

En 1981, Sam Raimi réalisait Evil Dead. Un modeste film de série B au budget modeste mais qui au fil du temps, est devenu l’un des plus grands classiques du cinéma d’horreur. A l’occasion des quarante ans du film (qui est sorti dans les salles françaises le 24 août 1983), nous vous offrons une nouvelle promenade dans les bois afin de redécouvrir ce chef-d’œuvre.
Passionné très jeune par le cinéma, c’est au cours d’art dramatique que Sam Raimi fait la rencontre de Bruce Campbell qui deviendra rapidement son acteur fétiche. Grands fans des Trois Stooges (troupe comique américaine), ils réalisent en super 8 avec leur ami commun Scott Spiegel divers courts-métrages avant que ce dernier ne lui fasse découvrir le cinéma fantastique, ce qui deviendra alors une révélation pour Sam. Le trio continue ses activités avant d’être rejoint par Robert Tapert qui n’est autre que le colocataire de Sam et un ami de ses frères. Étant sur la même longueur d’ondes, ils décident alors en 1978 de produire leur premier court-métrage fantastique : Within the Woods (que vous pouvez retrouver sur YouTube) qui, initialement destiné à convaincre les investisseurs à l’époque, est considéré par les fans comme une première ébauche assez réussie du film que nous connaissons aujourd’hui. Plutôt bien accueilli par le public lors de plusieurs projections universitaires, ce dernier a même été programmé dans un cinéma de Detroit en première partie du Rocky Horror Picture Show. Fort de ce succès, il est donc temps pour le groupe d’ami de plonger dans le grand bain.

Un petit budget mais de grandes idées
Après deux ans de préparatifs, c’est avec un budget de 350 000 dollars que l’équipe se lance dans la production de Book of the Dead (qui sera ensuite rebaptisé Evil Dead). Un budget très modeste, un scénario qui tient sur un ticket de métro mais cela ne sera pas un frein pour le groupe d’amateurs qui ne manque pas d’idées. Pensé à la base comme une comédie horrifique (ce que nous retrouverons davantage dans le deuxième opus), le film nous fait suivre le périple de cinq amis (deux garçons et trois filles) qui ont eu la bonne idée (ou pas) de passer leurs vacances dans une cabane perdue au fond des bois. Dans la cave de cette dernière, ils trouvent un exemplaire du Necronomicon (ouvrage fictif inventé par l’écrivain américain H. P. Lovecraft) ainsi qu’un vieux magnétophone qui, une fois en marche, réveillera des forces démoniaques bien décidées à leur faire passer un weekend d’enfer…

Jusqu’en enfer
Passée la découverte du livre des morts, Sam Raimi nous offre un huis clos aussi fascinant que dérangeant rappelant parfois les comics des 50’s comme Tales From The Crypt. L’horreur monte crescendo, s’accentuant à l’aide de bruitages terrifiants et de la bande-son composée par Joseph LoDuca qui collaborera une nouvelle fois avec le réalisateur pour la série Xena la guerrière quelques années plus tard. L’ambiance qui règne au sein de la cabane n’est pas sans nous ramener vers des classiques comme Massacre à la tronçonneuse ou encore La Nuit des morts-vivants, lorsque nos citadins seront assiégés par les forces démoniaques. La tension est palpable à chaque instant et on s’identifie rapidement aux différents protagonistes terrifiés par l’expérience qu’ils sont en train de vivre. Côté maquillage, la qualité des SFX (made in Tom Sullivan qui collaborera avec Sam Raimi pour les deux opus suivants) reste d’une efficacité indéniable, comme lors de la possession de Cheryl qui est vraiment terrifiante en deadite (nom de la créature qui prend possession du corps de certains protagonistes), ou encore la scène du viol, qui est encore sur toutes les lèvres aujourd’hui, malgré un côté système D lié au manque de budget. Les effets gore ne sont pas en reste non plus, nous offrant un joli carnage durant la dernière demi-heure du film qui amène la tension à son comble, malgré quelques longueurs pendant la seconde partie. Malgré ces quelques défauts, on retrouve tout ce qui fera le style de Sam Raimi années après années. Le cadrage est particulièrement dynamique, le travail de la lumière lors des scènes en forêt est assez surprenant tout comme les travellings réalisés avec les moyens du bord. Par exemple, la scène de la poursuite du lac a été filmée depuis une petite embarcation tirée par Bruce Campbell, tandis que Sam Raimi y était allongé pour filmer la scène. La technique du Shaky cam fonctionne à merveille encore maintenant. Les expérimentations visuelles ne manquent pas d’audace, ce qui apporte au long-métrage une certaine singularité en son temps ce qui sera longuement salué par la critique comme les spectateurs à sa sortie en salles.
Malgré quelques effets vieillissants, Evil Dead reste une référence du genre que nous ne pouvons que vous recommander. Si vous n’avez pas encore vu ce classique et ses suites (que nous évoquerons prochainement sur Obsession B), sachez qu’à l’occasion de la sortie en blu-ray d’Evil Dead Rise, le dernier opus en date de la saga, Metropolitan a commercialisé il y a quelques jours un coffret regroupant les cinq films.
EVIL DEAD (The Evil Dead). De Sam Raimi (USA – 1981).
Genre : Epouvante-horreur. Scénario : Sam Raimi. Interprétation : Bruce Campbell, Ellen Sandweiss, Betsy Baker, Hal Delrich, Theresa Tilly. Musique : Joe LoDuca. Durée : 80 minutes. Disponible en DVD et Blu-ray chez L’atelier d’images. (21 janvier 2020).

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