

Kristoffer Borgli est un cinéaste norvégien derrière quelques courts-métrages réalisés entre les États-Unis et la Norvège. C’est en 2017 qu’il réalise ce que l’on appelle un docu-fiction (ou encore un documenteur) du nom de DRIB, tourné en Norvège et abordant le récit d’un homme devenant célèbre du jour au lendemain grâce à des vidéos truquées. Cinq ans plus tard et toujours dans son pays d’origine, Borgli signe Sick Of Myself, qui nous contait l’histoire de Signe, une femme narcissique atteignant la popularité grâce à un mensonge ; une pépite d’humour noir comme rarement vue, d’une cruauté sans pareille et avec un propos plus qu’intéressant. L’année suivante, cette fois-ci aux États-Unis et produit par A24 et Ari Aster, Kristoffer Borgli revient avec Dream Scenario, film d’ouverture du PIFFF 2023 qui alimentait nos espérances depuis quelques temps. Ce film conte l’histoire de Paul Matthews, un homme ordinaire, un peu loser, qui va apparaître dans les rêves de chaque personne sur Terre, ce qui lui donnera la célébrité. Alors que Paul est très heureux de la situation, cette dernière dégénère pour prendre une tournure imprévisible et cauchemardesque. Comme vous l’aurez compris en lisant les synopsis des trois films de Borgli, ce dernier a un sujet de prédilection : la popularité soudaine. Là où Sick Of Myself traitait cela vilement, Dream Scenario est plus tendre et aimant, sans porter de réel jugement envers Paul, qui nous apparaît donc comme attachant malgré son ego grandissant (mais on ne peut lui en vouloir vu ce qui lui arrive). C’est par ailleurs l’une des forces du métrage, l’écriture tout en subtilité de ses personnages, Paul étant très bien nuancé dans sa personnalité, tout comme les autres protagonistes, un minimum mis en avant tels que Janet, la femme de Paul, qui apparaît aussi comme très attachante. C’est assez perturbant de voir la maîtrise de Borgli sur deux films totalement à l’opposé l’un de l’autre, mais le fait que Dream Scenario soit moins satirique que Sick Of Myself pèche sur certains points, ce nouveau film reste beaucoup plus en surface sur certains aspects, mais distille une réflexion passionnante sur la cancel culture et sa bêtise ou encore sur le simple fait que l’on « rêve » parfois trop de certaines situations, et que l’on est souvent déçu, approche bien exploitée par Borgli, notamment la scène où Paul va voir chez elle une employée de l’entreprise de marketing qui l’accompagne. C’est surtout dans l’univers du récit que l’on pouvait en attendre plus. D’un autre côté, la simplicité est très agréable, notamment en termes dramatiques, on est très touché par certaines choses, notamment et surtout le relation entre Paul et Janet, très émouvante. Autre point fort, la photographie de Benjamin Loeb, également à l’œuvre sur l’excellent Mandy et Sick Of Myself, qui conçoit une image toujours aussi granuleuse, des plans très beaux et arrivant à capter chaque personnage et décor. Et, bien entendu, Nicolas Cage livre une très bonne performance, il parvient à se mette dans le peau de ce professeur un peu démodé et gênant (la courte scène avec la bouteille de vin, rapidement visible dans la bande annonce, est géniale de malaise). En conclusion, Dream Scenario est un film humble et simpl(ist)e mais qui n’en demeure pas moins excellent dans son humour absurde et bien dosé, dans ses personnages touchants et humains ; l’un des meilleurs films de l’année, sans aucun doute, et une ouverture parfaite pour le PIFFF 2023 avec Godzilla Minus One.

DREAM SCENARIO. De Kristoffer Borgli (USA – 2023).
Genre : Comédie, Drame, Fantastique. Scénario : Kristoffer Borgli. Directeur de la photographie : Benjamin Loeb. Interprétation : Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera, Dylan Gelula, Lily Bird, Jessica Clement, Tim Meadows, Kate Berlant… Musique : Owen Pallett. Durée : 102 minute. Découvert au PIFFF 2023, distribué par Metropolitan FilmExport (27 décembre 2023).

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