[Be Kind Rewind] Trois films de yakuzas par SEIJUN SUZUKI (1963-1967)

Pop Yakuzas !

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L’éditeur Elephant films propose dans sa collection “Cinema Master Class – La collection des maîtres” un triptyque des œuvres de Seijun Suzuki avec la réédition en Blu-ray/DVD de trois films célèbres du cinéaste japonais : Detective Bureau 2-3, La jeunesse de la bête et La marque du tueur. Des œuvres marquantes à redécouvrir…

Detective Bureau 2-3

Detective Bureau 2-3

Avec Detective Bureau 2-3, le stakhanoviste de la pellicule Seijun Suzuki réalise en 1963 un film de yakuzas décomplexé. Une vraie bande populaire qui prend pourtant ses distances avec les codes habituellement utilisés. Au cœur de ce condensé de polar aux multiples protagonistes, une lutte des clans faisant intervenir les forces de police et un détective privé, Tajima, infiltré au sein d’un gang pour en déloger le boss. Le cinéaste japonais ancre son film dans une approche de cinéma pop et coloré, style très en vogue dans les années 60. Rien de très sérieux donc, mais un ton décontracté jouant des codes du film de yakuzas, mêlant scènes d’actions, bagarres, fusillades, séquences glamour et même passages chantés. Le héros, interprété par Joe Shishido, acteur récurent chez Suzuki, et son style décontracté, apporte une touche “cool” à un récit pourtant grave qui donne à voir un affrontement sans pitié. Mais tout dans ce Detective Bureau 2-3 sonne le spectacle décomplexé, sorte de James Bond asiatique qui ne renie pas les méthodes expéditives. Une belle bouffée d’oxygène, même si le film ne restera pas comme le plus essentiel de son auteur.

La jeunesse de la bête

La jeunesse de la bête

Sorti la même année, La Jeunesse de la Bête emprunte des sentiers similaires à Detective Bureau 2-3. Le même Joe Ishido est de retour pour interpréter une fois encore le détective Tajima qui infiltre un gang de yakuzas. Le prétexte reste identique sur le papier (même s’il s’agit de vengeance dans le cas présent), l’approche de mise en scène également. Sur un canevas semblable à son prédécesseur, on retrouve des rebondissements assénés à un rythme endiablé. Empoignades et fusillades en tous genres s’enchaînent, proposant un cocktail détonnant et jamais ennuyeux. En ce sens, La jeunesse de la Bête, malgré un titre sibyllin ne prêtant pas forcément à sourire, se veut une oeuvre distrayante, directe et généreuse. De plus, Seijun Suzuki ne calme pas ses ardeurs formelles quand il s’agit de livrer des scènes aux audaces visuelles impressionnantes (et colorées) pour l’époque.

La Marque du tueur

La marque du tueur

Alors que les deux précédents films revêtaient les atours d’œuvres récréatives et décomplexées dans le bon sens du terme, La marque du tueur, sorti quatre ans plus tard, marque une vraie rupture de ton. Sans rejeter les qualités des précédents et leur apparente légèreté, on peut clairement avancer que ce troisième film montre une certaine forme de maturité. Suzuki quitte ici les situations rocambolesques et multicolores pour un magnifique noir et blanc épousant le propos de son récit, aux frontières du fantastique. Bien plus étrange, perturbant et posé, La marque du tueur met aux prises des personnages marquants, l’inévitable Joe Ishido rempile dans le rôle principal d’un tueur à gages encore une fois aux prises avec des gangs. Jeux de pouvoirs, femmes fatales (plus fourbes et sadiques que jamais), La marque du tueur est un polar à l’extrême élégance formelle, encore une fois chez le cinéaste, mais de manière très différente des films vus plus haut. Le film a en tout cas précipité la fin de la collaboration de Suzuki avec le studio Nikkatsu, car sûrement trop avant-gardiste, même si le temps lui a donné ses lettres de noblesses puisqu’il est cité en référence par de nombreux cinéphiles et cinéastes dans le monde entier…


DETECTIVE BUREAU 2-3
Seijun Suzuki (Japon – 1963)

LA MARQUE DU TUEUR
Seijun Suzuki (Japon – 1963)

LA JEUNESSE DE LA BÊTE
Seijun Suzuki (Japon – 1967)

Genre Polar, film de yakuzas – Interprétation Joe Shishido, Reiko Sasamori, Naomi Hoshi, Ikuko Kimuro, Misako Watanabe, Mariko Ogawa, Annu Mari… – Musique Harumi Ibe, Hajime Okumura, Naozumi Yamamoto – Durée 85 mn/87 mn/87 mn. Distribué par Elephant Films.

Detective Bureau 2-3 : Toutes les organisations de Yakuza de Tokyo se sont données le mot : un criminel, au centre d’une guerre des gangs généralisée, est sur le point d’être relâché par la police et ce sera à qui lui fait la peau en premier. Heureusement pour lui, le détective Tajima (Joe Shishido) arrive à l’extraire de cette situation périlleuse. Il lui demande en échange de l’introduire auprès de son boss. Commence alors pour le justicier une infiltration visant la destruction de l’organisation mafieuse.
La jeunesse de la bête : Le détective Tajima (Joe Shishido) joue un jeu dangereux : afin de venger la mort d’un de ses amis, il accumule les délits. Conformément à ses plans, les Yakuza le recrutent rapidement et il intègre le gang qu’il veut détruire en semant la discorde de l’intérieur. Mais alors que le massacre commence, il réalise avec stupeur que la personne à la tête du clan ne répond pas aux critères mafieux habituels.
La marque du tueur : Le tueur numéros 3 devient la cible de ses commanditaires après avoir raté un contrat. Alors qu’il se défait sans mal des hordes d’assassins envoyés à sa suite, il trouve le réconfort auprès de ses maitresses. Mais le défi ultime s’annonce quand le mystérieux tueur numéro 1, dont personne de vivant n’a jamais vu le visage, se met également à ses trousses.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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