[Critique] INTRUDERS d’Adam Schindler
Prisoners
Intruders. Le titre français du film d’Adam Schindler (Shut In en VO) n’est pas ce qu’on pourrait appeler un modèle de clarté. Attention donc à bien identifier l’oeuvre dont il est question ici, car ils sont quelques uns ces dernières années à arborer ce mystérieux titre. Il ne s’agit pas d’Intruders réalisé par Juan Carlos Fresnadillo avec Clive Owen (2012), ni The Intruders, direct-to-video d’Adam Massey (2015) et encore moins de la série télévisée de 2014 créée par Glen Morgan. Réalisé par le novice Adam Schindler (assistant de Tarantino sur Kill Bill 2), Intruders prend au pied de la lettre son titre passe-partout. Après une introduction plutôt orientée comédie dramatique (Anna vient de perdre son frère décédé d’une longue maladie), le scénario jette trois cambrioleurs dans les pattes de la jeune femme, qui vit recluse dans sa vaste maison. Ces intrus ont une idée en tête : dérober l’argent dissimulé quelque part dans la bâtisse. Problème : ils pensent qu’Anna est à l’enterrement de son frère. Ce qui n’est pas le cas…
Le film débute donc par un postulat de thriller en mode “Home Invasion”. La jeune femme, qui tente dans un premier temps de se cacher, est à la merci des criminels. Pourtant, rapidement, le film va à nouveau changer d’orientation et de manière assez habile, inverser les rôles. Car on s’en rend compte rapidement : Intruders est un film de petit malin. Roublard même. Adam Schindler mène sa barque pour surprendre le spectateur. Sans être révolutionnaire ni d’une originalité folle, le scénario ménage quelques effets plutôt convaincants et n’hésite pas à braquer à 90° pour changer l’orientation et la perception de son récit. Difficile dès lors de ne pas trop en dévoiler sur l’intrigue… Une chose est certaine : la frêle Anna qui souffre d’agoraphobie et se montre incapable de sortir de chez elle (le comble pour un home invasion !), est bien plus complexe que prévu. Les intrus vont l’apprendre à leurs dépends.
La veuve noire
Le jeune réalisateur américain conduit relativement bien son intrigue en huis clos, faisant monter crescendo le suspense, usant des décors labyrinthiques de la vaste maison pour perdre ses personnages, une démarche qui peut rappeler, toutes proportions gardées, la gestion de l’espace assez formidable dans l’excellent Sous-Sol de la peur de Wes Craven. Schindler s’appuie par ailleurs sur le jeu très convaincant de Beth Riesgraf, habituée aux séries télévisées (Mentalist, Esprits criminels) qui porte le film sur ses épaules et parvient à traduire toute la complexité de son personnage, passant tour à tour d’une fragile victime à une véritable veuve noire. Même si l’intrigue patine quelque peu sur la fin, que l’ensemble repose sur un traumatisme un peu trop évident, Intruders ménage quelques moments assez savoureux, et même quelques débordements gores assez inattendus et percutants.
Inattendu comme ce petit film de genre, assez modeste dans son discours mais plutôt efficace dans sa conception, qui en font une surprise relativement agréable.
INTRUDERS
Adam Schindler (USA – 2014)
Genre Thriller – Interprétation Beth Riesgraf, Martin Starr, Jack Kesy, Rory Culkin, Leticia Jimenez… – Musique Frederik Wiedmann – Durée 90 minutes – Distribué par Metropolitan Filmexport.
L’histoire : Atteinte d’agoraphobie sévère, Anna vit depuis 10 ans recluse dans une ancienne maison victorienne à la périphérie d’une ville de Louisiane. Lorsque des criminelles s’introduisent chez elle par effraction, elle est terrifiée mais incapable de s’enfuir et de leur échapper. Ce que les cambrioleurs ne savent pas encore est que l’agoraphobie n’est pas la seule psychose dont souffre la jeune femme…
Votre commentaire