[Critique] RESISTANCE de Sergei Mokritsky
Dans la ligne de mire
Resistance (titre français passe-partout du Bitva za Sevastopol original) est un blockbuster russe qui s’inscrit dans la plus grande tradition des films épiques patriotiques. Ne nous trompons pas sur la marchandise, la recette est déjà écrite : action + grand spectacle + patriotisme exacerbé + “d’après une histoire vraie” + une pincée de romantisme = une fresque de 2h saturée d’images de champs de bataille et de gros plans larmoyants. Resistance suit le récit de la plus importante offensive allemande sur le front russe en 1941. Le cinéaste Sergei Mokritsky nous conte la grande histoire par le biais de Lyudmila Pavlichenko, une tireuse d’élite hors pair qui va être le témoin d’une des plus grandes batailles de l’histoire russe. Personnage ayant véritablement existé, devenu un symbole dans son pays, Lyudmila Pavlichenko porte en germe tous les atours d’une figure tragique et constitue surtout un réceptacle idéal pour faire mijoter les ingrédients d’un blockbuster digne de ce nom. La jeune Yuliya Peresild est d’ailleurs souvent étonnante dans le costume de Pavlichenko. Tour à tour femme forte, soldat, occupée à comptabiliser le nombre de ses cibles abattues comme dans un jeu, mais également être fragile et dévasté par la mort de ses prétendants (au nombre de trois durant deux heures de film, joli score !), la comédienne russe reste la bonne surprise de ce Resistance.
Pour le reste, le film est une grosse machine destinée à en mettre plein la vue du spectateur en évitant de verser trop dans la subtilité. Force est de reconnaître que le réalisateur russe (qui a beaucoup travaillé pour la télévision) dispose d’un véritable savoir-faire pour emballer les scènes de combats sur le champ de bataille ou lors de ce spectaculaire assaut des bateaux russes par l’ennemi. A l’aide d’une photographie assez belle aux couleurs désaturées (merci le Soldat Ryan !), Sergei Mokritsky livre une copie formelle globalement de bonne tenue, avec une mise en scène soignée et des cadrages de toute évidence étudiés (à une balle traçante près, style Robin des bois, prince des voleurs du plus mauvais effet). Resistance offre du spectacle et du grandiose pour les mirettes, c’est une certitude.
Mother of Russians
Là où le bât blesse en revanche, c’est dans la construction scénaristique assez bordélique et ne mettant pas suffisamment en valeur les enjeux de l’histoire et les motivations des différents protagonistes. Prenant le parti-pris d’alterner en permanence deux époques distinctes, le film se perd rapidement dans ses allers et retours temporels, alors que certaines séquences sont censés répondre à d’autres. Problématique. Un constat d’autant plus insupportable et impardonnable qu’ils s’y sont tout de même mis à cinq pour rédiger le scénario !
Dès lors, la progression du film devient rapidement pénible, et on peut décrocher assez vite tant la manière dont l’histoire nous est contée n’éveille franchement pas l’enthousiasme général, quand bien même il s’agit d’un des épisodes les plus marquants de la seconde guerre mondiale côté russe. Dommage pour la jeune Yuliya Peresild, aux faux airs d’Emilia Clarke, qui parvient à émouvoir dans un rôle ambivalent pas facile. Elle porte Resistance sur ses frêles épaules, et c’est clairement pour elle que l’on peut éventuellement se laisser séduire par ce blockbuster russe patriotique qui est bien loin de tenir toutes ses promesses…
RESISTANCE
Sergei Mokritsky (Russie – 2014)
Genre Guerre – Interprétation Yuliya Peresild, Evgeniy Tsyganov, Joan Blackham, Anatoliy Kot, Oleg Vasilkov… – Musique Evgueni Galperine – Durée 118 minutes – Distribué par Seven Sept.
L’histoire : En 1941, Hitler décide de s’emparer du port stratégique de Sébastopol. L’aviation et l’artillerie allemandes vont pilonner sans relâche le dernier bastion de l’armée rouge. Sous ce déluge de feu, une jeune femme russe va se révéler être une tireuse d’élite hors pair et semer la panique dans le camp allemand. Les combats vont être meurtriers. Blessée par un éclat d’obus, elle va continuer à se battre sur le terrain diplomatique pour changer le cours de l’histoire.
la condescendance de cette critique est affligeante : pourquoi ne pas reconnaître qu’il s’agit là d’un grand film de guerre, épique, patriotique (mais pourquoi faire comme si c’était une tare ?) et parfaitement réalisé et interprété.
J’aimeJ’aime
Parce que, à mon sens, ce n’est pas le cas. C’est purement subjectif. Cependant, le film est brillant par bien des aspects : mise en scène, interprétation… Quant au côté patriotique, ça n’est pas gênant lorsque c’est une notion qui sert le scénario et qui est dosée avec subtilité. Ici ce n’est pas trop le cas. Mais au final, Résistance est plutôt un bon film. Malgré ses défauts 😉
J’aimeJ’aime
merci de cette mise au point, très courtoise. Le côté patriotique russe est bien différent de ce que les Français peuvent imaginer, et c’est bien qui cela nous différencie jusqu’à l’incompréhension, et qu’on l’accepte ou non, c’est en effet très subjectif !
J’aimeJ’aime
merci d’avoir rectifié : c’est bien cela qui nous différencie
J’aimeJ’aime
Je suis ravi que le film vous ai plu en tout cas. Car s’il n’est pas parfait, il a suffisamment de qualités pour être vu. Largement 😉
J’aimeJ’aime
on est finalement bien d’accord ! cordialement. TS
J’aimeJ’aime