[Critique] EVEREST de Baltasar Kormákur

EVEREST de Baltasar Komákur

EVEREST de Baltasar Komákur

Grand film d’aventure. En 3D. Tiré d’une histoire vraie… Everest part d’emblée drapé de pas mal d’épaisseurs de considérations et de préjugés. Ce qui n’est pas nécessairement le meilleur moyen d’aborder un film, même si la promesse d’un beau spectacle, porté par un casting de haut vol et mis en boîte par un cinéaste chevronné peut rééquilibrer la balance. Heureusement, Everest ne tombe jamais complètement dans les pièges de ce genre de film formaté, même s’il s’abîme malgré tout dans quelques scories assez embarrassantes…
A l’image de ces films racontant une histoire vécue, le projet Everest se devait d’être solide sur ses appuis afin de faire passer la pilule d’un dénouement déjà connu du plus grand nombre. Le récit de cette double expédition visant à gravir le plus haut sommet du monde (8 848 mètres), se devait de proposer suffisamment de matière que ce soit en terme de personnages, de motivations, mais également une mise en scène solide pour tenter d’approcher au minimum du sentiment de vertige nécessaire à un tel projet. Ça, ce sont évidemment les intentions. Les huit grimpeurs volontaires, qui ont tous déboursé une petite fortune pour se faire guider par le spécialiste Rob Hall (Jason Clarke), sont des personnages d’horizons aussi différents que mus par la même volonté d’en découdre. Le facteur fragile, la spécialiste japonaise à qui il ne manque plus qu’un sommet à son tableau de grimpe, le Texan grande gueule, le journaliste… Le script explore là l’un des points forts du film, ce sentiment ambivalent de puissance et de doute, le dépassement de soi que tous les protagonistes développent avant la fameuse ascension. Le journaliste pose cette fameuse question en plein cœur du film : « qu’est ce qui te pousse à vouloir faire ça ? » Il n’aura jamais réellement de réponse clair et définitive, même si une évidence se dessine : tous sont sur le même pied d’égalité face à cette nature titanesque.

EVEREST de Baltasar Komákur

L’homme et la nature

Le réalisateur Baltasar Kormákur prend le temps dans une première partie relativement longue, de présenter ses personnages, de les caractériser en quelques lignes de dialogues et deux ou trois situations révélatrices. Même si le film est basé sur du réel, on ne peut s’empêcher de regretter quelques clichés (le personnage de Jake Gyllenhaal, véritable tête brûlée et antithèse de Rob Hall). Loin d’être insignifiante et gratuite, cette première partie se justifie dans l’intrigue même puisqu’il est répété à plusieurs reprises qu’une telle expédition ne s’effectue pas sans un minimum de préparation, physique et mentale. En cela, le film gagne des points, même si tous les aspects évoqués peinent à tous convaincre et intéresser. Lorsque enfin l’ascension débute, le spectaculaire prend le dessus, faisant d’Everest un film fascinant sur la rencontre et l’affrontement entre l’homme et la nature. La présence de Baltasar Kormákur aux commandes du projet semble dès lors une évidence, tant cette même thématique était développée avec beaucoup de justesse et une économie de moyens surprenante dans son excellent The Deep – Survivre, où un pêcheur dont le chalutier a sombré en pleine mer, doit trouver les ressources nécessaires et insoupçonnées pour s’en sortir vivant. La transposition dans le domaine montagneux est plus qu’évidente…

EVEREST de Baltasar Komákur

Dévissage lacrymal

Les images de haute montagne sont spectaculaires et magnifiques, Kormákur excelle à filmer la nature. L’usage de la 3D, s’il n’est pas continuellement justifié, permet néanmoins quelques moments surprenants et des plans jouant habilement sur les différences d’échelle et la profondeur de champ, comme celui dans lequel la cordée de l’expédition apparaît minuscule (ridicule ?) dans la blancheur immaculée de la montagne ou dans la scène du pont branlant à la fragilité évidente, tandis qu’un véritable embouteillage de grimpeurs attend pour l’emprunter. Lorsque la tempête se déchaîne, les effets (notamment sonores) garantissent l’essentiel du spectacle attendu, proposant une immersion assez réussie, même si cette ultime partie, dans laquelle les hommes jouent leur survie, ou s’abandonnent à une mort qu’ils attendaient, est finalement la portion congrue du film. Une dernière ligne droite plombée par un dévissage en bonne et due forme dû à des scènes lacrymales lourdes et trop démonstratives où les épouses des principaux protagonistes suivent en direct par téléphone à des milliers de kilomètre de distance le terrible destin de leurs aventuriers de maris.
Everest pêche donc finalement par un excès d’humanisme et de bons sentiments. Faisant en quelque sorte s’écrouler le fragile édifice scénaristique qu’il s’était efforcé de bâtir jusque là. Il reste pour autant un film spectaculaire et visuellement intéressant, suffisamment bien réalisé pour emporter l’adhésion…


EVEREST de Baltasar Kormákur (USA – 2015)

Note : 3

Genre Aventure – Interprétation Jason Clarke, Josh Brolin, Jake Gyllenhaal, John Hawkes, Robin Wright, Emily Watson, Keira Knightley… – Musique Dario Marianelli – Durée 122 minutes. Sortie le 23 septembre 2015.

L’histoire : Inspiré d’une désastreuse tentative d’ascension de la plus haute montagne du monde, Everest suit deux expéditions distinctes confrontées aux plus violentes tempêtes de neige que l’homme ait connues. Luttant contre l’extrême sévérité des éléments, le courage des grimpeurs est mis à l’épreuve par des obstacles toujours plus difficiles à surmonter alors que leur rêve de toute une vie se transforme en un combat acharné pour leur salut.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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