[Série TV] AMERICAN HORROR STORY – ASYLUM de Ryan Murphy
L'horreur en roue libre...
Comme l’avait promis le duo Ryan Murphy/Brad Falchuk, la série American Horror Story explorera une histoire différente d’une saison sur l’autre. La deuxième fournée de treize épisodes du show, intitulée Asylum, balaie d’un revers les obscurs démêlés de la famille Harmon et leur vaste demeure hantée de Los Angeles. Place dorénavant aux turpitudes de l’asile de cinglés de Biarclif et à sa population détraquée…
Autre lieu significatif du cinéma d’horreur, l’asile est un décor fabuleux pour la douce folie créatrice qui habite les concepteurs de la série. Du pain béni qu’ils tentent d’explorer de fond en comble, en suivant les parcours croisés d’une série de personnages ambivalents, dont le lieu va révéler les fêlures cachées, et démontrer que les fous et autres monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit… Asylum fait cohabiter dans une frénésie de boulimie cinéphilique les figures classiques du genre que sont le savant fou, les morts-vivants, la possession satanique, le serial-killer et même les extraterrestres (!). Ces sous-genres sont associés à un aspect déviant déjà assez prononcé dans la première saison, le tout avec une construction narrative et des ambitions formelles (les décors sont gothiques à souhait, les sixties sont plutôt bien retranscrits) assez marquées pour une production télévisuelle. Très noir et désespéré, Asylum l’est assurément, mais également toujours aussi référentiel, comme pouvait l’être la première saison. Que cela soit par le biais d’un personnage, d’une situation, d’un choix de mise en scène ou d’une musique célèbre réutilisée, American Horror Story a fait de ces “hommages” son ADN. Au même titre que l’astuce de reprendre certains comédiens de la saison précédente dans des rôles différents pour ne pas dire diamétralement opposés (Jessica Lange en tête de liste). Le spectateur est en terrain connu. C’est à la fois la principale qualité et le premier défaut d’Asylum. Les réfractaires au style ne devraient pas changer d’avis, quand les adorateurs du show devraient quant à eux de nouveau être aux anges.
Liberté et sujets sensibles
Les amoureux de l’horreur pourraient être désarçonnés face à l’utilisation détournée des règles du genre. Les concepteurs d’AHS marchent continuellement sur un fil entre hommage et appropriation. Le résultat est évidemment inégal. La principale faiblesse du show vient du foisonnement d’intrigues. A force de multiplier les arcs narratifs et sous-intrigues, les allers-retours dans le temps, le spectateur finit par décrocher. En découlent des résolutions scénaristiques pas toujours satisfaisantes. Si l’intrigue principale se noie rapidement dans le nombre de ramifications liées aux multiples personnages, l’interprétation générale (Jessica Lange, Zachary Quinto et James Cromwell toujours impeccables) et l’audace de l’approche rendent l’ensemble malgré tout sympathique. Comme si cela ne suffisait pas, Murphy/Falchuk se permettent d’aborder des sujets sensibles comme l’homophobie, les dérives de la religion et de la science, le racisme d’une manière très générale, ou encore de livrer des scènes chantées en beau milieu d’un épisode. L’emploi de la ritournelle “Dominique” dans chaque épisode est également un trait de d’humour assumé. La liberté totale que s’occtroient les deux compères est une belle bouffée d’oxygène. Pourtant, il faudra passer outre des effets clippesques de mise en scène et un montage cut assez déstabilisants et désagréables au départ. Et surtout un début d’ennui se dessinant en milieu de saison. Avant un retour en grâce dans les trois derniers épisodes, aux parti-pris là aussi audacieux (le bond dans le futur qui résout les intrigues de manière inattendue).
Poseur et branleur
Les meilleurs épisodes de cette deuxième saison sont empreints d’une véritable signature visuelle. Toujours pensée en termes cinématographiques, la série trouve son meilleur écrin dans les mains d’Alfonso Gomez-Rejon. Responsable des épisodes 5, 11 et 13, le réalisateur scotche par ses cadrages osés et prouve que les scripts de la série peuvent être sublimés lorsqu’ils sont au service d’un metteur en scène inspiré. Ce qui n’est malheureusement pas le cas des treize épisodes… Si l’on est allergique au style de Ryan Murphy avec ses histoires foisonnantes, aux personnages multiples, sa narration en roue libre, son style visuel se situant à certains moments aux limites du clip, et à la signature quelque peu “poseuse” de “branleur” du showrunner, Asylum irritera au plus haut point. Mais pour peu que l’on soit sensible à la générosité foisonnante et à la liberté artistique totale du créateur de Nip/Tuck, on pourra se laisser porter par cette deuxième saison d’American Horror Story… En attendant la troisième actuellement diffusée aux Etats-Unis…
AMERICAN HORROR STORY – ASYLUM
Ryan Murphy (USA – 2012)
Genre Horreur – Réalisateurs Bradley Buecker, Michael Uppendahl, Alfonso Gomez-Rejon, David Semel, Michael Lehmann, Jeremy Podeswa, Craig Zisk – Interprétation Sarah Paulson, Evan Peters, Lily Rabe, Jessica Lange, Chloé Sevigny, Joseph Fienes, Zachary Quinto, James Cromwell… – Musique James S. Levine – Distribué par Fox Pathé Europa.
L’histoire : En 1964, Sœur Jude dirige d’une main de fer la clinique psychiatrique de Briarcliff aux alentours de Boston jusqu’à ce que les patients, qui font l’objet d’expérimentations secrètes et particulièrement cruelles, se rebellent contre l’autorité en place. L’arrivée d’un nouvel élément perturbateur, surnommé « Bloody Face » et dont on dit qu’il a décapité et dépecé trois femmes, dont sa petite amie, entraîne une escalade de violence…
La meilleure saison pour le moment, la première étant déjà excellente, quant à la troisième actuellement en cours elle est moins réussie, beaucoup moins libre, déjantée, et prenante mais cela peut encore évoluer, j’espère.
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Ah ben j’ai justement vu la 1re saison il y a peu, et j’allais attaquer la 2e (qui est celle dont j’ai entendu parler en premier). De ce que j’entendis/lis, Asylum est mieux que Murder House (confirmé par Gonzo), mais tu ne l’as pas dit dans ta critique, alors le verdict: mieux ou pas? 😀
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pour être honnête, je n’ai pas fini de la voir ;-). Donc je n’apporterai pas de jugement hâtif. Même si ce que j’en ai vu m’a énormément plu…
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