Quentin Dupieux est un cinéaste français que l’on ne présente plus, auteur notamment de Rubber, Réalité, Le Daim ou encore Yannick. Particulièrement connu pour ses films dépassant rarement 85 minutes (son film le plus long, Wrong, fait 1h34) et son style absurde de bout en bout, il est aussi très prolifique – pour ne pas dire stakhanoviste – pouvant sortir deux films par an. Son nouveau long-métrage, Daaaaaali !, alors que ses deux prochains sont déjà en préparation, a été présenté à la Mostra de Venise l’an passé et fût plutôt apprécié. Avant de livrer notre humble avis, voici un petit synopsis : une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire, mais tout semble être contre elle…

Dès son premier plan sur un piano (inspiré d’une réelle peinture de Dali), Daaaaaali ! nous embarque dans son monde d’une absurdité assez conséquente et qui prête à l’étonnement et au rire, tout en prouvant en cet unique plan que les univers de Dupieux et Dali étaient fait pour se rencontrer, le premier arrivant à faire quelque chose de comique et référencé avec tout ce qu’apporte le second à l’essence même du film. Daaaaaali ! arrive aussi à parler parfaitement du cinéma, comme à son habitude, mais plus que de coutume, un peu comme dans Réalité mais d’une façon bien entendu différente. Il parle de la production cinématographique, du monde des stars, assez cruel par instant notamment lors des scènes avec Romain Duris ou dans une scène avec une maquilleuse, aussi caricaturale qu’exacte. Comme dit précédemment, Dupieux est un habitué des films assez courts, et c’est peut-être la première fois que cela cause un problème car Daaaaaali !, du haut de ses 1h17, manque d’une bonne demi-heure voire plus, étant tellement vaste narrativement, thématiquement et visuellement que l’on est noyé dans un trop-plein d’idées fourmillantes qui peut finir par dégoûter par leur abondance… Le casting s’en sort aussi haut la main car, si l’on oublie un Gilles Lellouche qui fait pâle figure face aux autres acteurs et actrices du film, tout est très juste avec notamment Anaïs Demoustier et Romain Duris. Mais deux comédiens volent au-dessus des autres : Édouard Baer qui s’avère le plus habile dans le rôle et Jonathan Cohen, remarquable, le comédien se laissant porter dans l’univers de Dupieux sans vouloir lui voler la vedette comme il le fait trop souvent. Au-delà de ça, reste la musique de Thomas Bangalter, tout bonnement magistrale et aux sonorités particulièrement étranges et répétitives mais jamais lassantes car toujours fascinantes. En conclusion, Daaaaaali ! est une œuvre intéressante, si ce n’est passionnante, mais trop peu profonde pour être dans le haut du panier de la production pléthorique du cinéaste. Malgré ce goût d’inachevé, c’est un divertissement hors pair et toute l’imagination dont faire preuve Dupieux ne peut que marquer et être félicitée.

Note : 3.5 sur 5.

DAAAAAALI!. De Quentin Dupieux (France – 2023).
Genre : Comédie absurde. Scénario : Quentin Dupieux. Photographie : Quentin Dupieux. Interprétation : Anaïs Demoustier, Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Romain Duris… Musique : Thomas Bangalter. Durée : 77 minutes. Distribué par Diaphana (7 février 2024).

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