Amanda Nell Eu en est à son premier long-métrage, n’ayant sorti que deux courts-métrages en 2017 et 2019. Son premier film long Tiger Stripes a été diffusé à La Semaine De La Critique 2023 où il a remporté le Grand Prix. Je l’ai donc vu à la Cinémathèque Française de Paris, en rediffusion de la Semaine De La Critique 2023, tandis que le film vient de gagner le H. R Giger « Narcisse » du meilleur film au NIFFF 2023. Avant de démarrer, le synopsis du film en question : Zaffan, 12 ans, vit dans une petite communauté rurale en Malaisie. En pleine puberté, elle réalise que son corps mute à une vitesse inquiétante. Ses amies se détournent d’elle alors que l’école semble sous l’emprise de forces obscures. Comme un tigre harcelé et délogé de son habitat, Zaffan décide de révéler sa vraie nature, sa fureur, sa rage et sa beauté.

Enragé, kitsch et engagé

Premier point à noter, l’actrice principale Zafreen Zairizal offre une performance puissante, exprimant la joie, la tristesse mais surtout la colère qu’elle joue de façon mystique dans des positions animales fortes. Au niveau du casting secondaire, cela reste très efficace. L’écriture des personnages est plutôt classique (la protagoniste qui s’émancipe, l’« amie » assez méchante et qui lâchera l’héroïne ou encore la camarade coincée entre les avis des deux amies), on suit un trio attachant mais sans extravagance. La photographie du film est intéressante mais jamais transcendante dans sa façon de filmer les personnages ou les décors malgré une utilisation du hors-champ efficace. Niveau effets spéciaux, les maquillages sont bien foutus, c’est moins le cas pour les effets numériques, qui restent assez kitsch, mais si on prend en compte le côté film malaisien à petit budget, ça fait clairement l’affaire (même si la salle rigolait pas mal en vue de certaines effets spéciaux ; quand Zaffan monte les arbres notamment). La lumière est vraiment bien gérée, notamment les moments où elle est artificielle et/ou très forte pour appuyer tout le côté « société religieuse ». Le scénario, basé sur un schéma relativement classique, se révèle néanmoins très bien écrit, avec un coming-of-age puissant et assez singulier dans sa forme, l’idée du tigre n’étant pas trop utilisé. Assez mystique, le film tombe même dans de l’horreur pure notamment lors d’une scène au cours de laquelle Zaffan va dans la cuisine et qu’une lumière rouge-bleue couvre la pièce avant qu’elle voit un animal ; très anxiogène alors qu’il s’agit d’un moment vraiment sommaire. Il y a même du body horror à la Julia Ducournau (notamment dans le côté métamorphose à la croisée de Junior et Grave) transposé en Malaisie, ce qui est vraiment fort. Le film est aussi assez drôle à travers certaines scènes (celles du charlatan ou encore de la professeure) et plutôt tendre envers sa protagoniste. Vous l’aurez compris, Tiger Stripes est certes un peu classique sur les bords, mais reste très bon dans son sous-texte, grâce à son actrice principale et surtout dans la passion que la cinéaste communique dans son film. Je ne peux que vous le conseiller, il sera en salles dès le 13 mars 2024.

Note : 3.5 sur 5.

TIGER STRIPES. De Amanda Nell Eu (Malaisie – 2023).
Genre : Horreur, Drame. Scénario : Amanda Nell Eu. Interprétation : Zafreen Zairizal, Piqa, Deena Ezral, Shaheizy Sam… Musique : Gabber Modus Operandi. Durée : 95 minutes. Distribué par Jour2fête (13 Mars 2024).

Une réponse à « [Critique] TIGER STRIPES de Amanda Nell Eu »

  1. […] sur les écran français le 13 mars 2024. Nous avions dit tout le bien que l’on en pensait dans la critique enjouée de Nolan. Bonne nouvelle pour les Parisiens, le film est projeté en avant-première mardi 31 octobre à […]

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