rien ne nous échappe en terme de compréhension, en dépit des uniques éructations des comédiens et de leur gestuelle prêtant parfois à sourire, tout est limpide. Et souvent très drôle. Car Aaaaaaaah ! reste une comédie souvent assez drôle. Parfois même assez émouvante. La performance de tous les comédiens est à cet égard à souligner tant elle relève du tour de force et révèle de potentielles heures passées à examiner le comportement des singes pour, au final, parvenir à reproduire une forme de communication cohérente et intelligible.
Sous couvert d’un petit film indépendant à l’allure débraillée, Aaaaaaaah ! se révèle au final d’une puissance d’évocation assez phénoménale. Et même si l’histoire qu’il nous raconte n’a finalement rien d’extraordinaire, le procédé employé pour nous la conter la transcende pour nous proposer un véritable discours transgressif sur les rapports humains. Rien que ça.


AAAAAAAAH !
Steve Oram (Royaume Uni – 2015)

Note : 3Genre Comédie anthropomorphique – Interprétation Steve Oram, Lucy Honigman, Julian Barratt, Alice Low… – Musique David Westlake – Durée 79 minutes – Distributeur Blaq out.

L’histoire : Smith, Mâle Alpha, accompagné de son Bêta, Keith, veulent prendre le contrôle d’une petite communauté. En se rapprochant d’une Femelle, Denise, ils vont réveiller de vieilles rancunes au sein de la tribu. Une querelle mortelle s’annonce. Sommes-nous des Hommes ou des Bêtes ?

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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