[Preview] GOD BLESS ZOMBIES la web série « zombies » 100% normande
Voilà quelques semaines que The Walking dead est reparti pour une sixième saison. La série phare d’HBO adaptée par Frank Darabont est devenue une véritable institution aux Etats-Unis et ailleurs. En France notamment. Et c’est sur l’intérêt français de produire des œuvres sur le thème du zombie et des univers apocalyptiques que nous nous arrêterons de nouveau. Nous avons découvert il y a quelques temps, ici même, le projet RESET de Christelle Gras, Yohan Labrousse et Laurent Duroche. A une époque où les médias nous sortent toutes les semaines des infos radicales sur une « troisième guerre mondiale » déguisée, des découvertes scientifiques en tous genres, des maladies nouvelles, des nouvelles planètes potentiellement habitables, on apprend que le soleil serait à la moitié de sa vie, qu’il faut arrêter de rouler au gazole, que notre société ne tourne pas rond… Bref, on nous met une belle pression et nos bonnes vieilles questions existentielles reviennent à la surface : Sommes nous seuls dans cet espace infini ? Doit-on tout remettre en cause ? Et si on recommençait à zéro, comment nous y prendrions-nous ?
Nous ne savons pas encore si les réponses s’y trouvent, mais Paul Germain, jeune créateur de la web série normande God Bless Zombies, a envoyé quatre copains dans les pattes de hordes de morts-vivants qui terrorisent le pays avec pour unique but de pouvoir enfin s’éclater et vivre un épanouissement total. Si la bande-annonce nous promet des moments de fraîcheur et de drôlerie évidents, à quelques jours de la diffusion du premier épisode en ligne, Paul Germain s’est confié à Obsession B afin de présenter son projet…
Interview
Paul Germain, pouvez-vous nous présenter le projet God Bless Zombies ?
God Bless Zombies est une web-série indépendante horrifique relatant la rencontre de quatre jeunes marginaux pendant une invasion zombies qui vont s’installer en coloc. J’ai commencé l’écriture de ce projet il y a 3 ans pendant mes études de cinéma, 1 ans après nous commencions le tournage qui s’est déroulé sur 2 ans.
De la saga de Romero au remake de Zack Snyder, en passant par L’Au-dela de Lucio Fulci, L’avion de l’apocalypse d’Umberto Lenzi, le segment met clairement en avant des univers apocalyptiques qui évoluent aujourd’hui sur des formats courts et s’intéressent beaucoup à la psychologie des personnages (The Walking dead, Dead Set, In the flesh, Reset). Comment placez-vous GBZ dans le maelstrom de ces références ?
Tout d’abord, il faut bien comprendre que le traitement de la psychologie des personnages ne concerne pas que les zombies, mais bien toute les séries. Depuis quelques années, on est face à une sur-psychologisation des personnages de série, au point d’en être devenue irréprochable. Personne ne remet en question cet aspect de l’écriture série, tant il est présent partout. Dans ce format de plus en plus envahissant, le héros moderne se questionne, tombe, se relève,
retombe, souffre énormément, et en vient systématiquement à la question du choix. Cette éternelle question contamine toutes les séries actuelles, je ne me souviens pas d’un épisode de Walking Dead sans avoir entendu le mot « choice », idem pour Breaking Bad (« I made a choice », « It’s your choice » etc…..). Cette notion est devenu presque indispensable dans l’écriture des séries/films actuels. Pour God Bless Zombies, j’ai voulu traiter la psychologie des personnages sans avoir à mettre trop en avant cette notion, car je ne pense pas qu’elle soit indispensable dans l’écriture d’un personnage, bien qu’elle soit importante. Pour revenir aux séries/films de zombies, oui ils s’intéressent particulièrement aux personnages, car si on regarde bien, à quelques exceptions près (In the flesh), les zombies ont toujours été au second plan. L’univers zombie permet de mettre des personnages dans des conditions extrêmes, et les ramènent à un état primitif, où ils remettent en question leur humanité. Les zombies sont la plupart du temps un support, un prétexte fun pour aborder des sujets plus ou moins différents qui nous tiennent à cœur, et c’est sur point que God Bless Zombies n’échappe pas à la règle, et se place parmi toute les fictions zombies cité dans votre question.
Difficile de ne pas penser, après visionnage de la bande-annonce, à Shaun of the dead également… Quelles sont vos propres références, quelle est votre vision « artistique » de l’apocalypse ?
Mes références sont très variées. Edgar Wright a effectivement démocratisé le mélange Zombie/comique avec son chef d’oeuvre Shaun of the Dead, et a influencé tout les cinéastes fans de zombies, de près ou de loin. Pour autant, Shaun… n’a pas vraiment été ma référence pour God Bless Zombies, j’ai même essayé de m’en détacher un peu (pas facile quand on a vu le film des dizaines de fois). Dès la conception de God Bless Zombies, je n’ai pas voulu me limiter dans le ton et le genre de la série. C’est pourquoi les épisodes peuvent être très différents les uns des autres, il n’y a pas d’homogénéité, chaque épisode raconte son histoire à sa manière. Je me suis évidement inspiré de Braindead, Evil Dead et les films de Fulci pour leur inventivité et leur générosité, mais aussi de l’univers de Judd Apatow (SuperGrave, Funny People, The 40 years old virgin), Woody Allen, Richard Linklater pour l’humour et les dialogues, ainsi que Peter Jackson, David Cronenberg et Michael Mann pour la mise en scène des scènes d’actions. Et d’autres encore…
Quelque soit son format, le genre horrifique, et particulièrement le film de Zombie, est l’exercice type pour qui veut émerger… Selon vous, pourquoi ?
