Umberto Lenzi n’a jamais été le plus célébré des cinéastes transalpins, dans l’ombre des Mario Bava, Dario Argento et autres Lucio Fulci, il a régulièrement porté avec lui cette image de réalisateur bas de gamme. Pourtant, c’était un très honnête artisan, avec des hauts et des bas, capable d’œuvrer dans tous les (sous-)genres (films de cannibales, horreur, Giallo, poliziottesco…). Lenzi a notamment livré quelques Gialli, et pas les plus inintéressants : Meurtre par intérim en 1971, Le Couteau de glace en 1972, Spasmo en 1974 ou encore Chats rouges dans un labyrinthe de verre en 1975, peuvent en témoigner. En 1972, sort l’un de ses opus plus marquants, Le Tueur à l’orchidée, qui, bien qu’assez classique dans son déroulé, s’éloigne pourtant par certains aspects du Giallo de pure tradition.

Un mystérieux tueur s’en prend à des femmes, laissant auprès de leur corps un médaillon en forme de croissant de lune. Sa troisième victime, Giulia Torresi, réchappe à la mort dans le train de nuit Paris-Rome. Pour la garder en sécurité, l’inspecteur Vismara, chargé de l’enquête, la fait passer pour morte. Mais un lien entre les meurtres apparaît à Giulia et, aidée de son mari, Mario Gerosa, couturier, la jeune femme décide de mener sa propre enquête. Il s’avère, en effet, que les femmes assassinées avaient toutes séjourné, deux ans auparavant, dans le même hôtel, que fréquentait un Américain dont le trousseau de clés s’ornait justement d’un croissant de lune…

Le résumé de cette intrigue ne renseigne finalement pas tellement des pas de côté qu’effectue Lenzi par rapport au thriller transalpin de série. On y retrouve bien un jeune couple menant son enquête pour démasquer un tueur, des policiers limités aux méthodes douteuses, et surtout un tueur insaisissable présenté dans les règles de l’art du Giallo, toute en caméra subjective. Mais le déroulé de l’intrigue suit cependant davantage l’enquête sous la forme d’un whodunit, un film policier, qui n’hésite pas à verser dans la légèreté toute relative, l’humour noir, qui confère au film un aspect particulier. Peut-être que la coproduction allemande explique en partie cet écart. Quoi qu’il en soit, le film s’avère très plaisant à suivre, sur un rythme là aussi singulier pour un Giallo, qui se refuse aux temps morts. Les meurtres sont quant à eux plutôt inventifs, et participent à la générosité de l’ensemble, porté par une mise en scène très soignée de Lenzi. Dans les rôles principaux, on retrouve la comédienne allemande Uschi Glas (La Morte de la Tamise), associée à Antonio Sabàto (Brigade Anti Racket) et Pier Paolo Capponi (Photos interdites d’une Bourgeoise). A noter la partition musicale de Riz Ortolani (Mondo Cane, Perversion Story).

Très clairement, Le Tueur à l’orchidée ne figure pas parmi les meilleurs Gialli de l’histoire, il ne révolutionne rien, mais il propose suffisamment de singularités et d’atouts par petites touches pour s’offrir le statut d’oeuvre de genre plus que recommandable.

Note : 3 sur 5.

LE TUEUR A L’ORCHIDEE (Sette orchidee macchiate di rosso). De Umberto Lenzi (Italie/Allemagne de l’Ouest – 1972).
Genre : Giallo.
Scénario : Roberto Gianviti, Paul Hengge, Umberto Lenzi.
Photographie : Angelo Lotti.
Interprétation : Antonio Sabàto, Uschi Glas, Rossella Falk, Pier Paolo Capponi, Petra Schürmann…
Musique : Riz Ortolani.
Durée : 92 minutes.
Distribué en vidéo par Le Chat qui Fume (11 avril 2025).

Le Blu-ray du CHAT QUI FUME. Comme d’habitude, Le Chat qui Fume propose une version du film techniquement exemplaire, débarrassée de l’ensemble de ses défauts. La copie HD est assez remarquable, en termes de netteté, de précision et de contrastes. Les versions italienne et française sont proposées en DTS-HD MA 2.0 et font le job.
Au rayon interactivité, l’édition s’avère généreuse et pertinente. On peut déjà profiter d’une intervention d’Umberto Lenzi lui-même, dans « Les Fleurs de sang » (24′). Autre témoignage, celui de la comédienne Gabriella Giogelli dans « Mémoire d’un meurtre » (19′). Enfin, outre la bande-annonce du film, Le Chat qui Fume propose le documentaire « Le giallo : une radiographie de l’Italie d’après-guerre » (41′). De quoi faire, donc.

Laisser un commentaire