[Critique] CRISIS de Nicholas Jarecki

Love & other drugs

Déjà auteur en 2012 du film Arbitrage qui mettait en scène Richard Gere au cœur d’une vaste opération de fraude financière, le réalisateur Nicholas Jarecki remet le couvert une décennie plus tard avec Crisis, un thriller mâtiné de drame décrivant un nouveau scandale, sanitaire cette fois, lié à la crise des opioïdes, un fait de société brûlant et inspiré d’une véritable affaire ayant défrayé la chronique. Crisis suit trois personnages évoluant dans des univers très différents, ils ne se connaissent pas, mais sont tous liés à un degré ou un autre à la crise des opioïdes. L’un d’eux, le Dr Tyrone Brower (Gary Oldman), chercheur pour le compte d’une importante entreprise pharmaceutique, découvre qu’un nouveau médicament sur le point d’être mis sur le marché présente de sérieux dangers pour la santé. Désirant alerter le plus grand nombre, il se retrouve plongé dans une affaire de chantage grandeur nature pour ne pas que ses résultats ne soient dévoilés. Lanceur d’alerte ou non, il est confronté à une question morale difficile à assumer. De son côté, Claire Reimann (Evangeline Lilly) ex-toxico, se démène afin de faire la lumière sur le décès de son jeune fils, mort d’une overdose de médicaments. Enfin, Jake Kahane (Armie Hammer) est un agent du FBI infiltré qui tente de faire tomber un groupe de narcotrafiquants. Avec ces trois arcs parallèles, Nicholas Jarecki choisit d’aborder son sujet sur un modèle proche de Traffic de Steven Soderbergh, toutes proportions gardées. Plusieurs entrées, différentes approches et autant d’angles d’attaque pour aborder une problématique qui se voudrait globale sur le sujet : de la création à la consommation en passant par la commercialisation et le trafic illicite d’opioïdes, le scénariste et réalisateur choisit la multiplicité des points de vue… avec le risque de s’éparpiller. 

Peut mieux faire…

Crisis est un film efficace, un thriller au rythme assez soutenu malgré ses trois intrigues menées de front. C’est également un film réalisé sans emphase mais de manière très carrée, le réalisateur profite du cadre canadien pour apporter une ambiance froide et presque clinique à ses images. Pourtant, Crisis ne convainc pas vraiment. Ambitieux dans son propos, le film de Nicholas Jarecki a semble-t-il les yeux plus gros que le ventre. Et le réalisateur/scénariste n’a quant à lui pas les épaules suffisamment larges pour porter un tel projet, bien que ses intentions louables ne font aucun doute. Mais à vouloir brasser de multiples thèmes renvoyant à autant de situations et de personnages différents, le film finit par ne rien creuser réellement, et chaque segment lié à l’un des trois protagonistes manque singulièrement de profondeur et de développement. Si la partie portée par Gary Oldman apparaît comme la plus satisfaisante, les deux autres manquent cruellement de substance et d’intérêt, autre que de représenter de manière assez convenue les facettes policière et dramatique d’un film à trois têtes. Le traitement reste au final assez creux et vain, et les sujets du film sont plus survolés que réellement développés. L’ensemble laisse un goût de déjà-vu, sans que Crisis n’apporte concrètement quoi que ce soit de nouveau, tant sur le front du trafic de drogue ou dans la représentation de l’influence tentaculaire de l’industrie pharmaceutique. Tout cela est par ailleurs bien caricatural et manichéen, là où on attend un peu plus de nuances et de complexités dans les personnages et leurs rapports entre eux. C’est dommage, car les comédiens sont plutôt bons, Evangeline Lilly et Gary Oldman en tête, ce-dernier ayant ces dernières années la mauvaise habitude de cachetonner sans trop de discernement dans des productions indignes de son talent (l’abominable The Courier). Crisis n’est, heureusement, pas de cette trempe, et reste un petit film plutôt bien shooté et pas désagréable à suivre, mais trop sage et trop peu surprenant pour réellement passionner.

Note : 2 sur 5.

CRISIS. De Nicholas Jarecki (Canada/Belgique – 2021).
Genre : Thriller. Scénario : Nicholas Jarecki. Interprétation : Gary Oldman, Armie Hammer, Evangeline Lilly, Greg Kinnear, Michelle Rodriguez, Luke Evans, Lily-Rose Depp… Musique : Raphael Reed. Durée : 118 minutes. Disponible chez Metropolitan Filmexport (19 août 2021).

L’édition Blu-ray de METROPOLITAN FILMEXPORT

TECHNIQUE. Les disques Metropolitan se succèdent et déçoivent très rarement. Ici encore, on a droit à une édition techniquement irréprochable. Très belle définition avec un piqué précis et de très beaux contrastes au niveau de l’image. L’ambiance urbaine du film trouve ici un écrin parfait pour sa restitution. C’est impeccable.
L’excellente facture technique vaut également pour la partie sonore qui bénéficie de deux pistes anglaise et française en DTS HD Master Audio 5.1 très convaincantes. Les deux versions se révèlent dynamiques et percutantes, que ce soit dans les quelques scènes d’action, les rendus d’ambiance ou même les dialogues, bien mis en avant.

Note : 4.5 sur 5.

INTERACTIVITE. Pas de contenu foisonnant du côté des suppléments sur cette édition. Un commentaire audio du réalisateur Nicholas Jarecki, mais réservé aux anglophiles car dépourvu de sous-titres français. C’est dommage… On trouvera également un making-of d’une dizaine de minutes qui réunit le réalisateur et les comédiens et une série de bandes annonces de l’éditeur.

Note : 2 sur 5.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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