J’avais 13 ans quand je regardais les films cités ci-dessus, en 2004, autrement dit à une époque où le zombie n’était pas aussi démocratisé que maintenant. Cette même année, j’avais réalisé un moyen-métrage avec mes amis, en m’inspirant de Reservoir Dogs et Braindead, c’était évidement très amateur, mais j’étais certain à cette période de réaliser un jour un gros projet avec des zombies. Quelques années après, est apparu The Walking Dead en format télévisé, et la culture zombie a littéralement explosé. Presque tout le monde s’est mis à aimer le genre zombie (j’ai failli ne pas faire God Bless Zombies pour cette raison d’ailleurs). Dès mes 13 ans, je pensais que le genre zombies était le genre central qui réunit tout les possibles : Gore/Spectaculaire pour peu de moyens, scènes d’action, humour, SF…. en bref, un univers totalement libre, autant pour les personnages que pour leurs créateurs. On peut mélanger beaucoup de genres cinématographiques au sein du genre « Zombie/horrifique ». C’est pourquoi pas mal de jeunes cinéastes s’essaient au genre horreur, c’est un bon moyen de parvenir à ses fins artistique, ses envies et ses fantasmes. Mais surtout, la France ne bénéficie pas d’un « cinéma de genre » propre. On a eu nos George Franju et autres polars de Melville, mais rien depuis une vingtaine d’année. C’est pourquoi beaucoup de cinéastes veulent s’y mettre. Quelques réalisateurs doués ont tenté des incursions dans le genre (Pascal Laugier, Aja, Bustillo…) et ont trouvé leur public partout dans le monde, sauf en France. Pourtant ce n’est pas l’envie qui manque ! Le CNC reçoit tout les jours des scénarios de films d’horreur, mais ne les finance pas car, pour l’instant, le public français ne va pas voir les films d’horreur français. Peut-être que le public n’a pas encore eu sa véritable claque horrifique française (perso j’ai eu la mienne avec Martyrs), en tout cas je pense qu’on ne doit pas perdre espoir et continuer à faire des films/séries horreur encore et encore.
On a repéré quelques figures locales (Caen) venant de l’association « Macédoine », la compagnie « AMAVADA », « l’ACTEA »… Comment s’est constitué le casting et votre équipe technique ?
Le casting s’est constitué uniquement de mon entourage que j’ai rencontré au lycée à 15 ans. Ils voulaient tous déjà devenir acteur, nous avons fait nos courts-métrages ensemble. Après le lycée, nous avons suivi nos chemins respectifs selon le souhait de chacun : moi et Vincent Robles avons fait l’Esra (école de cinéma), et les autres ont fait les cours Florent. Aurélien Soucheyre travaille depuis pas mal d’années avec Macédoine. Donc des gens de Caen oui, mais précisément mes amis de lycée. Il s’agit donc d’un pur produit normand, une grosse partie du tournage s’est déroulée dans les environs de Caen et sa campagne.
Comment avez-vous financé votre série ?
La série a été entièrement auto-produite. Sur deux ans, on a dépensé 500 euros, uniquement dans la recette du faux sang (chocolat + colorants alimentaires rouge). Pas d’aide de région, nous avons décidé de tout faire tout seul.
GBZ va bientôt être présenté au public, comment se déroulera la diffusion ensuite ?
Nous allons diffuser la série sur MyTF1.fr à partir du 3 novembre, il y aura un épisode par semaine, accompagné d’un mini-épisode de 5 minutes (un spin-off), centré sur le passé des personnages.
Sans divulguer ce que sera la première saison, y aura t-il une suite ? Un autre projet ?
Si la série fonctionne auprès du public, nous ferons sûrement une nouvelle web-série God Bless… mais pas avec des zombies, ce sera un autre genre horrifique. La série n’a pas était écrite pour plusieurs saisons, il n’y en aura qu’une. Avec la mode, je sais pas si les zombies en ont encore pour très longtemps, en tout cas, j’ai raconté tout ce que j’avais à raconter sur les zombies, après God Bless Zombies je passe à autre chose !
GOD BLESS ZOMBIES de Paul Germain (France/2013-2015)
Genres : comédie / horreur – Durée : 12 min (6 épisodes + 4 spin-off) – Distributeur : Rockzeline – Acteurs : Florent Eden, Vincent Robles, Paul-Henri Viel, Aurélien Soucheyre, Elise Divaret, Stéphanie Lemarchand…
Une fulgurante invasion de zombies terrorise le pays. Étonnement, quatre jeunes marginaux – François, Christian, Marcus et Jean-Luc – ne demandaient que cela pour enfin s’éclater, et s’épanouir !
Diffusé à partir du 3 novembre sur MyTF1.fr. Plus d’infos sur http://godblesszombies.wix.com/home
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