[Critique] WAR ZONE de Dzhanik Fayziev
Dessine-moi un robot...
Quand la Russie se frotte au blockbuster familial, c’est le spectateur qui en prend plein les mirettes ! La rencontre improbable de Spy Kids et du Soldat Ryan, matinée de Transformers, le tout au sein d’un même film, c’est possible, c’est War Zone ! Drôle de note d’intention que celle de ce film de divertissement grand public. Bien que le pitch laisse augurer d’une intrigue se situant au beau milieu d’un conflit guerrier et que l’affiche laisse voir un magnifique robot géant, réduire War Zone à un sous-Transformers serait très réducteur, et même plutôt à côté de la plaque.
Le cinéma russe ose, et n’hésite pas à associer autant d’influences représentant autant de tons différents durant deux heures de métrage. Concrètement, War Zone débute comme un film fantastique pour enfants, avec une première séquence entièrement numérique et acteurs incrustés (résultat moyennement convaincant d’ailleurs). Puis, le film bifurque avec aplomb vers la comédie romantique et embrasse pleinement la tonalité légère inhérente au genre, avec gags et situations cocasses (Quand Harry rencontre Sally est ouvertement cité à deux reprises). Soit. Mais cette légèreté s’interrompt brutalement quand War Zone s’engouffre la tête la première dans le film de guerre. Et là aussi, Dzhanik Fayziev ne fait pas les choses à moitié, proposant une mise en scène caméra à l’épaule, avec immersion du spectateur au cœur des fusillades d’une Russie envahie par le voisin Géorgien. L’enchaînement des registres, sans transition pour la plupart, est à la fois gonflé et d’une naïveté confondante. Difficile de mélanger les genres et aboutir à un résultat exceptionnel, War Zone en est la preuve.
Apocalypse Kid
Compliqué d’appréhender War Zone dans son ensemble, tant le film est scindé en autant de parties assez différentes les unes des autres. Chaque segment du film est très inégal et d’un intérêt variable. Les scènes de guerre, le cœur même du film, sont de toute évidence les plus spectaculaires et intéressantes. Dzhanik Fayziev y démontre un réel savoir-faire dans le domaine de la photocopie de tout ce qui s’est fait en mieux dans le domaine. Mais le minimum syndical est là, et si l’on ferme les yeux sur les incohérences d’un scénario opportuniste (Ksenia qui se balade collée aux basques d’une troupe de soldats et qui s’en sort avec quelques égratignures), on peut prendre du plaisir à la vision du film. Le reste est malheureusement beaucoup moins heureux. L’idée centrale du film qui propose de montrer le monde par le prisme du point de vue de l’enfant, qui fantasme une réalité déformée , associant les engins de guerre à autant de créatures menaçantes, est en soit intéressante, mais pas toujours bien maîtrisée et rapidement laissée de côté. L’ensemble n’est pas aidé non plus par des effets numériques qui varient entre le plutôt bon et le médiocre. De même, il faudra passer outre une image assez hideuse, surtout dans la première partie du film, et un jeu des comédiens assez limite.
Au final, War Zone est un objet filmique assez étrange, très imparfait, trop long (2h quand même !) et qui vient prouver que les cinéastes russes osent tout et n’importe quoi…
WAR ZONE
Dzhanik Fayziev (Russie – 2012)
Genre Guerre et fantastique – Interprétation Svetlana Ivanova, Maksim Matveyev, Egor Beroev, Artyom Fadeev – Durée 120 minutes. Distribué par Metropolitan Filmexport.
L’histoire : Ksenia envoie son fils en vacances chez son père à l’autre bout du pays. Mais quelques jours après, la guerre éclate : elle décide alors, au péril de sa vie, d’aller le chercher derrière les lignes de front et va devoir traverser la zone la plus dangereuse du pays.
Critique réalisée en partenariat avec Cinetrafic, qui propose une liste de films d’action à voir : Cinetrafic ainsi qu’une liste complète de films de science-fiction : ici
Votre commentaire