[Critique] THE TROLL HUNTER d’André Øvredall

Who you gonna call ? ... Troll Hunter !

Le cinéaste norvégien André Øvredall s’est fait un nom ces dernières années en signant des films globalement imparfaits mais tous gorgés d’un savoir-faire indéniable (The Jane Doe Identity, Scary Stories ou encore Mortal). Une aisance dans le genre qui remonte à 2010 et au premier long-métrage du réalisateur, The Troll Hunter, devenu un petit classique du sous-genre du found-footage au fil des années. A l’époque de sa sortie, le “documenteur” était alors un sous-genre très rentable du cinéma américain, Le Projet Blair Witch et autres Dernier exorcisme ayant sensiblement marqué la rétine des spectateurs et abondamment nourri le compte en banque des producteurs. Face à ce juteux concept, il était tentant de faire du “bigger” and “faster”, ce qui, au vu des coûts généralement très faibles de ces productions, laissait une marge de risque très faible et pouvait rapporter encore plus gros (cf. Cloverfield). Mais Hollywood n’a pas le monopole du concept vendeur, et ce Troll Hunter réalisé en territoire norvégien par son auteur est venu le prouver. Les ingrédients de base restent les mêmes : une bande d’étudiants se mettent en tête d’aller effectuer un reportage sur un supposé chasseur de Trolls, lui collant aux basques afin de découvrir si c’est bien du lard… ou du troll. L’intrigue du long-métrage d’André Øvredall est pour le moins balisée. Même si la fascination et la curiosité du reportage filmé caméra à l’épaule fonctionne toujours, aux côtés de jeunes protagonistes évoluant dans la frontière ténue séparant fiction et réalité, il devient malgré tout difficile de proposer du neuf sur ce canevas fortement éprouvé. Pourtant, le cinéaste norvégien parvient à démarquer son film de ce qui a déjà été réalisé dans le domaine en proposant quelques petites touches qui lui sont propres.

Ki cé ka Trollé ???

Partant d’un postulat au demeurant assez improbable, ce qui frappe tout d’abord à la vision de ce Troll Hunter, c’est la volonté de décrire une véritable mythologie autour de ces étranges créatures qui ne nous parlent pas trop, nous Européens centraux. Par d’innombrables petits détails, André Øvredall tisse son histoire et réussit le plus difficile dans ce genre de projets : rendre l’ensemble crédible aux yeux des spectateurs. Pari largement réussi qui participe au succès du film. Autre choix payant, la place importante accordée à l’humour, au détachement, souvent peu fréquent dans ce genre d’œuvre jouant justement sur la sécheresse des émotions, et qui ne permet pas une distanciation liée à la comédie, qui entraînerait un décrochage de l’attention du spectateur. André Øvredall, lui, fait la pari de ce décalage entre scènes de suspense, voire de frissons, et moments plus détendus où l’on peut esquisser quelques sourires. Il pousse même le bouchon plus loin en associant les deux au sein d’une même séquence (l’attaque du pont). Dans cet élan rigolard, le cinéaste se permet de porter une gentille pique envers le gouvernement et les autorités de son pays. Ces derniers sont présentés comme tirant les ficelles d’un vaste plan visant à cacher l’existence des trolls au grand public, et en prennent sacrément pour leur grade au travers de séquences amusantes remettant en cause leurs compétences (la scène des faux pas de trolls est impayable). Force est de constater que le résultat fonctionne plutôt bien, l’attachement aux personnages est réel. Une gageure renforcée par l’implication des comédiens, tous excellents, et qui participent à l’adhésion du spectateur au concept.

Des SFX à la hauteur

Mais là où le film était attendu au tournant et où il impose un savoir-faire là aussi assez bluffant, c’est dans la représentation des Trolls. Dans le choix initial de les suggérer avant de les montrer généreusement. Ces scènes sont servis par d’excellents effets spéciaux. Bien que la progression de l’intrigue repousse assez loin la découverte des créatures, chacune de leur apparition fait ensuite son petit effet, tant la mise en scène d’Øvredall et surtout le superbe travail des équipes de SFX rendent justice aux créatures, les situant elles aussi au croisement de l’abominable et du risible (dans le bon sens du terme). Si l’on devait relever un point négatif, ce serait dans la durée du film, un peu excessive pour ce genre de projet. Mais le final, particulièrement impressionnant, achève d’apporter un capital sympathie indéniable à cette œuvre norvégienne qui passe les années sans encombre et, plus de dix ans après sa sortie, s’impose sans problème comme un jalon important du found-footage.

Note : 4 sur 5.

THE TROLL HUNTER
André Øvredall (Norvège – 2010)

Genre Found footage/Fantastique – SCENARIO André Øvredal – Avec Otto Jespersen, Glenn Erland Tosterud, Johanna Morck… – Durée 103 minutes. Distribué par ESC Distribution (26 mai 2021).

Synopsis : Armés d’une caméra vidéo, un groupe d’étudiants norvégiens se lance à la recherche de mystérieuses créatures qui sèment la pagaille dans la région. Durant leur traque, ils vont découvrir un mystérieux braconnier surnommé le « chasseur de Trolls ».


L’édition Blu-ray d’ESC DISTRIBUTION

TECHNIQUE. Le film était déjà sorti en 2011 chez Universal. La version proposée aujourd’hui par ESC Distribution ne varie pas de manière drastique en termes de qualité technique. L’image reste assez belle, bien définie et dotée de contrastes bien équilibrés, notamment dans les scènes nocturnes.
Un très bon rendu sonore, les deux pistes en DTS HD Master audio 5.1 permettent une belle immersion, dans un film censé, rappelons le, être constitué à partir des rushs d’un tournage d’étudiants. Pas grave, la dynamique sonore est bien présente, avec des dialogues clairs et des basses plutôt poussées lors des apparitions des trolls qui font indéniablement leur effet.

Note : 4 sur 5.

INTERACTIVITE. La section des bonus est relativement fournie, mais l’ensemble des modules proposés ne soulèvent pas pour autant un enthousiasme démesuré. Un court making-of révèle une ambiance assez détendue sur le plateau, mais surtout brille par l’absence totale du réalisateur qui n’apparaît jamais à l’écran. Étrange et frustrant. Le court segment sur les effets spéciaux est quant à lui purement visuel. Une succession de plans truqués, mis en perspective avec les originaux, c’est bien, mais c’est envoyé trop rapidement, survolé, sans le moindre commentaire qui plus est. Plus austère, on ne fait pas… Enfin, les scènes coupées, bêtisiers et consorts ne présentent pas grand intérêt.

Note : 2.5 sur 5.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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