[Critique] LA LEGENDE DE VIY d’Oleg Stepchenko
Plus gros succès de l’année 2014 en Russie, La Légende de Viy 3D alimente la vague récente des blockbusters en provenance des pays de l’Est. Tout y est démesuré : effets spéciaux, aventure, action, monstres… A l’américaine ! Mais avec un trop plein d’éléments qui frise l’indigestion… Se basant sur un récit du dramaturge Nikolai Gogol, le scénario de Viy 3D (pour la version originale) plonge le spectateur dans un monde fantastique sombre, au beau milieu d’un village perdu au fond d’une forêt des Carpates. Le lieu idéal pour l’accomplissement d’une malédiction réveillant de malfaisantes créatures…
Le réalisateur Oleg Stepchenko (Jacked avec Michael Madsen) se fait clairement plaisir à filmer cette histoire de sorcellerie moyenâgeuse. Il profite idéalement de ses décors et d’effets visuels assez réussis bien qu’un peu envahissants pour donner vie à son petit univers fantastique. La Légende de Viy ne démérite pas sur le plan visuel, et c’est sa principale qualité. L’histoire contée se prête à merveille à l’illustration cinématographique, puisant avec une bonne dose d’originalité dans des légendes locales à fort potentiel cinégénique et un bestiaire de monstres très impressionnants, que le cinéaste filme généreusement. Malheureusement, la présence de ces créatures, aussi convaincantes qu’elles soient, n’est pas toujours bien exploitée. Leur irruption au sein d’un récit somme toute pépère, ne semble servir qu’à réveiller le spectateur assoupi. L’histoire de Viy n’est, en effet, pas ce que l’on peut appeler un modèle de construction narrative. Souvent brumeuse, la progression du récit se heurte en outre à des motivations de plus en plus obscures pour les différents personnages. En clair, on décroche assez rapidement des enjeux de l’histoire.
« Film-Formule »
La présence de comédiens anglais au sein du casting (Jason Flemyng et Charles Dance) aurait du nous mettre la puce à l’oreille. La Légende de Viy est une oeuvre “mastoc”, un “film-formule-CV” dont la principale ambition serait de marcher sur les plates-bandes des films américains pour mieux permettre à son réalisateur de mettre un pied dans la machinerie hollywoodienne (coucou Timur Bekmambetov !!). C’est dommage, car il y avait matière (et talent) pour offrir un spectacle carré dont l’ensemble des composantes (mise en scène, scénario, SFX, comédiens) s’emboîteraient harmonieusement.
Un constat d’autant plus frustrant que le film démontre un vrai savoir-faire de mise en scène de la part d’Oleg Stepchenko, qui compose quelques plans iconiques et gothiques de toute beauté. Las, tous ces efforts tournent à vide tant le film peine à éveiller l’intérêt dès la première demi-heure passée… Un beau gâchis !
LA LEGENDE DE VIY
Oleg Stepchenko (Russie/Ukraine/République Tchèque – 2014)
Genre Fantastique – Interprétation Jason Fleming, Charles Dance, Andrey Smolyakov… – Musique Anton Garcia Abril – Durée 111 minutes – Disponible en DVD et Blu-ray chez Seven Sept.
L’histoire : Londres, 1713. Le cartographe anglais Jonathan Green part en repérage des endroits inexplorés de la Transylvanie. Au-delà des montagnes des Carpates, il découvre un village isolé du reste du monde, dont les habitants terrorisés se cachent des démons et autres créatures qui en ont pris possession. Seul le téméraire cartographe semble alors pouvoir percer les mystères qui entourent ces créatures impitoyables qu’il lui revient d’exterminer…
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