[Be Kind Rewind] HORROR HOSPITAL d’Anthony Balch (1973)
Les années 70 ne sont pas forcément tendres avec les productions fantastiques britanniques. Les films d’épouvante anglais mis en boîte sous l’égide des sociétés de production Hammer, Amicus ou encore Tyburn filent alors un mauvais coton. Après de glorieuses décennies à surfer sur la vague d’une épouvante gothique inventive, les productions de genre anglaises sont désormais marquées par un net déclin artistique.
En 1973, sort donc sur les écrans anglais cet Horror Hospital qui marque en quelque sorte les limites de ce type de productions, tout en conservant néanmoins un charme certain. Dans la clinique du docteur Storm, il se passe des choses pas très catholiques… On y accueille des jeunes êtres un peu paumés pour en faire des cobayes lobotomisés. Le refrain n’est pas très original. Les thèmes de l’enfermement, de l’aliénation, sont abordés au premier degré, dans une tradition du film fantastique que l’on retrouve également chez certains auteurs franco-espagnol comme Jean Rollin ou Jess Franco, auxquels Horror Hospital peut faire penser par instants.
Ici, le réalisateur Anthony Balch (Secrets of sex) propose un cocktail de frissons et d’érotisme, saupoudré d’une pincée de gore outrancier (des décapitations à l’aide d’un ingénieux système de lames fixées sur les portières d’une voiture), et d’un soupçon d’érotisme soft (Vanessa Shaw s’effeuille gentillement). La recette n’est pas complètement digeste, mais comme à l’accoutumée, il y a ce petit quelque chose en plus qui hisse ces films anglais au-dessus du lot. Une forme d’ambiance décalée, qui en fait une oeuvre sortant du tout venant. L’aspect irréel assumé de cet Horror Hospital, déjà provoqué par le cadre de ce manoir perdu au fin fond de la campagne anglaise, l’emporte sur toute notion de réalisme. Des images fulgurantes jaillissent dès lors des quatre coins de cette sordide histoire : des motards cerbères entièrement vêtus de cuir, des scènes de repas avec des convives alignés et inexpressifs, ces mêmes êtres lobotomisés tentant de s’accoupler dans une atmosphère psychédélique, des séquences d’opération du cerveau en free style…
Décalage et surréalisme
On retrouve également dans Horror Hospital les faiblesses charmantes des productions anglaises des années 70 : une mise en scène pas toujours très inspirée, une interprétation « borderline », un montage à la serpe, un scénario rachitique, élaboré à quatre mains par le réalisateur et son producteur lors d’un déjeuner à Cannes… Heureusement, la présence au générique du charismatique Michael Gough (véritable « gueule » du genre avec près de 180 films au compteur dont Crimes au musée des horreurs, Batman) en savant fou travaillant sur le cerveau humain, participe à rendre le film de Anthony Balch séduisant tant le comédien porte le projet sur ses épaules, les autres membres du casting étant quant à eux dans l’esprit décalé de la chose…
Porté par un surréalisme assumé, Horror Hospital, évoque une autre œuvre dans la même veine. On ne peut s’empêcher de penser à la série The Avengers (Chapeau Melon et Bottes de cuirs), qui maniait avec tellement d’ingéniosité l’intrusion du décalage et du surréalisme dans le quotidien. Le film d’Anthony Balch pourrait fort bien être vu comme un épisode d’une heure demie de la mythique série avec John Steed. Ce qui en fait une curiosité à voir…
HORROR HOSPITAL
Anthony Balch (GB – 1973)
Genre Horreur – Interprétation Michael Cough, Robin Askwith, Vanesse Shaw, Dennis Price… – Durée 85 minutes. Distribué par Artus Films.
L’histoire : Jason Jones, un jeune chanteur pop, prend quelques jours de repos dans le manoir de Brittlehurst, où l’on soigne les dépressifs comme lui. Là, le docteur Storm se livre à d’étranges expériences sur les cerveaux humains. En effet, il transforme les pensionnaires en véritables robots asservis à sa seule volonté. Jason et la jolie Judy vont tout faire pour neutraliser les envies de conquête de Storm.
Je ne lis rien… J’achète les 3 DVD Artus de cette salve à la fin du mois 😉
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Sage décision… 😉
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