[Critique] TOKYO TRIBE de Sono Sion

Tokyo Tribe

Tokyo TribeDans la catégorie des films classés “What’s the fuck ?”, Tokyo Tribe et son réalisateur Sono Sion se posent comme des représentants de premier plan. On savait que l’auteur de Suicide Club, Guilty of Romance et autre Love Exposure avait l’inspiration vagabonde et la caméra libre comme l’air. Mais était-on prêt à réceptionner un tel OVNI filmique ???
Tokyo Tribe est tout d’abord l’adaptation du manga éponyme (et plus exactement de son deuxième opus), mais également le 30e film de son réalisateur et surtout son premier d’une longue série de sept films tournés depuis 2014 (!)… Ce nouveau projet, le cinéaste japonais le conçoit comme une comédie musicale hip-hop de grande ampleur et ne se place aucune barrière, ni limite pour formaliser à l’écran cette vaste confrontation entre gangs rivaux dans un Tokyo postapocalyptique. Mais comme il n’est pas du genre à s’interdire quoi que ce soit, Sono Sion lâche les chevaux et livre l’un des films les plus agressifs, exubérants, et finalement libres vus depuis bien longtemps.
D’entrée de jeu, le cinéaste japonais en met plein la vue avec un très long plan-séquence virevoltant dans les rues de Tokyo, passant d’un personnage à l’autre au sein d’une séquence d’exposition virtuose. Déjà, toute la bande-son est saturée de hip-hop, tandis que les images ne lésinent pas sur les couleurs criardes, les décors fluorescents, les boobs asiatiques, les mémés qui mixent, les mecs à moitié à poil qui manient le flingue et le katana, les chefs de clans grimaçants, les filles faciles avec couettes, socquettes et jupettes, et toute l’imagerie du hip-hop telle qu’elle apparaît dans l’inconscient collectif. Le film n’a pas démarré depuis un quart d’heure, que déjà, on est sur les rotules… Or, il reste 1h40 à s’enquiller… Toute la question est la suivante : y parviendra-t-on ?

Diviser pour mieux régner

Avec Tokyo Tribe, Sono Sion livre un film de commande, qui éructe fort et fait gicler le sang en CGI. Un drôle de long-métrage qui semble vouloir défier les lois de la raison cinématographique et les codes de la critique. De toute évidence, Tokyo Tribe va diviser, tant ses composantes et les parti-pris assumés de Sion en font un objet de fascination immédiate ou de rejet total. Pourtant, niveau mise en scène, le réalisateur de Cold Fish fait dans le virtuose, tentant tous les mouvements possibles et imaginables, faisant se succéder des tableaux multicolores, violents et sexy assez incroyables. On ne pourra pas vraiment lui reprocher un manque de maîtrise de son OVNI cinématographique. Non, toute abracadabrante qu’elle puisse apparaître, cette guerre des gangs est conçue avec le bruit et la fureur souhaitée par son instigateur. Après, libre au spectateur de ne pas y adhérer. Question de sensibilité avant tout…
Et ce n’est pas au niveau de son scénario que Tokyo Tribe va rattraper et choper par le col le fan invétéré de Théo Angelopoulos, puisque l’intrigue est d’une minceur extrême et ne daigne avancer réellement qu’au bout d’une heure de métrage, alors que les différents gangs ne se décident vraiment à s’écharper. Il faudra donc être extrêmement patient et accepter d’ingérer une longue première partie un peu sibylline pour réellement voir le récit évoluer. De quoi décourager les spectateurs pas forcément préparés à assister à ce grand spectacle de chaos, cette expérience autre de fureur frénétique qui, de toute évidence, ne trouvera écho qu’auprès d’une frange réduite de cinéphiles…


TOKYO TRIBE
Sono Sion (Japon – 2014)

Note : 2Genre Comédie musicale, action – Interprétation Ryohei Suzuki, Yôsuke Kubozuka, Akihiro Kitamura… – Musique B.C.D.M.G. – Durée 116 minutes. Distribué par Wild Side.

L’histoire : Dans un Tokyo futuriste, une immense guerre des gangs fait rage et divise la ville en quatre clans qui veulent imposer leurs règles. À la tête de deux bandes, deux anciens amis rivalisent et les rancœurs et sentiments personnels viennent se mêler aux affrontements des hommes dans un chaos toujours grandissant.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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