[Be Kind Rewind] LADY FRANKENSTEIN de Mel Welles et Aureliano Luppi (1971)

Une créature de rêve

Dans la famille Frankenstein, je demande la mère, alias Lady Frankenstein. Cette adaptation du célèbre roman de Mary Shelley, pensé et conçu en coproduction anglo/italienne et sorti en 1971, ferait figure en quelque sorte de rejeton sexuellement déviant du mythe, comme en atteste le fripon et déconnant titre français de l’époque : Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle. De fait cette nouvelle variation délaisse quelque peu le baron et sa créature pour s’attarder sur la fille du scientifique. Le premier acte s’avère plutôt fidèle au matériau d’origine (ou en tout cas à l’idée que l’on s’en fait) avec ses récupérateurs de cadavres, les préparatifs et le passage à l’acte donnant lieu à la « naissance » de la créature. Cette dernier réagit plutôt mal en liquidant son créateur, avant de prendre la poudre d’escampette pour aller trucider du villageois. Tania Frankenstein, fille de…, a désormais toute latitude à prolonger les travaux de son père, car ça tombe bien, elle suit des études dans la mouvance de papa. Mais le piquant de cette énième transposition de Frankenstein vient du caractère quelque peu libidineux de la demoiselle, qui, loin de la vierge effarouchée, voit là l’occasion de créer son amant idéal en transposant le cerveau bien rempli de l’acolyte du paternel, le Dr Charles Marshal, dans le crane d’u’un garçon d’écurie au corps d’athlète, mais un peu benêt sur les bords. La jeune femme, subtilement interprétée par la vénéneuse Rosalba Neri (Angélique, Marquis des Anges, A la Recherche du plaisir), agit très clairement dans un but purement égoïste, à la recherche d’un outil de jouissance qu’elle façonnerait de ses propres mains. C’est dans ces aspects gentiment érotiques et déviants, que le film se démarque résolument et trouve sa propre identité, proposant, de fait, quelques scènes de nudité fugace, appuyant le caractère sexuellement actif de l’héroïne.

Sexe et mort

Réalisé dans de très beaux décors qui évoquent immanquablement les productions gothiques de la Hammer (la société britannique entamait alors sa dégringolade artistique), Lady Frankenstein s’avère une honnête adaptation du mythe, réalisée officiellement à quatre mains par Mel Welles (comédien vu notamment dans La Petite Boutique des Horreurs de Roger Corman,1960) et Aureliano Luppi, même si dans les faits, ce dernier serait juste un prête nom pour rattacher un peu plus le film à l’Italie, quand bien même une grande partie de l’équipe technique est ritale. Rien d’extravagant en termes de mise en scène, un côté statique sans grand panache, à l’image d’une interprétation globalement très timide, malgré un casting international de haute volée dominé par la star hollywoodienne alors en fin de carrière Joseph Cotten (Baron vampire) ou encore Paul Müller (Les Nuits de Dracula). La créature s’avère d’une laideur assez repoussante, en grande partie par des effets visuels au rendu un peu problématiques aujourd’hui. Malgré ses bonnes intentions, ce Lady Frankenstein reste au final assez anecdotique et ne vaut essentiellement que pour ses décors qui renvoient aux belles heures de l’horreur gothique et au jeu vénéneux de Rosalba Neri. Cette version intégrale proposée pour la première fois en haute définition en France est une curiosité qui ne réveillera pourtant pas un cadavre… Même si le film s’achève par un coït mêlant sexe et mort..

Note : 2.5 sur 5.

LADY FRANKENSTEIN (La figlia di Frankenstein). De Mel Welles et Aureliano Luppi (Italie – 1971).
Genre : Horreur gothique. Scénario : Edward Di Lorenzo, Dick Randall et Mel Welles, d’après le roman de Mary Shelley. Interprétation : Joseph Cotten, Rosalba Neri, Paul Müller, Peter Whiteman, Herbert Fux, Mickey Hargitay… Musique : Alessandro Alessandroni. Durée : 99 minutes. Disponible en Blu-Ray chez Le Chat qui Fume (1er août 2022).


L’édition Blu-ray du Chat qui Fume

TECHNIQUE. Rendu remarquable pour cette édition tiré d’un master restauré livrant à nos mirettes admiratives une image de très belle tenue, avec de chouettes couleurs, des contrastes fort bien gérés et une belle définition. Côté son, cette édition est agrémentée de trois pistes : française, anglaise et italienne, en DTS-HD MA 2.0 mono, qui s’en sortent toutes fort bien au final, même si notre préférence ira vers la version anglaise.

Note : 4 sur 5.

INTERACTIVITE. Première belle surprise, cette édition ajoute un CD avec la très chouette musique du film signée Alessandro Alessandroni. Déjà un bel atout. Mais ce n’est pas tout, l’éditeur propose un long module de presque 1h15, « La vérité sur Lady Frankenstein » revenant rétrospectivement sur le film, en faisant intervenir ses forces vives : le réalisateur Mel Welles et les comédiens Herbert Fux, Rosalba Neri ou encore Paul Müller. Bourré d’anecdotes, souvent touchant dans les interventions du metteur en scène (aujourd’hui décédé) qui se livre avec beaucoup de générosité sur un projet qui a énormément compté pour lui. On note également la bonne humeur d’Herbert Fux, qui semble découvrir le film pour la première fois et s’émerveille naïvement face aux scènes de sexe. Rafraichissant. Egalement au programme, « Chez la baronne » est un double entretien avec Rosalba Neri et Fabio Melelli, critique et historien du cinéma, qui n’est pas sans jouer de la redite avec le segment précédent (22′). Enfin, outre la bande-annonce, on retrouve quelques scènes du film tournées « habillées » afin de contenter les desideratas des diffuseurs un peu trop pudiques (3′).

Note : 4 sur 5.

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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