

Quentin Dupieux est connu pour être musicien (Mr Oizo), mais surtout, dans le cas qui nous intéresse, pour être un scénariste-réalisateur prolifique. Il a commencé en 2001 avec son premier long-métrage Nonfilm (avec deux versions : 75 et 44 minutes), film à priori nonsensique. Dupieux réalisera en tout dans sa carrière, à date de 2023, treize long-métrages dont notamment les très bons Rubber, Réalité ou encore Le Daim. Tout au long de ces treize films, Dupieux explore une voie toujours plus ou moins absurde et nonsensique, devenant sa marque de fabrique. Son dernier film, Yannick, malgré une approche qui semble plus « réaliste », reste foncièrement dans le style de Quentin Dupieux. Le film se déroule au sein d’un théâtre en pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard. Un spectateur, Yannick, se lève alors et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main…

Hilarant, profond et jamais long
Pour commencer, je dirai que le film est drôle voir, disons le, totalement hilarant. Dupieux arrive à nous faire rire du ridicule, des scènes un brin invraisemblables ou tout simplement hors du commun. L’humour n’est pas forcément le plus fin mais dégage une absurdité comique réussie qui sera, de son ouverture à sa conclusion, une franche rigolade amusante et courte. Car, même si le film en fait ses caisses, il ne dure qu’1h07, durée qui convient parfaitement (et presque habituelle chez Dupieux) pour ne pas devenir lourd. Cette drôlerie est forgée notamment par un casting souvent délibérément ridicule, ce qui ne le rend que meilleur : d’un Pio Marmaï surprenant à une Blanche Gardin à fond dans son personnage en passant par un Sébastien Chassagne en second rôle plus que concluant. Mais c’est Raphaël Quenard qui, presque littéralement metteur en scène, dévoile un talent de comique grandiose. Son personnage se révèle très intéressant, dans le sens où quiconque peut comprendre son point de vue, pour l’avoir ressenti ne serait-ce qu’une fois en tant que spectateur, mais souvent sans réagir comme il peut le faire. Mes arguments, depuis le début de cette critique, sont concentrés sur le côté « divertissement » du récit, ce que critique justement Dupieux dans son film. Car, plus qu’une comédie réjouissante, Yannick est également et surtout une critique du divertissement actuel. Car oui, aujourd’hui, le divertissement nous prend trop souvent pour des écervelés qui ne mangeons que du blockbuster sans âme et autres films grand public produits pour des raisons uniquement financières. Quentin Dupieux nous offre là un vrai divertissement profond et jamais vide ou méprisant envers son spectateur. Cette thématique est assez commune chez le réalisateur, Yannick revisitant tout simplement Rubber, mais sous une autre forme. Pour conclure, je dirai que Yannick est une franche réussite à mi-chemin entre le divertissement absurde et la comédie perspicace ; un tour de force made in France réalisé par une Dupieux toujours aussi fort. Dupieux est réalisateur d’un second film cette année, Daaaaaali ! sur une journaliste qui va rencontrer Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire. La date de sortie du film en France est pour le moment assez incertaine, mais il sera montré lors de la Mostra de Venise.
YANNICK. De Quentin Dupieux (France – 2023).
Genre : Comédie absurde/Drame. Scénario : Quentin Dupieux. Interprétation : Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï, Sébastien Chassagne… Durée : 67 minutes. Distribué par Diaphana (2 août 2023).

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