Justin Benson et Aaron Moorhead sont aujourd’hui connus pour leurs films de science-fiction intelligents mais jamais prétentieux. Ils débutent dans la réalisation de longs-métrages en 2012 avec Résolution (plus film d’horreur que science-fiction, a priori) avant de continuer en 2014 avec Spring (qui semble marquer leurs débuts dans la science-fiction), plutôt apprécié par les critiques. C’est en 2017 que les cinéastes commencent à se faire connaître avec The Endless, film de science-fiction sur une secte qui constituait une vraiment bonne surprise. Ils continuent après ce petit succès en 2019 avec Synchronic, film bien écrit et très réussi techniquement. Après un passage dans les festivals en 2022 (dont le PIFFF), leur nouvel effort Something In The Dirt est sorti sur Shadowz. Le film parle de deux voisins qui tentent d’expliquer les phénomènes paranormaux dont ils sont témoins, et se perdent dans un dédale conspirationniste.

Verbeux, minimaliste et légèrement absurde

Tourné alors que la pandémie de COVID-19 fait rage, le film est monté avec très peu de moyens et des décors très limités. En partant de ce postulat et du fait que le film affiche donc certaines limites, il s’accomode plutôt bien de ses restrictions, avec un travail appuyé au niveau de la photographie qui, malgré son côté un peu répétitif, propose un résultat fascinant. Pour continuer dans le côté « économie de moyens », les CGI et autres effets spéciaux, bien que peu présents, sont franchement efficaces (lévitation d’objets, une scène de reconstitution truquée…) et toujours crédibles. Pour autant, le film utilise assez peu d’effets, on est en présence d’une œuvre plus verbeuse et intellectuelle que vitaminée et à grand spectacle. Un postulat déjà d’actualité pour The Endless et Synchronic, qui avait pourtant pas mal d’effets spéciaux (notamment pour le second), mais qui se confirme un peu plus dans Something In The Dirt qui ralentit encore la cadence, ce qui pourra laisser beaucoup de monde sur le bord de la route. Le film évoque le complotisme et la médiatisation à tout prix (un peu à la façon de Nope de Jordan Peele, mais en beaucoup moins spectaculaire). Déjà, de part le fait que les coïncidences qui s’enchainent emmènent les personnages dans une spirale de complots et d’imagination débordante en retranscrivant l’ennui du quasi-enfermement (le film ne se déroulant pas réellement pendant le confinement). Et, surtout, le film peut paraître auteurisant et pseudo-intellectuel de par ses nombreux aspects mathématiques et scientifiques, mais se révèle intéressant principalement par sa critique du complotisme. N’oublions pas cependant que le film dure 1h56 et que ce concept ne peut pas tenir tout seul. Le film déploie donc une bonne dose d’humour à travers les théories farfelues alimentées par ses protagonistes. Au-delà de cet humour et des réflexions sur l’humain, les personnages sont bien écrits et développés ; l’un étant très intelligent mais apparaissant comme plein de bêtise à cause de son obsession et l’autre paraissant « bête » mais en réalité plus lucide que son camarade. Au niveau du casting, Justin Benson et Aaron Moorhead, dans les deux rôles principaux, sont très bons. Pour conclure, je dirai que Something In The Dirt est peut-être le « pire » Benson/Moorhead mais reste franchement efficace et est un film de confinement très fort qui, malgré son budget maigrichon et ses décors limités, a su adapter son scénario à ses contraintes pour offrir une perle bavarde (dans le bon sens du terme) à découvrir sur Shadowz.

Note : 3.5 sur 5.

SOMETHING IN THE DIRT. De Aaron Moorhead et Justin Benson (2023 – USA).
Genre : Science-Fiction, Mystère. Scénario : Justin Benson. Interprétation : Aaron Moorhead, Justin Benson, Sarah Adina Smith, Wanjiru M. Njendu… Musique : Jimmy LaValle. Durée : 116 minutes. Disponible sur Shadowz.

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