Kim Jee-woon est un réalisateur considéré comme l’un des plus grands de Corée du Sud, notamment grâce à J’ai Rencontré Le Diable et à Deux Sœurs, le reste de sa filmographie, bien que moins connue du grand public, a marqué durablement bon nombre de cinéphiles. Son nouveau métrage, Ça Tourne A Séoul (plus connu sous le nom de Cobweb) sort dans nos salles le 8 novembre 2023 après un passage hors-compétition au Festival de Cannes cette année. L’action du métrage se place à Séoul en 1970 : le réalisateur Kim souhaite refaire la fin de son film d’horreur « Cobweb ». Mais les autorités de censure, les plaintes des acteurs et des producteurs ne cessent d’interférer, et un grand désordre s’installe sur le tournage. Kim doit donc surmonter ce chaos, pour achever ce qu’il pense être son chef-d’œuvre ultime. La grande force du film est son rythme qui sait balancer entre séquences hyperactives et celles plus posées pour faire que l’on ne s’ennuie pas une seule seconde et que notre immersion ne soit que plus grande. Le casting est excellent avec le culte Song Kang-ho en tête qui joue très justement. Il reste accompagné des solides Lim Soo-jung, Oh Jung-se ou encore Jeon Yeo-been en solides rôles secondaires. Ils ont tous l’énergie requise pour endosser leurs personnages et enrichir le récit. Aussi, les personnages ont beau être d’un nombre considérable, ils ont le temps d’être travaillés dramatiquement pour avoir de la substance et des intrigues assez prenantes et qui ne rouleront jamais sur le récit principal. Car, même si les protagonistes sont parfaitement écrits et joués, ils sont finalement peu attachants vu que l’histoire globale nous prend bien plus grâce, dans la façon dont elle est orchestrée ; on est ainsi plus attaché au récit qu’aux protagonistes, qui ne semblent là que pour servir le grand schéma qui défile sous nos yeux. Le film est, sans équivoque, un drame sur la création d’un film qui nous touche car tout semble logique et rien ne semble tenir du cinéma notamment grâce à la maestria de chaque dialogue qui tient du réel, ce qui ne fait que nous fasciner davantage. Aussi, le métrage est une grande comédie drolatique avec des dialogues absurdes ou loufoques qui font rire aux éclats car toujours placés avec subtilité sans être lourds. Shin Yeon-shick, le scénariste, balance les genres minutieusement dans un savant dosage. Et tout cela est appuyé par une mise en scène chiadée avec des plans bluffants, Kim Jee-woon démontrant de nouveau que c’est un grand réalisateur. En conclusion, Ça Tourne A Séoul est un film rare assez peu défectible et qui, même s’il fait finalement ressentir assez peu d’émotions, nous prend dans toute sa proposition de cinéma pure et finalement assez rare de nos jours (il y a récemment eu Fermer Les Yeux de Victor Erice). Cela prouve que Kim Jee-woon est toujours l’un des grands cinéastes coréens qui peut explorer tous les genres avec une facilité indéniable.

Note : 3.5 sur 5.

ÇA TOURNE A SEOUL (Cobweb). De Kim Jee-woon (Corée du Sud – 2023).
Genre : Comédie, Drame. Scénario : Shin Yeon-shick. Directeur de la photographie : Kim Ji-yong. Interprétation : Song Kang-ho, Lim Soo-jung, Oh Jung-se, Jeon Yeo-been, Krystal Jung, Park Jung-soo… Musique : Mowg. Durée : 135 minutes. Distribué par The Jokers Films (8 novembre 2023).

2 réponses à « [Critique] ÇA TOURNE A SEOUL de Kim Jee-woon »

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