[Critique] PIFFF 2022 : THE PRICE WE PAY de Ryûhei Kitamura

Passion Boucherie

Dans le cinéma de Ryûhei Kitamura, la poésie n’occupe pas une place prépondérante. De ses débuts avec le foutraque mais jouissif Versus, l’ultime guerrier (2000), à ses embardées américaines plutôt très stimulantes The Midnight Meat Train (2008) et Downrange (2017), en passant par Aragami (2003), le réalisateur japonais fait de ses films des symphonies aussi gores et cracra que virtuoses dans le découpage de l’action. Une filmographie qui ne cesse cependant de perdre le fil de la cohérence alors qu’elle dévale quatre à quatre les marches du cinéma américain, pour se retrouver jusque dans les tréfonds des productions destinées à la vidéo. The Price we Pay est son dernier rejeton en date. Un film qui a fait la tournée des festivals avant d’être présenté en séance interdite au PIFFF en décembre 2022, et qui va alimenter le rayon direct-to-video et les plateformes de streaming par chez nous. Mais mérite-t-il mieux ? Evidemment que non… Après le vol d’un prêteur sur gages qui tourne mal, deux criminels se réfugient avec une otage dans une ferme isolée. Un lieu plutôt glauque et globalement assez mal fréquenté, si ce n’est par des occupants un peu trop passionnés par l’équarrissage. Sorte de greffe entre le film de casse et le survival low cost, The Price we Pay est un énième film d’horreur mettant aux prises une poignée de protagonistes à une famille de dégénérés du fin fond des États-Unis. On y trouve un immense dadais complètement teubé, lointain cousin de Leatherface, dont la principale occupation est de démembrer toutes les bonnes âmes qui passent à sa portée. Il faut franchement toute l’énergie de Ryûhei Kitamura pour donner un tant soit peu d’intérêt à cette série B sans grande originalité. Le film se vautre d’ailleurs dans des scènes de torture assez gratuites et gratinées, preuve qu’on est plus proche de la facilité que dans l’audace et l’ambition. A noter quand même la présence de Stephen Dorff et Emile Hirsch en têtes d’affiche, dans la peau du duo de frangins braqueurs pieds nickelés, et auteurs de prestations en roue libre. Ce n’est franchement pas très bon, sans grand intérêt, mais suffisamment énervé, gore et crado, voire sadique par moments, pour stimuler l’amateur. Reste que ce nouvel opus de Ryûhei Kitamura ne viendra pas relever le niveau d’une carrière que l’on voit dévisser film après film.

Note : 2 sur 5.

THE PRICE WE PAY. De Ryûhei Kitamura (USA – 2022).
Genre : Horreur. Scénario : Christopher Jolley et Ryûhei Kitamura. Interprétation : Émile Hirsch, Stephen Dorff, Gigi Zumbado, Vernon Wells, Tyler Sanders, Tanner Zagarino, Amazon Eve… Musique : Aldo Shllaku. Durée : 85 minutes. Distribué en vidéo par Program Store (10 janvier 2023 aux USA).

Par Nicolas Mouchel

Créateur d'Obsession B. Journaliste en presse écrite et passionné de cinéma de genre, particulièrement friand des œuvres de Brian De Palma, Roman Polanski, John Carpenter, David Cronenberg et consorts… Pas insensible à la folie et l’inventivité des cinéastes asiatiques, Tsui Hark en tête de liste… Que du classique en résumé. Les bases. Normal.
Contact : niko.mouchel@gmail.com

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