[Série TV] TALES OF TOMORROW de Theodore Sturgeon
Anthologie SF : la pionnière

On ne remerciera jamais assez Bach Films pour son entreprise de défrichage et d’édition d’œuvres pour la plupart invisibles et pour certaines mêmes inconnues en France. Cette fois-ci, l’éditeur se penche sur une série télévisée américaine de science-fiction du début des années 50 : Tales of Tomorrow. Diffusée entre août 1951 et juin 1953, le show préfigure dans sa thématique ses futurs descendants que seront quelques années plus tard La Quatrième Dimension ou Au-delà du réel. Véritable pionnière du genre à la télévision américaine, cette création née de l’esprit de l’écrivain Theodore Sturgeon, auteur notamment de Cristal qui songe, mais également scénariste sur des épisodes de Star Trek et Les Envahisseurs, revêt avec le recul des années, un véritable caractère historique. Au travers de ses 85 épisodes, Tales of Tomorrow a ainsi exploré de très nombreux thèmes inhérents à la science fiction, à l’anticipation, voire même au genre fantastique. L’un des atouts du show est de s’appuyer sur des récits plus ou moins célèbres de grandes plumes du genre. On retrouve ainsi les noms de Jules Verne, H.G. Wells, Mary Shelley, Arthur C. Clarke, Ray Bradbury ou encore A.E. Van Vogt pour les inspirations. Ce qui, convenons-en, constituait un matériau de base d’une richesse assez folle pour une série aux moyens somme toute limités.


James Dean et Boris Karloff
C’est d’ailleurs là que le bas blesse… Tournée aux tous débuts de la télévision, les épisodes de la série étaient en fait une captation sur écran de scènes jouées en direct. Un procédé méritant à l’époque, mais qui laisse transparaître des séquences très “théâtralisées”. Une posture relativement figée (un ou deux décors bien souvent, de longs dialogues entre les personnages), qui pourra rebuter mais au-delà de laquelle il faudra s’élever pour profiter de l’essence même de la série. Celle-ci explore des thèmes forts (surtout pour l’époque) comme la menace atomique, le rapport (et la peur) à l’autre, mais aussi des grandes figures du fantastique comme Dr Jekyll and Mr Hyde ou Frankenstein. Par le biais de courts épisodes d’un peu plus de 20 minutes, Tales of Tomorrow est également remarquable par son casting parcouru de noms célèbres sur le retour ou en devenir. On y croise entre autres James Dean, Paul Newman, Leslie Nielsen ou encore Boris Karloff.
Tales of Tomorrow est une vraie curiosité en matière de production télévisuelle d’une part, mais également pour le genre de la science-fiction. En dépit de défauts inhérents à son vénérable âge, cette série mérite néanmoins d’être découverte, ne serait-ce que pour son statut de pionnière du genre, son concept assez culotté de retranscrire d’ambitieux écrits, avec beaucoup de respect et malgré un manque évident de moyens…
TALES OF TOMORROW. De Leonard Valenta, Franklin J. Schaffner, Charles S. Dubin, Don Medford (USA – 1951/1952/1953).
Genre : Science Fiction. Interprétation : Veronica Lake, Boris Karloff, Lon Caney Jr., Paul Newman, James Dean… Musique : Lew White, Irving Robbin, Bobby Christian. Durée : 575 minutes. Distribué par Bach films.
Un point sur le coffret DVD de Bach films

TECHNIQUE. Vu le grand âge de la série et sa notoriété relative, il ne fallait pas s’attendre à une remasterisation HD qui serait de toutes manières, hors sujet. D’autant que le matériau d’origine, présenté ici dans son format 4/3, n’est pas de première jeunesse, ni exempt de défauts. L’image est clairement de très mauvaise qualité, accusant de nombreuses coupures et parasites, tandis que la définition pêche énormément, les contours bavant à n’en plus pouvoir. Mais il faut garder à l’esprit les conditions de diffusion du show (lire plus haut) qui ne pouvaient décemment pas offrir une image de bonne qualité. La vision de l’ensemble des épisodes ne saurait néanmoins être remise en cause par des aspects techniques qui doivent passer évidemment au second plan. Niveau son, là aussi, le mono d’origine crachote sévèrement. Musiques et dialogues restent pour autant intelligibles et aussi dynamiques que possible. En dépit d’un souffle assez prononcé lié également au tournage.
INTERACTIVITE. Une présentation d’une dizaine de minutes de la série par le célèbre Stéphane Bourgoin, qui insiste sur la rareté et la dimension historique du show, en le replaçant dans le contexte de l’époque. A noter que la jaquette du coffret annonce 24 épisodes, mais que les 4 disques n’en contiennent au final que 23. L’épisode “Vol d’essai”, censé figurer sur le premier, a, semble-t-il, disparu…
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