

Adilkhan Yerzhanov est certainement le réalisateur kazakh, voir d’Asie Centrale, le plus connu en Occident. Principalement pour ses comédies burlesques ou ses drames terre à terre ou/et proches de ses personnages. C’est un cinéaste assez prolifique (un film chaque été et un autre chaque hiver) qui ne saurait forcément correspondre à tout le monde, mais dont le cinéma reste très intéressant. Le 12 juillet 2023, deux de ses récents films sont sortis au cinéma en France : Assaut (comédie burlesque sur des bras cassés qui doivent sauver des élèves menacés par des preneurs d’otages aussi bêtes qu’eux) et surtout L’Education D’Ademoka, notre film du jour. Ce dernier parle d’Ademoka qui souhaite aller à l’école mais son statut de Lyuli – sorte de gitan d’Asie Centrale – la destine à la mendicité. Erkin, autrefois écrivain célèbre, aujourd’hui professeur insolite, vient d’être renvoyé de son école. Il va repérer le talent d’Ademoka et décide de la prendre sous son aile, en lui transmettant une éducation.

Aussi réaliste qu’idéaliste
Dès le début, nous sommes placés dans un film ensoleillé et pourtant assez froid, comme sait le faire Yerzhanov. Sa caméra est fixe, ses plans durent pour nous immerger dans le monde d’Ademoka. Ce monde où elle est seule face aux absurdités de sa situation et de la tradition d’Asie Centrale que le cinéaste dénonce avec un décalage assez simple. Car le film est simple ; il n’a rien d’extraordinaire, aucune scène qui ressort ou même un personnage avec beaucoup de nuances. Là où Assaut, l’autre Yerzhanov sorti la semaine du 12 juillet 2023, proposait un décalage et un côté vide tout de même bien marrant, et approfondissait un brin plus ses personnages, L’Education D’Ademoka est beaucoup plus sérieux et, surtout, semble être une troisième ou à peine deuxième version de scénario. Car c’est le revers de la médaille de proposer deux films par an : l’un des deux est souvent plus faible, même si, officiellement, Assaut date de 2022 (Immunité Collective était le film d’été de cette année-là). Donc, soit, il y a de l’espoir et de l’amour pour ses personnages, mais le scénario explore rapidement ses thématiques et ses personnages, en 20-25 minutes, avant de faire du quasi-surplace pendant à peu près une heure jusqu’à une fin sympa, même si un brin douteuse par son idéalisme. La musique du film de Sandro Di Stefano est très sympathique, mais reste trop répétitive et surutilisée pendant littéralement les trois quarts du film. L’interprétation d’Adema Yerzhanova et Daniyar Alshinov (Sweetie You Won’t Believe It, Assaut), l’un des habitués de Yerzhanov, est solide, le duo principal reste attachant. C’est surtout à travers son côté comédie absurde kazakh que le film frôle le genre (car on est tout de même sur Obsession B !), tout en n’étant pourtant jamais noir, ni un thriller ou même fantastique. Pour finir, je dirais que L’Education D’Ademoka n’est pas une merveille, mais pas non plus un film long et ennuyeux, plutôt une œuvre idéaliste. C’est néanmoins à voir, tout comme Assaut, qui lui reste supérieur.
L’EDUCATION D’ADEMOKA. D’Adilkhan Yerzhanov (Kazakhstan – 2022).
Genre : Comédie/drame. Scénario : Adilkhan Yerzhanov. Interprétation : Adema Yerzhanova, Daniyar Alshinov, Bolat Kalymbetov… Musique : Sandro Di Stefano. Durée : 89 minutes. Distribué par Destiny Films (12 juillet 2023).

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