[Interview] Joseph Catté pour COMME UNE POUPEE

COMME UNE POUPEE de Joseph Catté

Joseph Catté est un jeune réalisateur français à suivre de près. Après plusieurs courts-métrages dont les remarqués et remarquables Get Wild et My Motherfuncky Musical Mashup, qui mettaient en avant un goût prononcé pour la musique et un travail visuel très ambitieux et maîtrisé (notamment une utilisation des effets spéciaux assez bluffante), le réalisateur s’engouffre dans la voie du film d’horreur pur avec Comme une poupée.

Libre adaptation d’un texte de Roland Topor (Bataille Intime), le court-métrage, d’une durée de 5 minutes 20, est un récit anxiogène, une plongée étouffante dans la psyché d’une jeune femme (Pauline Helly), la retranscription visuelle d’une libération… par le sang. Et du sang, il y en a quelques litres dans ce court libéré (à l’image de sa protagoniste principale), et une nouvelle fois esthétiquement très abouti. Eclairages tranchés, renvoyant aux parti-pris graphiques du giallo, cadres léchés et interprétation à l’avenant, tous les ingrédients de Comme une poupée en font un court-métrage fort recommandable, aux lisières du cinéma de Dario Argento et de Roman Polanski, aux accès de fureur, de violence et aux débordements gores assumés…

Nous avons soumis le jeune réalisateur Joseph Catté à quelques questions susceptibles d’éclairer d’un peu plus près son travail sur Comme une poupée

Le court-métrage Comme une poupée de Joseph Catté (2014). Avec Pauline Helly.

L’interview du réalisateur

Joseph, pourquoi avoir choisi d’adapter ce texte de Roland Topor ?

A l’origine, ce texte m’a été proposé par Pauline Helly, la comédienne de ‘Comme une Poupée’. Cela faisait quelques temps que nous cherchions un projet pour collaborer et j’ai rapidement décidé de relever le défi qu’elle me tendait. Il me semblait intéressant de travailler sur l’adaptation d’un texte pré-existant, d’injecter des idées personnelles dans l’univers d’un auteur sans pour autant trahir celui-ci. D’un point de vue plus trivial, j’y ai également vu l’occasion de m’essayer au genre horrifique en jouant avec des litres de faux-sang !

Le film est visuellement très travaillé. Quel matériel as-tu utilisé ?

J’ai tourné avec deux reflexs numériques, le Canon 5DMkII et le Canon 6D. Au niveau de l’éclairage, nous avons simplement utilisé des néons et des lampes de chevets. J’ai ensuite énormément retouché l’image en post-production. Étant graphiste de formation, j’avais la chance d’avoir les connaissances adéquates en matière d’étalonnage et d’effets-spéciaux. Au-delà du traitement des couleurs, j’ai ainsi pu ajuster la lumière, la netteté, la position de certains objets dans le cadre, les mouvements de caméras etc. Au final, entre les rushs bruts et le résultat, c’est le jour et la nuit…

COMME UNE POUPEE de Joseph Catté

On sent une influence assez marquée de l’esthétique du giallo, notamment dans l’utilisation très contrastée des couleurs. Quelles sont tes inspirations sur le plan visuel ?

Mon court-métrage est un montage alterné de deux séquences, qui devaient chacune avoir une identité visuelle propre. Pour les scènes de rêve, je me suis en effet inspiré du giallo, qui me permettait de marier la violence à mon esthétique très colorée. L’alliance du bleu et du rouge en est la preuve indéniable. Pour les scènes de monologue, je me suis en revanche tourné vers une mise-en-scène plus posée et des cadres géométriques, bien loin de l’aspect déchainé des scènes de meurtre. Je me suis principalement inspiré de ‘Shining’ de Kubrick et de ‘Stoker’ de Chan-Wook.

Combien de temps a duré le tournage ? Quelles en ont été les difficultés ?

Nous avons tourné quatre jours au total. Les difficultés étaient inhérentes au statut auto-produit du film. Nous disposions d’une équipe très réduite (qui allait de une à trois personnes selon les scènes), de peu de temps et de peu de matériel. Heureusement, mes collaborateurs étaient très sérieux et volontaires, ce qui nous a permis de filmer ce que nous voulions dans les temps. Il fallait également tourner de nombreuses scènes dans une salle de bains, qui est un espace très réduit. Il n’était pas toujours facile d’y faire rentrer deux actrices, deux caméramans et d’y installer des lumières. Il aurait parfois était bienvenu de pouvoir démonter un mur ou deux… Enfin, et cela concerne principalement les comédiennes, il fallait rester allongée des heures dans du faux-sang froid et odorant (car constitué de sauce-tomate) dans un hôtel désaffecté sans eau chaude pour se rincer. Et ce au milieu de la nuit. Je ne leur ai peut-être pas offert leur meilleure expérience de tournage !

COMME UNE POUPEE de Joseph Catté

La recherche d’une certaine forme de liberté, de libération même, semble être au centre de tes films, pourquoi ce thème ?

C’est une question très intéressante, que je ne m’étais jamais posée… Je pense que la libération est un thème propre à la majorité des histoires. Le principe universel de tout récit est de sortir un protagoniste de sa situation initiale en le confrontant à des problèmes nouveaux, qu’il devra résoudre pour tenter de retrouver la paix et ainsi évoluer. Que son objectif soit de sauver le monde, de trouver l’amour ou de se réconcilier avec sa famille, le héros est toujours plus ou moins en quête de liberté, d’épanouissement. Si ce thème ressort de façon aussi claire dans mon travail, c’est peut-être dû au format court qui m’oblige à simplifier les problématiques de mes histoires et donc a mettre en évidence ce principe fondateur de liberté. C’est en tout cas totalement inconscient.

As-tu des projets et envies de courts ou de longs-métrages ?

J’ai écrit plusieurs courts-métrages et je cherche actuellement une boîte de production pour mener à bien ces projets. Je travaille également sur des scénarios de longs-métrages que j’aimerais pouvoir réaliser dans quelques années, lorsque j’aurais fait mes preuves dans l’industrie. Je suis en tout cas à l’écoute de toute proposition de collaboration !

Propos recueillis par Nicolas MOUCHEL

En savoir plus sur le travail de Joseph Catté : https://vimeo.com/josephcatte et https://www.facebook.com/media/set/?set=a.439949286151558.1073741830.424380151041805&type=1

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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