[Livre] STARFIX – HISTOIRE D’UNE REVUE de Nicolas Rioult

Il était une fois... une revue militante...

Starfix, la revue de cinéma plébiscitée par des dizaines de milliers de lecteurs assidus dans les années 80-90, a fait l’objet d’un ouvrage récemment publié aux éditions 2501. Son auteur, Nicolas Rioult, revient sur ce phénomène sans grand équivalent dans le domaine de la presse cinématographique française. Magazine punk, Starfix l’était assurément. Né en 1983 avec une ouverture de Une dédiée au Dark Crystal de Jim Henson, la revue n’a cessé tout au long de son existence de défendre une certaine idée du cinéma. Un état d’esprit qui habitait ses fougueux rédacteurs, dont les noms sont aujourd’hui bien connus des cinéphiles avertis. Christophe Gans, Nicolas Boukhrief, Christophe Lemaire, François Cognard, Doug Headline… Les piliers de l’aventure Starfix ont toujours défendu le cinéma de genre, animés d’une foi inébranlable, mais pas seulement… L’équipe se permettait dans un même élan de traiter et d’encenser des films aussi différents que Razorback de Russel Mulcahy (1984), Videodrome de David Cronenberg (1983) et L’Amour Braque d’Andrezj Zulawski (1984), quand la critique bien pensante de l’époque ne voulait même pas entendre parler de ces œuvres pestiférées, et pourtant aujourd’hui largement réévaluées par ces mêmes institutions de presse cinéma

Trajectoire chaotique

L’aventure Starfix n’a pourtant pas été de tout repos pour ses concepteurs, ainsi que pour ses lecteurs. Le magazine a connu une trajectoire chaotique, est passé par de nombreuses évolutions, tant dans sa forme, son contenu éditorial, que dans son équipe, les rédacteurs en chef s’étant succédés durant ses sept années d’existence. C’est cette histoire, belle et savoureuse pour tous ceux ayant connu les années Starfix, mais également pour les amoureux du ciné de genre, que Nicolas Rioult explore au sein de son ouvrage. Parti à la rencontre des principaux acteurs ayant œuvré pour la revue, l’auteur a ainsi regroupé une série de témoignages, plus ou moins récents, qui évoquent la naissance, la vie et la mort de ce monument de presse ciné. Pour qui n’a pas connu cette période de prospérité de la presse cinéma dans les années 80, la découverte de ces témoignages pourra paraître au choix : ahurissant, naïf, disproportionné… A l’heure où chacun s’autoproclame critique au sein de l’océan des blogs de cinéma sur internet (Obsession B style !!!), (re-)découvrir une période durant laquelle des journalistes de ciné affichaient une véritable passion pour un cinéaste, un film ou un acteur, qu’il fallait partager coûte que coûte avec les lecteurs, tel un acte d’engagement et de revendication assumé, est une vraie bouffée de fraîcheur. Gans, Boukhrief, Cognard and co étaient ni plus ni moins que les porte-paroles d’un cinéma méprisé le plus souvent, confidentiel dans le meilleur des cas, et qu’il était urgent et indispensable de faire découvrir aux spectateurs. Aux côtés de Mad Movies ou encore l’Ecran Fantastique, qui arboraient chacun des tons différents, Starfix relevait d’un esprit de « fanzine » développé avec davantage de moyens. D’ailleurs, tous ses rédacteurs principaux en étaient eux-même issus. Un esprit du fanzinat qui ne veut plus dire grand chose aujourd’hui. Le développement tentaculaire d’internet et de ces blogs naissant chaque jours aux quatre coins de la toile, n’entretient guère plus de points communs avec les publications en photocopies A4 réalisées à l’époque par les cinéphiles passionnés. L’entreprise de réalisation du fanzine relevait d’un sacré labeur comparé aux copiers-collés actuels des infos pullulant sur le net, où rien n’est caché, tout est dévoilé à l’avance et partagé dans la course à l’info, sans grande ambition d’analyse… Mais je m’égare…

L’esprit Starfix

C’est cet état d’esprit de passion, de partage, cette volonté de militantisme, d’informer la planète cinéma, qui animaient les équipes successives de Starfix. Et c’est ce que parvient à faire revivre en un peu plus de 160 pages Nicolas Rioult dans son ouvrage. Une époque où tout était possible, et où chaque texte « starfixien » transpirait de la passion de son auteur. On peut remercier Nicolas Rioult d’avoir su faire renaître au sein de son ouvrage, l’esprit de la revue et tout ce qu’elle représentait. Pourtant, force est de constater que tout n’est pas parfait dans ce Starfix – Histoire d’une revue. Problème de forme tout d’abord, avec une maquette assez mal agencée, composée de photos placées en milieu de page et ne facilitant pas la lecture. Le style d’écriture quant à lui, n’est pas toujours très heureux, et puis il y a cette frustration liée à certains témoignages datant d’il y a près de dix ans. Le retour sur les carrières de réalisateur de Christophe Gans ou Nicolas Boukhrief suite à leur départ du journal, sont restées bloquées respectivement à Crying Freeman et Va Mourir !… Dommage… Dommage également que les personnalités interrogées n’aient pu s’appesantir sur l’état de la presse cinéma actuelle, et de son descendant illégitime du net… Mais sans chipoter, il faut bien reconnaître que l’essentiel est là ! Pour tout passionné de cinéma et de presse, pour tout défenseur d’un certain type d’oeuvres défendues bec et ongles par des passionnés, la lecture de ce Starfix – Histoire d’une revue est essentielle. Ne serait-ce que pour rappeler à tous les critiques en herbe actuels  d’où ils viennent…


STARFIX – HISTOIRE D’UNE REVUE
Nicolas Rioult (2011)

Note : 4

172 pages. Parus aux éditions 2501. Disponible à Movies 2000 ou en vente par correspondance sur le site : http://www.starfixlelivre.com/index.htm

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

2 Comments on [Livre] STARFIX – HISTOIRE D’UNE REVUE de Nicolas Rioult

  1. Et on le trouve où ce livre ???

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  1. [Critique] L’ANTECHRIST d’Alberto De Martino (1974) – Obsession B

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