[Be Kind Rewind] STREETS OF FIRE de Walter Hill (1984)
Avec sa nouvelle collection intitulée “Welcome to the 80’s”, Wild Side nous invite à (re-)découvrir quatre films ayant marqué de leur empreinte les glorieuses années 80. Hot Spot, Fletch, Dangereuse sous tous rapports et Streets of fire. Chacun à leur manière, ces quatre œuvres assez différentes, ont en commun de laisser une empreinte indéniable de l’époque où elles ont été réalisées.
Streets of fire (Les rues de feu en français), septième film de l’expérimenté Walter Hill (Le Bagarreur, Sans retour, 48 heures…) arrive à point nommé dans la carrière du cinéaste. A la sortie du succès de son “Buddy movie” avec Eddie Murphy et Nick Nolte, le futur réalisateur de Double Détente a les coudées franches et en profite pour se lancer dans un projet sortant clairement des chemins balisés hollywoodiens. Étrange mélange de comédie musicale matinée d’action, Streets of fire s’inscrit dans ce que les années 80 avait de plus “cool” à offrir. C’est en tout cas ce qu’on peut relever du film après visionnage, trente ans après. Il est désormais établi que la glorieuse décennie 80 n’était pas particulièrement reconnue pour son bon goût esthétique. Le film de Walter Hill hisse tout un pan des dérives visuelles de l’époque à une sorte de paroxysme, mais l’intelligence du réalisateur sera d’inscrire son film au sein d’une intrigue aux contours indéfinis (pas de lieu, pas de repère temporel) et surtout, d’adopter les codes de différents genres : la comédie musicale, le film d’action, le western et évidemment, quelques réminiscences des Guerriers de la nuit, du même Walter Hill, sorti en 1979. La volonté évidente du cinéaste était de proposer un pur produit d’entertainment dans le bon sens du terme, (le film est d’ailleurs produit par le pape de l’actionner de l’époque : Mister Joel Silver), de piocher de-ci, de-là, tous les ingrédients permettant d’accoucher d’une oeuvre furieusement cool !
Tom Cody is THE Man
Il en résulte un film très ancré dans sa décennie, visuellement parlant, ultra généreux et iconique à souhait, mais également avec sa bande-son elle aussi marquée années 80. Évidemment, le temps peut, du coup, faire des ravages sur ce genre d’oeuvres excessivement marquée par leur époque. C’est le principal reproche que l’on pourra faire à Streets of fire rétrospectivement parlant, même si son absence d’accroche temporelle brouille les cartes… On peut regretter également un rythme pas toujours au diapason, puisque le film souffre tout de même d’un gros creux en son milieu. Pour autant, et pour laisser de côté ce sentiment finalement extrêmement subjectif, le film ne manque pas non plus de piquant. Son casting est phénoménal. 1984, c’était l’époque bénie dans laquelle Michael Paré était le jeune comédien promis à une carrière stratosphérique. Bon, il n’en sera rien… Néanmoins, l’acteur de Philadelphia Experiment, sorti la même année, s’il n’a pas toujours fait les bons choix, trouve ici un rôle marquant et iconique. Un vieil imper, un fusil, une mèche récalcitrante dans les yeux et par dessus tout un sens de l’honneur tout droit sorti d’un bon western ou d’un film de samouraï. Le Tom Cody de Michael Paré est un héros baroudeur qui en impose, même si le comédien y démontre les limites de son jeu d’acteur… Face à lui, une Diane Lane extrêmement sexy en chanteuse kidnappée, ex du héros qui renversera tout sur son passage pour l’extraire des griffes d’un Willem Dafoe juvénile et satanique en diable. Quant à Rick Moranis (Chérie, j’ai rétréci les gosses), dans un contre-emploi savoureux, il apporte indéniablement la preuve d’avoir été un comédien sous-exploité.
Une fable Rock’n roll
Proche des thématiques développées dans Les Guerriers de la nuit, Streets of fire pourrait se voir comme une déclinaison légère et musicale de ce dernier, une fable rock’n roll comme le scande le slogan du film. A grand renfort de bikers, de riffs de guitares, de cadillacs, le film baigne dans une ambiance nocturne, arrosée de néons fluorescents. La direction artistique y est clairement orientée et travaillée, les mauvaises langues pourront lui reprocher une forme de mauvais goût…
S’il n’est pas complètement réussi, si sa pertinence a pris du plomb dans l’aile trente ans après, il est indéniable que la patine visuelle de Streets of fire le place parmi les curiosités filmiques les plus folles. C’est surtout une bouffée d’oxygène, une ode à la créativité dans le marasme actuel des productions hollywoodiennes…
STREETS OF FIRE de Walter Hill (USA – 1984)
Genre : Action, musical – Acteurs : Michael Paré, Diane Lane, Rick Moranis, Willem Dafoe… – Musique : Ry Cooder – Durée : 93 minutes – Distributeur : Wild Side
L’histoire : Une fable rock & roll. D’un autre temps, d’un autre monde… Un héros ténébreux, Une chanteuse star du rock, un chef de gang dégénéré… Au cœur d’une bataille épique pour l’honneur et la suprématie du quartier !
Le Blu-Ray de Wild side
Image
La première chose qui saute aux yeux à la vision du Blu-Ray de Wild Side, c’est le grain très présent. Il offre une rugosité à l’image pas désagréable, même s’il devient très prononcé sur certaines scènes moins lumineuses. Rien de grave néanmoins. Sans être d’une qualité exceptionnelle, l’image a de toute évidence fait l’objet d’un travail de restauration certain, permettant aux couleurs flashys de conserver tout leur impact, ainsi qu’aux différentes ambiances visuelles riches et colorées du chef opérateur Andrew Laszlo d’être restituées dans toute leur puissance évocatrice.
Son
Côté sonore, la piste anglaise en version DTS HD Master 5.1 explose tout sur son passage. Les scènes d’action y trouvent une dynamique exemplaire et une spatialisation appréciable. Mais ce sont les séquences de chant qui se taillent la part du lion en terme de rendu sonore, avec un rendu de concert stupéfiant. Seuls les dialogues ne sont pas réellement placés à la même enseigne, un peu faiblards par moment. La version française est correcte, mais beaucoup moins dynamique, 2.0 oblige…
Interactivité
Un seul module, mais quel module ! Un making-of qui associe images de tournages et interviews des différents protagonistes (Walter Hill, Michael Paré, Amy Madigan), que ce soit à l’époque de la sortie du film mais aussi plus récentes, ce qui confère à ce documentaire d’1h20 des allures de regard définitif sur le film. Inutile de dire qu’on y apprend une foule d’anecdotes, et que tous les intervenants s’y livrent à cœur ouvert. Un complément désormais quasi indissociable du film, qui permet de le revoir avec un œil différent. Indispensable.
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